Tribune de Jean-Paul Garraud, Député français au Parlement européen, Président de l'Association professionnelle des magistrats
Depuis des semaines, on l’annonçait : ça allait être un moment fort du quinquennat, ce séminaire gouvernemental sur la sécurité où M. Macron allait, enfin, s’exprimer sur le sujet et investir le terrain du « régalien », que même ses plus chauds partisans, qui redoutent sa « jospinisation », reconnaissent être son grand point faible…
Et on a vu…
Un Président plus méprisant que jamais (celui-là même qui, quelques jours plus tôt, avait ironisé sur « le Kâma-Sûtra de l’ensauvagement », ce qui ne voulait à peu près rien dire, mais témoignait du peu de cas qu’il faisait des préoccupations des Français quant à leur sécurité…), qui intime à ses ministres de s’occuper désormais d’autre chose et de ne pas se laisser « enfermer dans des corners éculés », bons pour ces affreux « populistes »...
En clair, M. Macron se défile et refuse le débat : totalement indifférent à cette question majeure de société qu’est l’insécurité, inconscient dans les ors de son Palais, de ce que vivent nos compatriotes, il avoue qu’il est incapable d’une réponse forte devant la faillite de l’État et de sa Justice.
Dans son autisme intellectuel et moral, il fait le choix d’ignorer les réalités et de mettre le sujet sous le boisseau…
Il est vrai qu’au mépris de toute cohérence, il a, en la matière, confié les rênes gouvernementales à un attelage contre nature, qui prouve, jusqu’à l’absurde, les limites du « en même temps » ; avec, d’un côté, un ministre de l’Intérieur qui vibrionne et cherche à faire croire, avec un discours qui se veut « sécuritaire », que l’agitation peut tenir lieu de politique, et, de l’autre côté, un ministre de la Justice enfermé dans le « corner » le plus « éculé » qui soit, celui d’une idéologie anti-pénale d’un autre âge qui ne voit dans tout cela que « fantasme » populacier (ce n’est pas pour rien qu’il vient, d’ailleurs, de peupler les directions de son ministère de revenants des équipes Taubira et Belloubet…).
On peut donc attendre sans grande illusion ce projet de loi annoncé contre le « séparatisme », qu’on n'ose, apparemment, pas appeler de son vrai nom, l’islamisme.
Ce qui en a, ces jours-ci, été révélé par le Figaro, donne le sentiment d’un catalogue de « mesurettes », sans rapport avec l’ampleur du problème, et, plus voué à assoir la communication du pouvoir que l’efficacité de son action (ainsi, entre autres, la mesure phare en serait… l’interdiction faite aux médecins de délivrer des certificats de virginité. Fort bien, mais, la déontologie médicale bien comprise le prohibe déjà, puisque l’acte n’a aucune justification thérapeutique et l’empilage des interdictions, là comme ailleurs, ne feront que souligner qu’elles restent lettres mortes…).
C’est que toutes les acrobaties verbales et petites manœuvres politiciennes n’y pourront rien. Élu de la gauche « bobo », avec une majorité parlementaire du même métal, le Président ne peut pas trop piétiner ses vaches sacrées…