Question écrite de Bruno Bilde, député du Pas-de-Calais, au Premier ministre, sur le changement fondamental de politique après les élections européennes
M. Bruno Bilde interroge M. le Premier ministre sur le changement fondamental de politique réclamé par les Français lors des élections européennes du 26 mai 2019. En effet, selon les vœux du président de la République, ce scrutin s'est transformé en référendum sur sa gouvernance et sa personne. En prenant outrageusement la direction de la campagne du parti La République En Marche, en exhibant son portrait sur la profession de foi et l'affiche du parti majoritaire, en envoyant un entretien à l'ensemble de la presse quotidienne régionale et en déclarant qu'il mettrait toute son énergie pour que le Rassemblement National n'arrive pas en tête, Emmanuel Macron a pris ses responsabilités.
Emmanuel Macron a choisi de descendre dans l'arène politique au mépris de nos traditions républicaines et des principes inscrits dans notre Constitution qui imposent un devoir de neutralité au chef de l’État.
Dimanche 26 mai, le peuple français a, lui aussi, pris ses responsabilités. En plaçant en tête la liste du Rassemblement National menée par Jordan Bardella, nos concitoyens ont exprimé, dans un grand sursaut démocratique vivifiant, leur opposition claire aux orientations menées depuis deux ans par votre gouvernement. Dans un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info, 72% des Français considèrent qu'Emmanuel Macron doit changer de cap plutôt que de persévérer voire de s'obstiner dans la voie engagée depuis le début du quinquennat. Ce référendum perdu devrait inciter le président de la République à laisser les Français décider avec la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation de nouvelles élections législatives. La représentation nationale doit changer pour que la politique change.
Alors que les représentants médiatiques de La République En Marche tentent désespérément et honteusement de maquiller cette défaite en demi-succès en affirmant notamment que le cap des réformes ne bougera pas, il serait scandaleux que le gouvernement refuse une fois de plus d’entendre le message du peuple souverain. Ce message est dépourvu d’ambiguïté et de ce « et en même temps » qui gangrène la parole publique macroniste. La majorité des Français ne veulent plus de votre politique, de votre matraquage fiscal permanent, de vos injustices, de vos discriminations sociales et territoriales, de votre préférence étrangère, de votre soumission à l’Allemagne d’Angela Merkel, de votre incapacité à sauver nos emplois industriels, de votre refus d’abaisser le prix des carburants qui assigne à résidence les plus modestes.
Dimanche 26 mai, 78% des Français ont refusé la mise en œuvre accélérée et débridée d’un acte 2 du quinquennat. Ils ont invalidé sèchement les mesures annoncées par Emmanuel Macron au sortir du grand débat national qui n’était qu’un gigantesque écran de fumée destiné à retarder la campagne des européennes. Les Français n'ont pas été convaincus par les miettes jetées de l’Élysée pour éteindre le mouvement des Gilets Jaunes et la colère populaire. Ils ne veulent pas de vos baisses d’impôts virtuelles, ils ne veulent pas de votre dosette de proportionnelle et de vos faux moratoires sur les fermetures d’hôpitaux et d’écoles qui cachent les vraies suppressions de services et de classes dans la ruralité.
Dans une démocratie digne de ce nom, le vote doit être respecté et guider l’action publique.
Après 6 mois d’une crise démocratique, sociale et fiscale sans précédent, le gouvernement va-t-il enfin lire le panneau « STOP » brandi par les Français et par conséquent, changer radicalement de politique, d’objectif et de méthode ?