Le Gouvernement ne cesse de se targuer de l’augmentation du budget alloué aux armées, adopté avec les voix du Rassemblement national, dans le cadre de la Loi de programmation militaire 2024-2030. Pourtant, derrière cet exercice d’autosatisfaction permanent se dissimule une réalité bien plus sombre : le manque criant de moyens budgétaires pour soutenir notre indispensable effort de défense, qui remet profondément en cause la sincérité des objectifs capacitaires affichés initialement.
En effet, en 2024, le ministère des Armées a massivement eu recours à la technique du « report de charges », consistant à reporter d’un an le paiement de matériels déjà livrés afin de donner, à court terme, l’illusion d’un budget maîtrisé. Mais ce tour de passe-passe comptable présente un grand danger : en deux ans, le montant de ces impayés a doublé, atteignant un niveau alarmant de huit milliards d’euros selon la Cour des comptes, soit près d’un quart du budget du ministère hors masse salariale, bien au-delà du seuil d’alerte de 20 % fixé par Matignon.
« Cette gestion budgétaire à la petite semaine paralyse notre armée. Elle la prive de la réactivité stratégique indispensable à une puissance comme la France », alerte Laurent Jacobelli. Car derrière ces engagements financiers non tenus, ce sont les capacités opérationnelles qui s’érodent, à un moment où les tensions internationales ne cessent de croître. La Cour des comptes confirme l’ampleur du désastre : les pénalités de retard payées par l’État dans le cadre de la mission Défense ont bondi de 61 % en un an, atteignant 29,6 millions d’euros en 2024. Cette dérive s’explique largement par la demande qui a été faite au ministère de couvrir, sans aucun crédit supplémentaire, l’effort de soutien de la France à l’Ukraine, au détriment des engagements pris vis-à-vis des industriels de défense français. « Notre Défense paie le prix fort de la politique de l’improvisation permanente », déclare Laurent Jacobelli.
Mais cette dérive ne menace pas seulement nos forces armées : elle frappe en plein cœur notre base industrielle et technologique de défense (BITD), en particulier ses 4 500 entreprises, majoritairement des TPE et PME. Le paradoxe est frappant : alors même qu’Emmanuel Macron ne cesse de déclarer que la France est entrée en « économie de guerre », les baisses de commandes de l’État — comme en témoigne la chute de 33 % des contrats portant sur les aéronefs — et les retards de paiement se multiplient. Les grands industriels, confrontés aux lenteurs du ministère, répercutent cette pression sur leurs sous-traitants, plaçant les plus fragiles dans une impasse de trésorerie. Or, contrairement à nos fleurons, toutes ces entreprises n’ont pas les reins assez solides pour tenir. À terme, ce sont des faillites, une perte de savoir-faire et un affaiblissement durable de notre souveraineté industrielle que le Gouvernement risque de provoquer par son incurie budgétaire, son amateurisme et son impréparation.
Face à cette situation, le Rassemblement National réclame une réforme de fond de la gestion budgétaire du ministère des Armées. « Plutôt que de mentir sur une prétendue économie de guerre, plutôt que de courir après une chimérique Europe de la défense, le Gouvernement ferait mieux d’assurer à nos forces et à nos industriels de la lisibilité sur leur trésorerie et sur leur carnet de commandes. La France mérite une transparence totale. Les contrats doivent produire des effets réels, pas se perdre dans des artifices comptables », insiste Laurent Jacobelli. Il appelle à une action immédiate pour garantir aux armées les moyens concrets d’accomplir leurs missions.
« La Défense nationale n’est pas un outil de communication politique : elle engage la sécurité des Français. Il est temps que le Gouvernement respecte la parole donnée par l’État et assume enfin ses responsabilités. La défense de la France, sa souveraineté, la protection de ses concitoyens n’autorisent aucun amateurisme », conclut le député.
Laurent Jacobelli
Député de la 8e circonscription de la Moselle
Vice-président du groupe RN à l’Assemblée nationale
Référent RN à la commission défense