Question écrite de Bruno Bilde sur la liberté et l'indépendance des maires de France

Bruno Bilde

Communiqué

04 juin 2019

Question écrite de Bruno Bilde, député du Pas-de-Calais, à Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales, sur la liberté et l'indépendance des maires de France

M. Bruno Bilde interroge M. le ministre chargé des collectivités territoriales sur les pressions et les menaces exercées sur les maires par la majorité présidentielle au sortir des élections européennes.

En effet, dans un récent entretien chez Europe 1, Gilles Boyer, ancien conseiller du Premier ministre Édouard Philippe et tout nouveau député européen La République En Marche, a déclaré : « Un maire qui sera réélu avec l’apport de La République En Marche et du Modem sera un allié du Président pour 2022 et un maire qui sera réélu sans leur apport sera un ennemi du Président pour 2022 ».

La violence et le sectarisme des termes employés sont de nature à susciter les inquiétudes de bon nombre d’élus locaux et au-delà, de tous les démocrates de notre pays. Ce discours aux relents totalitaires n’a pas sa place dans notre République mais en Corée du Nord.

La santé d’une démocratie se mesure au traitement de l’opposition. Au Parlement comme dans toutes les institutions territoriales, les élus qui ne partagent pas la vision et les orientations politiques de l’exécutif et de la majorité doivent pouvoir s’exprimer librement, se positionner, faire valoir leurs divergences et leurs spécificités sans être inquiétés.

Les maires, premiers représentants de la République et derniers garants des politiques de proximité, sont des interlocuteurs privilégiés et des partenaires indispensables pour l’État. L’immense majorité d’entre eux, dans nos villages et petites communes, ont bénéficié de la confiance de leurs concitoyens sans étiquette partisane et exercent leur mandat avec le seul souci du bon sens et de l’intérêt général loin des querelles politiciennes. En aucun cas, ils ne doivent être pris en otage, contraints de choisir un camp et une labellisation aussi absurde que dangereuse : alliés ou ennemis du pouvoir en place.

Cette doctrine absolue nous interroge à quelques mois des élections municipales.

La guerre sera-t-elle déclarée aux candidats qui n’auront pas été adoubés par le parti présidentiel ? Les habitants des communes gérées par le Rassemblement National seront-ils punis et traités comme des « ennemis du régime » ?

Ces dernières années, l’indépendance et la liberté des maires de France ont été malmenées par la création des intercommunalités qui ont poussé les élus locaux à prendre parti sous peine de perdre des subventions. La publication de l’ensemble des parrainages pour l’élection présidentielle constitue également un moyen de pression sur certains maires qui redoutent les conséquences d’un soutien hostile à la pensée dominante.

Allez-vous laisser la liberté aux Français de donner la définition d’un bon maire lors des prochaines échéances ?

Êtes-vous encore le ministre de toutes les collectivités territoriales ou bien seulement celui des collectivités amies d’Emmanuel Macron ?

Bruno Bilde

Communiqué

04 juin 2019

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