Chiens dits «dangereux », la nécessité de faire évoluer la Loi de 1999

Aurelia Beigneux

Tribune libre

23 septembre 2020

Tribune libre d’Aurélia Beigneux, Député Français au Parlement européen, Membre de la Commission environnement et de l’intergroupe relatif au bien-être animal

Adoptée dans un contexte médiatique houleux, cette loi, renforcée en 2008, réglemente la possession de chiens dits « dangereux » en les classant en plusieurs catégories.

Fondée sur des critères morphologiques, elle fut adoptée en urgence sans aucune consultation des autorités vétérinaires, par ailleurs majoritairement opposées à une classification de type raciale (American Staffordshire Terrier, Tosa ou encore Rottweiler).

Si l’on peine encore à trouver un aspect positif à cette classification, les conséquences néfastes sont légion avec en premier lieu l’euthanasie de milliers de chiens. Installant un « délit de sale gueule », cette loi n’a jamais fait baisser le nombre de morsures. Pire encore, elles ont augmenté de près de 40% depuis la mise en place de cette catégorisation par race.

Rendant obligatoire une formation, sans réelle standardisation, pour les futurs acquéreurs et une évaluation vétérinaire souvent faite à l’emporte-pièce, cette loi aboutit à un manque d’uniformisation. Elle stigmatise une fois de plus l’animal sans jamais régler le problème soulevé.

Ce constat, de nombreux pays européens l’ont fait, abandonnant peu à peu cette classification. En effet, les études réalisées ont conclu que les chiens ciblés n’étaient pas parmi les plus « mordeurs » et que ces lois n’avaient aucun impact sur le nombre de morsures canines.

Il existe de nombreuses pistes que le législateur peine à emprunter avec en premier lieu des mesures plus strictes, fondées sur l’éducation et la prévention. Si tous les chiens doivent être éduqués, il en va aussi de la sensibilisation des enfants et plus largement des adultes.

Souhaitée par diverses associations, une réelle politique de prévention des morsures canines pourrait être menée afin de cibler un comportement et non plus une race. Encore aurait-il fallu que le projet d’ « Observatoire national du comportement canin » ne soit pas abandonné en cours de route…

Aurelia Beigneux

Tribune libre

23 septembre 2020

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