« École de la Deuxième Chance » : l’euphémisation qui masque l’échec !

Edwige Diaz

Tribune libre

27 novembre 2019

Tribune libre d'Edwige Diaz, Membre du Bureau national du RN

Le concept d’École de la deuxième chance (E2C) est né en 1995 d’une initiative européenne portée par la Commissaire socialiste, et ancienne Première ministre de François Mitterrand, Edith Cresson.

Ces « écoles », loin de promouvoir l’excellence, masquent en réalité le mal profond qui ronge notre système éducatif.

Ce dispositif a pour objectif annoncé de lutter contre le décrochage scolaire, facteur aggravant du chômage endémique des jeunes, en accompagnant vers l’emploi 15 000 des 90 000 jeunes de 16 à 25 ans, sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification. Une école de « deuxième division », qui ne couvre donc que 17 % des jeunes les plus en détresse, pour un budget conséquent et sans réelle preuve d’efficacité à ce jour.

On compte 130 sites labellisés E2C, pour un coût de 78 millions d’euros en 2016, hors rémunération des nombreux stagiaires, évaluée à 300 € par mois pour chacun d’entre eux. FSE, État, Régions et Collectivités territoriales contribuent au financement de ces établissements.

Sans oublier les entreprises, contraintes, elles aussi, de mettre la main à la poche alors qu’elles sont déjà exsangues !

Les documents étatiques indiquent que le contenu des programmes de formation repose sur la remise à niveau des savoirs de base (mathématiques, français, informatique). Des cours urgents que l’on pourrait imaginer intensifs et très sérieux. Et pourtant…

Les sites internet des écoles révèlent que cette remise à niveau est fortement saupoudrée de la sempiternelle « pédagogie du vivre-ensemble avec un accompagnement social », qui a manifestement déjà fait preuve de son échec dans l’éducation de ces jeunes. Une simple consultation des pages Facebook de ces écoles révèle par ailleurs la nature des ateliers concrètement mis en place pour, apparemment, faire atteindre à ces jeunes les savoirs de base : visite de stades, jeux de société, des ateliers massage et gommage, danses urbaines type « Flashmob », Land’Art dans un parc ou encore… atelier djembé ! A-t-on évalué l’efficience de ces ateliers ?

Quant au choix qui consiste à faire intervenir la députée LFI Danièle Obono au sein de l’établissement de Paris, est-ce pour donner aux élèves une définition du « vivre-ensemble » ?

Dans la hiérarchisation des priorités pour acquérir les savoirs de base, pourquoi offre-t-on une telle place aux questions d’intolérance, de racisme et de discriminations ? Si l’on souhaitait vraiment agir au nom de l’éducation à la citoyenneté, de la transmission des valeurs citoyennes et de l’assimilation républicaine, autoriserait-on les jeunes filles à porter le voile islamique dans ces écoles ?

Nous sommes plutôt dans des écoles de la « deuxième erreur » : cette même maladresse de l’idéologie gauchiste victimaire, qui fait la promotion de la culture de l’excuse et freine l’intégration de la personne dans le monde du travail. L’erreur même qui a provoqué l’échec de ces jeunes dans le système éducatif traditionnel.

Le site internet « service-public.fr » précise que l’E2C s’adresse aux personnes de nationalité française ou étrangère en situation régulière. Mais il y a une contradiction totale entre ce qui est annoncé et la réalité, où se confondent apologie de l’immigration et alimentation des pompes aspirantes.

L’État sait-il que l’école de Châtellerault (86) met à l’honneur un homme de 25 ans tout droit arrivé du Soudan ? Que celle de Chevigny-Saint-Sauveur (21) se félicite d’accueillir une quinzaine de migrants ? Et qu’à Bordeaux (33), l’accompagnatrice sociale indique que son rôle est d’aider les stagiaires n’ayant pas de logement à trouver des centres d’hébergement et ceux n’ayant pas de papiers, à faire les démarches pour obtenir un permis de séjour ?

Alors qu’aucune évaluation indépendante et sérieuse de ce dispositif n’a été menée, le Pacte d’Investissement dans les Compétences (PIC) se félicite d’ouvrir 6 000 places supplémentaires d’ici 2022. Pourquoi ? Pour faire face à une immigration dérégulée comprenant des enfants allophones qui, inéluctablement, arriveront avec un retard scolaire ? Pour appliquer un bandage de fortune sur l’hémorragie béante de notre système éducatif ?

Ce retard scolaire ne pourra malheureusement pas être compensé par un redoublement, puisqu’en 2014 la ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem a publié un décret relatif à l’interdiction du redoublement. Conséquence catastrophique : le passage quasi automatique en classe supérieure des élèves, au nom d’un égalitarisme illusoire. Les classes sont pleines d'élèves qui décrochent complètement et les professeurs sont dépassés. Le désespoir des uns et la peur des autres face aux élèves et à leurs parents créent des conditions extrêmes que les professeurs doivent gérer avec des moyens de plus en plus limités. D’autant plus que le système scolaire est fragilisé par l’idéologie de l’excuse et confronté au mur de l’inertie du politiquement correct au travers du hashtag #PasDeVague.

Cette situation alarmante constitue le terreau propice au décrochage et à l’ensauvagement dans le milieu scolaire.

