Mineurs isolés : les chiffres d’un laxisme d’État.

Dominique Bilde

Communiqué

03 février 2022

Communiqué de Dominique Bilde

 

Deux milliards d’euros : c’est ce qu’auront déboursé les collectivités françaises en 2019 pour les mineurs non accompagnés (« MNA »). Une somme en forte hausse, par rapport aux 50 millions de l’année 2012.

Il faut dire qu’à part un bref répit attribuable à la crise sanitaire, les chiffres, rapportés par Le Figaro, sont en explosion : 11 300 reconnaissances de minorité ont été émises en 2021, contre 9 500 nouveaux MNA en 2020.[1]

Du reste, « mineur » est un qualificatif bien relatif, lorsque l’on sait qu’environ la moitié du contingent serait, en réalité, constituée d’individus dépassant l’âge canonique de dix-huit ans.

D’où le recours à des tests osseux qui, bien qu’ils hérissent le monde associatif, n’en demeurent pas moins une des rares méthodes scientifiques applicables en l’espèce.

D’où, également, la mise en place du fichier d’aide à l’évaluation de la minorité (ou « appui à l’évaluation de la minorité ») en 2018. Un dispositif bientôt obligatoire, alors qu’une poignée de départements, notamment la Meurthe-et-Moselle,[2] refusait encore d’y avoir recours en 2020.

Avec, à la clef, un précieux recoupement d’informations pour déterminer l’âge des candidats et l’espoir d’enrayer un irréductible nomadisme, qui pousse les intéressés à multiplier les dépôts de dossiers auprès de différents départements.

Par ailleurs, sans surprise, la hausse des arrivées a pour corollaire un déchaînement de violence. À Lyon, on constate par exemple que les MNA représentent « 40 % de la délinquance des mineurs ».

Quant à la Protection judiciaire de la jeunesse, elle se trouve parfois contrainte d’opérer des arbitrages au détriment de mineurs incarcérés, pour l’hébergement en foyer - dont le coût journalier minimal atteint tout de même 500 euros par jour.

Du reste, même lorsque la minorité est infirmée, déloger les intéressés, quel qu’en soit le motif, relève du parcours du combattant, du fait, notamment, des « ordonnances de placement provisoire », qui sont des décisions de justice. Et peu importe, au passage, que dans les établissements mixtes, le bien-être des pensionnaires féminines puisse pâtir de cette cohabitation...

Ce bilan désolant est symptomatique de l’échec d’Emmanuel Macron en matière migratoire, en dépit de son autosatisfaction de façade. Il n’appartient plus qu’aux Français d’exprimer par les urnes leur haut-le-cœur face à un insupportable laxisme d’État.

[1] « L’État tente de contenir l’afflux de mineurs isolés ». Le Figaro, édition du mardi 1er février 2022. https://www.lefigaro.fr/actualite-france/l-etat-tente-de-contenir-l-afflux-de-mineurs-isoles-20220131

[2] Rapport annuel d’activité 2020. Mission Mineurs non accompagnés. Direction de la protection judiciaire de la jeunesse. Ministère de la Justice. http://www.justice.gouv.fr/art_pix/rapport_activite_MNA_2020.pdf

Dominique Bilde

Communiqué

03 février 2022

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