Tribune de Dominique Bilde, député français au Parlement européen
Député en délégation avec la Bosnie-Herzégovine au Parlement européen, je n’ai eu de cesse d’alerter sur les dangers que poserait une éventuelle accession de cet État majoritairement musulman à l’Union européenne.
Instabilité politique chronique, poussée islamiste et retour de djihadistes ... s’y ajoute désormais la crise migratoire, dont le pays est devenu l’une des plaques tournantes.
Parmi ceux qui se sont emparés de ce nouveau filon, les Pakistanais figurent en bonne place. Une situation qui ne serait pas fortuite puisque selon Milorad Dodik, membre serbe de la présidence de Bosnie-Herzégovine, le ministère de la Sécurité avait mis au jour une gigantesque fraude, via l’ambassadeur bosnien au Pakistan, qui aurait émis 3 000 visas suspects. Il est notable que des allégations similaires avaient visé un temps l’ambassade bosnienne pour l’Irak, située en Jordanie.
Quoi qu’il en soit de la véracité de ces cas d’espèce, ils viennent s’ajouter aux suspicions qui pesaient déjà sur le pays : le haut-commissaire britannique à Islamabad Adam Thomson avait, en 2012, provoqué un quasi incident diplomatique en qualifiant les Pakistanais de « leaders mondiaux en matière de fraude au visa. » Selon lui, 4000 documents frauduleux avaient été repérés par les autorités britanniques l’année précédente.
Tout ceci est consternant, mais il y a pis. Car parmi le flux de migrants, certains affichent des profils pour le moins interlopes - ce qui n’est guère étonnant, s’agissant d’un pays où l’extrémisme religieux semble promu dans les plus hautes sphères de l’Etat. Outre le qualificatif de martyr accolé par le Premier ministre pakistanais à Ousama Ben Laden, on notera la polémique récente au sujet de Charlie Hebdo.
En juin dernier, the Economic Times, média indien, rapportait ainsi que : « le gouvernement bosnien a récemment convoqué l'ambassadeur du Pakistan à Sarajevo et a réprimandé Islamabad pour deux terroristes d'origine pakistanaise ». Des révélations qui font écho aux inquiétudes quant à l’infiltration possible de terroristes à la faveur des Jeux Olympiques de Londres.
Bref, la Bosnie-Herzégovine, cheval de Troie de l’islamisme en Europe ? L’influence saoudienne, consacrée par le financement de la mosquée du roi Fahd à Sarajevo, de même que la présence supposée de camps d’entraînement de l’Etat islamique ou le départ vers la Syrie de certains djihadistes constituent autant de preuves d’une radicalisation rampante. La démission du ministre de la Sécurité Fahrudin Radoncic, dont l’intransigeance avait manifestement déplu, souligne quant à elle le laxisme ambiant en matière migratoire.
Reste une dernière responsable : l’Union européenne, qui déverse des milliards d’aides diverses et variées aussi bien à la Bosnie-Herzégovine qu’au Pakistan - Etat encore inscrit en juin dernier sur la liste du GAFI des pays soumis à une surveillance accrue en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme 1.
Entre 2014 et 2020, 603 millions d’euros étaient ainsi disponibles au bénéfice du Pakistan au titre de la coopération bilatérale 2. Quant à la Bosnie-Herzégovine, qui a soumis sa candidature en 2016, elle bénéficie aussi bien d’une exemption de visas de courte durée que de 1,19 milliard d’aide de préadhésion entre 2007 et 2020 3.
1 http://www.fatf-gafi.org/publications/high-risk-and-other-monitored-jurisdictions/documents/increased-monitoring-june-2020.html
2 https://ec.europa.eu/international-partnerships/where-we-work/pakistan_en
3 https://ec.europa.eu/neighbourhood-enlargement/countries/detailed-country-information/bosnia-herzegovina_en