Ces faits trouvent leur parfaite illustration dans le règlement intérieur de l’E2C du Grand Hainaut, contraint de réaffirmer des évidences : « il est interdit de cracher dans l’enceinte de l’école », « interdit de jeter des papiers ou autres déchets ailleurs que dans les poubelles » et « interdit de s’asseoir sur les radiateurs ». Ces interdictions sont-elles suivies de sanctions en cas de transgression ?

Par ailleurs, le consensus consistant à se féliciter du nombre d’ouvertures d’E2C nous laisse pantois alors qu’il est l’un des révélateurs de l’échec du système scolaire français.

Comment peut-on se réjouir d’ouvrir toujours plus d’E2C ? Alors que l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans, comment est-il possible que 15% des élèves sortent du collège sans maîtriser le français et que tant d’élèves quittent le système scolaire sans maîtriser les savoirs fondamentaux ?

Par ailleurs, pourquoi exiger, par le biais de quotas, que le nombre d’élèves issus de ce qu’on appelle pudiquement les Quartiers Politique de la Ville passe de 32% à 40% ? Le Rassemblement National dénonce depuis longtemps les milliards d’euros déversés à l’aveugle dans ces quartiers. Quartiers que l’on pourrait surnommer, au regard de l’absence de résultats constatés, les quartiers « tonneau des Danaïdes ».

De nombreuses zones d’ombres entourent l’autosatisfaction affichée de notre personnel politique quant aux résultats annoncés « élevés » de sorties dites « positives ». Quels sont les critères de détermination ? Le chemin a priori retrouvé de l’emploi est-il durable ? Où sont les chiffres précis ? Pour rappel, en Nouvelle-Aquitaine, le chômage des moins de 25 ans, entre le 1er et le 2e trimestre 2019, n’a pas baissé. Il a même augmenté de 0,6% !

Alors qu’il est aujourd’hui presque impossible de s’insérer dans le marché du travail sans diplôme, rappelons un détail crucial que nos politiques se gardent bien de faire remarquer : les E2C ne sont pas des cursus habilités à délivrer des diplômes ! Cette autosatisfaction est-elle alors de bon ton ?

Face au nivellement par le bas du niveau scolaire, à l’ensauvagement de l’école et au chômage endémique des jeunes, les solutions ne résident pas dans le maintien de politiques ayant fait la preuve de leur échec !

Il faut changer de paradigme. Le Rassemblement National propose d’en finir avec cet angélisme promoteur de la culture de l’excuse et du laxisme, parallèlement à une profonde refonte complète du système scolaire.

Celle-ci doit avoir pour préalable l’arrêt total de l’immigration massive, seule et unique solution pour endiguer les difficultés d’assimilation et la montée du communautarisme.

Ainsi, la loi de 2004 relative à l’interdiction du port de signes religieux ostensibles en milieu scolaire doit être élargie, au moins dans un premier temps, à l’université et à ces écoles de la deuxième chance. Plus encore, l’école doit sortir du modèle imposé par les pédagogues soixante-huitards afin de redevenir une école de la discipline, du mérite et de la transmission des savoirs.

L’ordre doit ainsi retrouver sa place dans les écoles, ce qui implique une suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme injustifié ou de non-respect du règlement. Le redoublement doit être lucidement perçu, non comme une sanction, mais comme une double opportunité : celle d’une meilleure maîtrise des savoirs de base et celle d’une non-pénalisation des autres élèves.

La maîtrise et l’apprentissage de la langue française, condition sine qua non pour trouver un emploi, doivent être au cœur du projet pédagogique des écoles primaires. Celles-ci doivent retrouver leur fonction de transmission des savoirs élémentaires tant dans le domaine de l’apprentissage de la langue française que du savoir mathématique.

Le plus tôt possible, elles doivent aussi faire comprendre aux familles que rigueur et respect sont les bases d’un développement éducatif efficace et vertueux, qui ne pourra que bénéficier aux enfants.

Le collège unique, vecteur d’échecs à répétition depuis 40 ans doit être abandonné et remplacé par un double cursus : filière courte, avec voie professionnalisante et filière longue préparant à l’enseignement supérieur. Deux voies distinctes qui permettent de ne pas pénaliser les uns ni faire complexer les autres. Dans ce cadre, l’apprentissage dès 14 ans doit être largement encouragé, non comme une voie de garage, mais comme une voie d’excellence menant vers des métiers à hautes qualifications techniques et artisanales type Compagnonnage, symbole d’un savoir-faire français mondialement reconnu et gratifiant.

Au regard du coût élevé de ces Écoles de la Deuxième Chance, véritable investissement national à vocation solidaire, la priorité nationale doit être appliquée dans l’attribution des places. Les étrangers bénéficiant des lycées professionnels et technologiques de la 2e chance doivent payer les frais de scolarité à prix coutant.

Seule cette réforme intégrale de notre système scolaire permettra de répondre au défi d’une jeunesse laissée en déshérence.

Nos politiques devraient avoir la volonté tenace de ne viser qu’une seule réelle victoire pour notre système d’enseignement : la fin des E2C grâce à la réussite des élèves.

Edwige Diaz

Tribune libre

27 novembre 2019

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