Annoncée en grande pompe il y a plus d’un an, la proposition de directive pour instaurer un salaire minimum européen est enfin sortie des tiroirs de la Commission européenne.
Son empressement s’explique pour bonne part à cause des indicateurs inquiétants du continent : augmentation du nombre de travailleurs pauvres, multiplication du travail précaire, explosion du chômage, flexibilisation de l’emploi.
Pourtant, Ursula von der Leyen ne dit pas tout.
Premièrement, il est incontestable que c’est la Commission européenne qui est responsable de la destruction de nos acquis sociaux en France et partout ailleurs en Europe. Rappelons simplement qu’avec la crise de 2008, l’Union européenne n’a fait qu’une seule chose par rapport aux salaires : en limiter leur hausse au nom des sacro-saints principes austéritaires !
À l’époque, le Pacte euro + signé en 2011 appelait à rendre le travail « plus attractif » évitant de peu la suppression des mécanismes d’indexation des salaires. Le texte imposait par-dessus le marché le terme de flexi-sécurité qui n’a pas fait illusion longtemps. En effet, les peuples d’Europe sont moins bêtes que ce que croit la Commission européenne !
Concrètement, la novlangue européiste avait fait de la glaciation salariale son maître-mot, quand la Commission européenne n’admettait pas carrément au sujet de la Grèce et de l’Espagne que « leur taux de chômage était lié au fait que les salaires ne baissaient pas assez », poussant les gouvernements de l’époque à prendre des mesures contre leur propre peuple.
Si les salaires ont globalement augmenté depuis la sortie de crise - à l’exception de la Grèce qui se remet à peine des remèdes toxiques qui lui ont été imposés - il n’en demeure pas moins que les effets économiques de la pandémie risquent d’entraîner une nouvelle vague de restrictions salariales pilotées par la Commission européenne.
Deuxièmement, après avoir entretenu l’incendie social, la Commission pense pouvoir reconstruire sur des cendres.
Rien n’est plus faux !
Alors qu’en Bulgarie le salaire minimum est de 332 euros brut mensuel, le Luxembourg dispose d’un minimum presque sept fois plus élevé, atteignant les 2202 euros par mois. Six pays dont l’Italie, l’Autriche ou les pays scandinaves, préfèrent quant à eux les négociations collectives.
Les traditions nationales, et les pratiques de chacune de nos nations démontrent que nul n’a attendu leur fumeuse directive pour agir!
Pourtant, la Commission persiste et signe dans sa volonté d’homogénéiser les pratiques par le haut, alors que la diversité de nos nations devrait les pousser à la vigilance. Elle n’en a visiblement que faire !
La politique sociale européenne : la Commission donne d’une main ce qu’elle reprend violemment de l’autre !
En tentant d’apparaître présentable, à l’image du Docteur Jekyll dans le roman éponyme de Stevenson, la Commission européenne oublie un peu vite qu’elle a elle-même produit les conditions du désastre. En imaginant une Europe sociale, en voulant lutter contre la pauvreté et en prétendant combattre pour la réduction de la précarité des emplois, elle se raconte une histoire irréelle qui contredit le scénario initial qu’elle a écrit dans les traités.
En effet, à l’occasion de la crise qui a déjà commencé, M. Hyde s’apprête à revenir au galop, forçant nos États à se conformer à sa politique folle et insensée qui mettra les États à genoux comme cela a été fait par le passé.
Soyons clairs : nous ne voulons ni le Docteur von der Leyen, ni de son alter ego, le fameux Mister Hyde ! Mieux que cela : nous voulons que la France garde la main sur sa politique sociale qu’elle décidera et défendra avec et pour le peuple français !
Le travail au Parlement européen s’apprête à débuter sur ce sujet, et je ne manquerai pas une occasion de rappeler l’essentiel : la France n’a pas de leçon à recevoir de ceux qui sont responsables de la casse sociale !
Stop au salaire minimum européen qui n’est qu’un alibi utile à des institutions européennes aux abois.
Nous ne sommes pas dupes !