L’Organisation internationale de la Francophonie (« OIF ») aura rarement été aussi décriée qu’à l’aube du dix-huitième « Sommet de la Francophonie », à Djerba en Tunisie, les 19 et 20 novembre 2022.
Avec, en musique de fond, une question lancinante : la vénérable institution, enfant chéri de Léopold Sédar Senghor, ne serait-elle plus qu’une onéreuse coquille vide ?
Il faut dire qu’une lecture cursive de l’inventaire à la Prévert de ses sujets de préoccupation laisse songeur.
Démocratie, égalité des genres, action climatique... Autant de domaines d’intervention louables, mais qui semblent ravaler l’OIF au rang d’ONU du pauvre.
En somme, l’un de ces « forums utiles » selon le mot fameux du général de Gaulle, où des pays tels que la Bulgarie ou l’Égypte disposent de leurs ronds de serviette, en dépit de pourcentages de locuteurs francophones frôlant le zéro pointé.
Pendant ce temps, les chantiers pressants de la promotion de la langue française et de l’éducation (missions principales de l’OIF, pourrait-on croire, au regard du nom même de cette institution) sont laissés en jachère.
Et la secrétaire générale, Louise Mushikiwabo, dont la ferveur en la matière était déjà sujette à caution eu égard à sa proximité avec le Président rwandais Paul Kagame, grand contempteur de la France, n’aurait d’ailleurs guère arrangé les choses.
Cité dans un article véhément, un enseignant gabonais éreintait d’ailleurs l’indolence de l’intéressée, seule candidate à sa propre succession à Djerba, dans le domaine éducatif, à l’heure où l’Afrique subsaharienne fait face à une pénurie criante de professeurs.
Et de s’étrangler : « à quoi sert-il de défendre la langue française si dans les organismes internationaux les Français s’expriment en anglais ? Si les Français ne veulent plus du français, qu’ils nous le disent ! »
Député européen dans une enceinte où l’usage de notre langue se réduit comme peau de chagrin en dépit du Brexit, j’aurais du mal à dire le contraire.
Il faut dire qu’à l’heure où le français, favorisé par une insolente démographie africaine, se trouve à la croisée des chemins, il mériterait de meilleurs défenseurs qu’une baudruche bureaucratique et un Président français porté sur les anglicismes.
Pour tout dire, la langue française risque de s’épanouir sans le pays qui la vit naître. Et ce sera, pour nous, une nouvelle occasion manquée.