Un séisme politique vient de secouer le Mali. Après des mois de contestation, le président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé sa démission avec effet immédiat. Il s’agit d’un véritable coup de théâtre qui fait suite à son arrestation par des militaires dans la nuit de mardi à mercredi. Le pays, miné par la corruption, est bousculé par d’importantes manifestations contre le pouvoir depuis quelques mois déjà. L’une des figures de proue n’est autre que l’imam rigoriste Mahmoud Dicko qui inquiète alors que le pays est en proie à une insurrection islamiste violente qui déstabilise la région du Sahel depuis des années.
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) — qui rassemble 15 pays, a condamné l’initiative des militaires maliens et en appelle à un rétablissement de l’ordre constitutionnel. Il réclame la libération immédiate du président et du chef du gouvernement. Ces pays s’apprêtent à mettre en œuvre des mesures de rétorsion comme la fermeture des frontières autour du Mali pour isoler encore un peu plus le pays.
Ces évènements concernent aussi la France, présente depuis 2013 sur le territoire afin d’aider le gouvernement à combattre les djihadistes. L’Opération Barkhane compte encore près de 5100 soldats de l’armée française. Ce n’est pas rien de le rappeler, alors qu’à tout moment, la situation peut rapidement se dégrader, précipitant toute une région dans le chaos.
Sans nous immiscer dans les affaires intérieures du Mali, il faut toutefois nous assurer que la vie de nos soldats n’est pas en danger au vu du risque de déstabilisation qui pèse désormais sur le pays. Nous devons surtout éviter que la situation profite aux djihadistes, alors que ceux-ci constituent une véritable menace.
En effet, à l’image du Mali, c’est tout un continent qui est frappé par le fléau islamiste. Depuis plusieurs semaines, la presse fait timidement état d’attaques terroristes en Afrique. Au Mozambique d’abord, avec les groupes islamistes al-Shabab qui intensifient leurs actions depuis des années, prenant même récemment le contrôle d’un port important du pays. En Somalie, ensuite, avec des attentats d’une rare violence dans la capitale Mogadiscio qui ont fait de nombreux morts. Dernièrement, ce sont des centaines de civils qui sont pris en otages par des milices de l’État islamique Afrique de l’Ouest au Nigéria.
Partout en Afrique, l’islamisme avance, faisant couler le sang partout où celui-ci décide de frapper.
C’est cela qui explique la présence de la France aux côtés des forces maliennes.
C’est cela aussi qui doit nous obliger à réévaluer la situation, en nous obligeant à faire le bilan d’une politique qui ne démontre pas son efficacité sur le terrain.
Il faut penser à nos soldats, et à leur famille.
Quoi qu’il en soit, l’instabilité profite aux djihadistes. C’est pourquoi, la France doit tendre la main à tous ceux qui permettront de favoriser une transition pacifique, démocratique et éviter que la situation se dégrade en faveur des djihadistes qui ne s’arrêteront pas aux frontières !