Communiqué de Dominique Bilde, Député français au Parlement européen
La commission culture du Parlement européen prépare actuellement un avis sur la "communication stratégique de l'Union visant à contre la propagande dirigée contre elle par des tiers". Tout est dans le titre! Le rapporteur, convaincu que le résultat du dernier référendum au Pays-Bas est le fruit d'une propagande russe à l'encontre de l'Union européenne, appelle Bruxelles à agir contre toute opinion anti-européenne qui ne peut relever que de la désinformation.
Les médias "indépendants" devront ainsi être formés par des "bonnes pratiques", tandis que, dans les écoles, les élèves devront apprendre à distinguer le bon grain de l'ivraie. On attend avec impatience la prochaine étape qui prendra probablement la forme d'un organe de presse officiel, dans un contexte qui n'est pas sans rappeler celui de la Guerre froide.
En effet, ce texte fait explicitement référence à la Russie comme premier agent d'influence qui tenterait par tous les moyens de déstabiliser l'Union Européenne en muselant la liberté d'expression. Étrangement, le rapporteur n'a pas jugé bon de mettre en cause son nouvel allié Turc, lequel n'est pourtant pas réputé pour être un ardent défenseur du pluralisme d'opinions : rappelons que, rien que sur ce dernier mois, la Turquie a refusé l'entrée sur son territoire à un correspondant de la télévision allemande ARD ; que le gouvernement d'Erdogan a souhaité bloqué l'antenne locale de l'organe de presse russe "Sputnik" ; ou encore, que la Commission européenne a dû retirer une subvention à un orchestre allemand ayant eu l'outrecuidance de présenter un spectacle sur le génocide arménien.
Il semblerait que ceux qui souhaitent encore porter une voix dissidente au sein de l'Union européenne n'aient plus qu'à apprendre le turc.