Communiqué de presse de Gilles Lebreton, conseiller Enseignement supérieur de Marine Le Pen, vice-président du SIEL
L'Assemblée nationale croit-elle encore en l'avenir de la langue française ? On peut légitimement se poser la question depuis qu'elle a voté, le 23 mai 2013, l'article 2 du projet de loi Fioraso sur l'enseignement supérieur.
Cette disposition autorise en effet les universités à dispenser leurs enseignements en langue anglaise, par dérogation à l'article L121-3 du Code de l'éducation, issu de la loi Toubon du 4 août 1994, qui dispose que "la langue de l'enseignement est le français".
Cette capitulation culturelle a suscité un tel malaise que le gouvernement a tenté de la camoufler par quelques concessions de pure forme, qu'il suffit d'énumérer pour constater leur caractère irréaliste : l'utilisation de l'anglais devra être justifié "par des nécessités pédagogiques"; les étudiants étrangers concernés bénéficieront "d'un apprentissage de la langue française" et leur niveau en français sera "pris en compte pour l'obtention du diplôme"; dans deux ans, un rapport fera le point sur "l'impact" de la loi Fioraso sur l'emploi du français dans les universités.
Si le malaise est si grand, c'est parce que cette capitulation n'a pas qu'une dimension symbolique. Elle constitue aussi et surtout la deuxième et avant-dernière étape d'un processus de marchandisation de l'enseignement supérieur.
La loi LRU du 10 août 2007, votée à l'initiative de Nicolas Sarkosy, en a constitué la première étape en transférant aux universités la gestion de la masse salariale de leurs personnels. Comme l'Etat ne leur a pas donné les sommes nécessaires, elles se sont retrouvées dans l'obligation de chercher d'autres sources de financement. En pleine période de crise économique, c'était évidemment mission impossible. Un rapport sénatorial du 3 avril 2013 vient d'ailleurs de constater leur échec.
C'est là qu'intervient fort à propos le projet de loi Fioraso : l'ouverture d'enseignements en langue anglaise a en effet pour but immédiat de permettre aux universités d'attirer les étudiants riches des pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine...).
Il ne restera plus ensuite qu'à atteindre la troisième et ultime étape de la marchandisation de l'enseignement supérieur, qui consistera à autoriser les universités - étranglées financièrement par le maintien de la loi LRU décidé par François Hollande - à augmenter substantiellement les droits d'inscription des étudiants (aussi bien Français qu'étrangers), à l'instar de ce qui a déjà été fait aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, et dans beaucoup d'autres pays.
Face à ces sombres perspectives, il faut rappeler avec force que les universités ne sont pas des entreprises, mais des services publics dont les missions doivent être définies, contrôlées, et financées par l'Etat.