L’Eco avec Navarro ! La chronique économique hebdomadaire d’Aloïs Navarro
F.Hollande attend la reprise comme certains attendent la pluie. La dernière salve de prévisions fournie par l’INSEE pourrait en apparence le rassurer, mais une analyse détaillée risque bien doucher ses fugaces espoirs.
L’INSEE prévoit donc 1,2% de croissance pour 2015, ce qui semble suffire au gouvernement pour qualifier ce chiffre de « reprise ». Or, cette prétendue reprise annoncée en chœur par des médias revêtant parfois le costume d’attaché de presse est loin du niveau des « rebonds» précédents.
Un léger mieux encore hypothétique qui ne doit rien au gouvernement
En réalité, ce léger mieux par rapport à 2014 (où la croissance fut de 0,2%, même de -0,2% par habitant...), n’est en rien à mettre à l’actif de ce gouvernement de subalternes de Bruxelles.
En effet, la baisse conjuguée de l’euro (liée à la reprise américaine, la vraie, et à la politique monétaire de la BCE) et du prix du pétrole (liée à la faiblesse de la croissance mondiale) n’ont rien à voir, de près ou de loin, avec l’action du gouvernement, même s’il pratiquait la danse de la pluie en espérant que tombent les bonnes nouvelles...
Ainsi, sans ces baisses conjoncturelles de forte ampleur, la croissance attendue ne serait pas de 1,2% mais de 0,3%...
Mais leurs effets ne sont pas éternels et s’essoufflent vite. Et surtout, la récente remontée de l’euro et du pétrole risque de les écourter.
L’investissement toujours amorphe
Bien que le gouvernement tente de baisser les impôts des entreprises après s’être rendu compte que les avoir accrus de 27,5 milliards d’euros en 2012 et 2013 n’était pas l’idée du siècle, on ne voit pas de redémarrage manifeste de l’investissement, et ce malgré les récentes annonces de M.Valls sur le suramortissement, ou les mesures pour les PME, dont la plupart finiront en effets d’aubaines (et bénéficieront donc aux entreprises ayant déjà prévu d’embaucher ou d’investir, sans inciter les autres).
Ce qui n’empêche pas l’INSEE de dresser un tableau quasi-idéal à partir de chiffres disant pourtant l’inverse.
Alors que le niveau des investissements est 7% plus bas qu’en 2007, l’institut de statistiques annonce avec enthousiasme une reprise extraordinaire de 1% de croissance des investissements des entreprises non financières contre +2% en 2014 ! C’est la reprise par le ralentissement.
Et l’investissement des ménages (c’est à dire l’investissement immobilier) est prévu pour chuter de 4,7% après déjà -5,3% en 2014. La reprise négative donc.
Elle tarde encore plus à se faire sentir dans les services, où les indicateurs de prévisions montrent une remarquable léthargie.
Une hausse des salaires et une baisse du chômage illusoires
C’est enfin une reprise où les salaires ralentissent, puisque l’INSEE attend une hausse de 0,9% en 2015 contre 1,4% en 2014… La seule vraie reprise concerne ainsi celle des impôts qui augmenteraient de 1,2% (dont +1,4% pour l’impôt sur le revenu).
Dès lors toute baisse du chômage sera illusoire et largement due aux découragements des chômeurs sortant des statistiques, aux jeunes qui repoussent leur entrée sur le marché du travail, ou aux séniors anticipant leur départ en retraite.
La reprise économique, façon François Hollande, c’est l’immobilisme à grands pas. Comme son prédécesseur de l'RPS, N.Sarkozy.
Tant que les tabous sur le patriotisme économique, le protectionnisme intelligent, sur la monnaie unique ne seront pas levés, et qu’une vraie fiscalité innovante en faveur des PME, incitant à l’embauche et davantage progressive (alors qu’elles payent 39% d’impôts contre 19% pour les grands groupes) ne sera pas mise en place, toute reprise ne sera qu’illusoire.
Aloïs Navarro est animateur du Collectif Marianne des étudiants patriotes