Quand Gérald Darmanin acte le démantèlement de la Police nationale.

Aurelia Beigneux

Tribune libre

31 août 2022

Tribune libre d’Aurélia Beigneux

Député français au Parlement européen

Membre de la Commission environnement

 

C’est un nouveau fardeau pour des agents de police déjà à bout : le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, souhaite créer des Directions départementales de la police nationale. Le but théorique est d’unifier tous les services de police d’un même département, de la police judiciaire au renseignement, en passant par la police aux frontières, sous une seule autorité. Le gouvernement justifie ce changement, déjà testé dans des départements comme le Pas-de-Calais, par une volonté de mieux piloter l’action de terrain et de simplifier l’action de la police.

Ces arguments tout à fait officiels cachent une réalité malsaine, car encore une fois, cette réforme s’annonce sans l’accord des premiers concernés : les policiers. Il est vrai que Gérald Darmanin préfère écouter les délinquants plutôt que ses propres administrés. Dans ce cas de figure, ces derniers redoutent que les nombreuses spécificités de la police soient diluées dans une direction unique aux ordres de Paris. Plus grave encore, ils redoutent que la police judiciaire soit désormais constamment épiée par le cabinet du ministre, ce qui pose la question de son indépendance, notamment et surtout dans les affaires qui concernent les élites politiques. Enfin et plus grave, ce projet montre que le ministère de l’Intérieur ne fait plus confiance à ses propres agents de la paix, préférant dissoudre la diversité des services plutôt que de laisser les cadres locaux expérimentés aux manettes.

Les agents de police le savent, cette réforme avait déjà été testée il y a quelques années. Son résultat était un échec complet. Elle avait provoqué la gronde des cadres de la police qui dénonçaient une construction administrative complètement déconnectée de la réalité. Pourquoi alors le gouvernement actuel veut-il l’imposer de force, si ce n’est par volonté de provoquer une fois de plus nos forces de l’ordre ?

Le pays brûle depuis 20 ans. Chaque jour, des Français sont victimes d’une incivilité devenue meurtrière, d’une délinquance devenue occupation du territoire et d’un laxisme devenu impunité totale. Plutôt que de lancer un grand programme de reconquête de notre territoire, comme le souhaite Marine Le Pen depuis le début de son engagement, Gérald Darmanin concentre son énergie sur des mesures administratives faisant uniquement les affaires de ses amis du gouvernement.

Dans un climat de guerre civile, cette déconnexion doit cesser. Les sondages montrent que le Rassemblement National est le mouvement le plus crédible sur les questions de sécurité, au-delà même de nos électeurs. Il est plus que temps que les urnes nous donnent les commandes de la situation !

 

Aurelia Beigneux

Tribune libre

31 août 2022

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