Soutenons les planteurs face à l’« Alstomisation » de la filière canne.
La filière sucrière de La Réunion vit aujourd’hui l’une des plus graves crises de son histoire. Cette campagne 2024, qualifiée de « pire campagne de tous les temps » par certains acteurs locaux, subit les effets cumulés de conditions climatiques désastreuses, d’une dégradation générale des infrastructures d’exploitation et de transformation de la canne, d’un soutien financier insuffisant à la production, et maintenant d’un conflit social paralysant.
En effet, après les tempêtes et la sécheresse qui se sont succédé de mars à septembre dernier, les planteurs réunionnais se trouvent confrontés depuis quinze jours à un nouveau défi : le blocage de la livraison de leurs récoltes. Des milliers de tonnes de cannes s’accumulent donc dans les champs, sans possibilité de transformation, avec le risque de perte en richesse sucrière.
À l’origine de cette situation : une crise sociale née du rachat d’Albioma, acteur majeur de la transition énergétique en outre-mer, par un fonds de pension américain et la remise en cause de certains acquis sociaux au sein de l’entreprise.
Il est pour le moins regrettable que les pouvoirs publics n’aient pas porté une attention suffisante aux risques qu’induisaient cette prise de contrôle par un acteur financier étranger d’un outil aussi stratégique pour La Réunion et les outremers que le groupe Albioma. Car la filière canne n’est pas qu’une simple production agricole parmi d’autres. Elle est un pilier de l’économie, de l’identité et du patrimoine réunionnais. La filière canne emploie et nourrit 15 000 à 18 000 familles à La Réunion. C’est l’agriculture la plus respectueuse de l’environnement. Aussi, rappelons-nous qu’il est de la responsabilité du Gouvernement d’agir sans délai pour permettre la reprise de l’activité et faire respecter par le nouvel actionnaire du groupe ses obligations en matière de droit du travail.
Si la diversification agricole de La Réunion doit être envisagée de façon rationnelle et concertée, l’extinction de la filière canne serait en revanche une perte économique et sociale inestimable pour l’île. La souveraineté alimentaire de La Réunion doit se faire avec la filière canne et non pas contre elle. Il faut pourtant sonner l’alarme : en 2011, 1,9 million de tonnes de canne étaient broyées à La Réunion contre 1,3 million pour cette année, selon les prévisions du Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre (CTICS).
Depuis toujours, Marine Le Pen et le Rassemblement national se sont engagés à défendre les intérêts de la filière sucrière d’outre-mer. L’agriculture réunionnaise et les Réunionnais méritent mieux que l’attentisme des pouvoirs publics : anticipons, agissons, protégeons La Réunion et son joyau sucrier !