Tribune de Laure Lavalette, conseillère municipale RN à Toulon

Laure Lavalette

Tribune libre

19 janvier 2021

Tribune de Laure Lavalette, conseillère municipale RN à Toulon

Nous vivons aujourd’hui une crise économique et sociale comme nous n’en avons pas connu depuis 1929. Celle-ci nous avait enseigné qu’il existe un lien entre crise sociale et risque suicidaire. Nous savons maintenant que la crise sanitaire et les mesures de confinement qui ont été prises ont également suscité des tentations mortifères.

Une enquête de la Fondation Jean-Jaurès, menée avec le concours de l’Ifop et dirigée par le professeur Michel Debout, membre de l’Observatoire national du suicide, révèle les effets du premier confinement : 25 % des artisans-commerçants, 27 % des chômeurs, 27 % des chefs d’entreprises (en particulier des TPE) ont sérieusement envisagé de se suicider. Parmi eux, 25 % ont entre 18 et 24 ans et 24 % sont des femmes de moins de 35 ans.

Plus inquiétant encore : le pire est à venir. Michel Debout l’écrit : « Toutes les études montrent que les effets suicidaires des crises se font sentir dans un délai de plusieurs mois voire de quelques années. Ainsi, pour celle de 1929, c’est à partir des années 1930-1931 qu’on a pu observer le pic le plus élevé. » L’élection présidentielle de 2022 pourrait bien se tenir sur fond d’épidémie… de suicides.

Ce que révèle aussi cette étude, ce sont les effets délétères de la crise sur les artisans et dirigeants de TPE, les jeunes et les femmes. C’est la France dite « périphérique », la France qui n’est pas celle de M. Macron ni celle de LREM, qui est la plus fragilisée par la crise sanitaire. Encore elle. Toujours elle. L’éternelle oubliée des politiques publiques.

Crise économique depuis 2017, crise sanitaire depuis 2020, crise de l’autorité depuis plus de 30 ans : de crise en crise, nous assistons à l’abandon du contrat social français par ceux-là même qui ont été désignés pour le défendre.

M. Macron depuis 2012, et avec une ardeur démultipliée depuis qu’il exerce un pouvoir sans limites, poursuit ce reniement, en particulier par les trois impensés du macronisme : l’éducation, les territoires et l’identité. Ces impensés fondent, avec la défense nationale, le socle du contrat social séculaire qui est fait pour protéger, non pas les amis de la « start-up nation », mais bien les laissés-pour-compte du mondialisme triomphant.

Remettre le maître au centre de la classe

L’impensé de l’éducation – en réalité de l’instruction, ce qui est très différent – trahit l’imprégnation socialiste de M. Macron. C’est le refus de toute autorité et l’abandon de toute exigence qui a conduit l’Education nationale à détruire niveau après niveau notre système scolaire, de sorte que les classements internationaux font de la France un des plus mauvais élèves dans l’enseignement de pratiquement toutes les matières.

Comment expliquer également que les centaines de millions dépensés en ZEP et ZEP+ ne donnent toujours aucun résultat quand les bons collèges des centres-villes ou des campagnes s’en sortent mieux avec quelques craies et un tableau noir ? Il suffit d’interroger les professeurs de ces établissements : d’un côté des collèges où la parole du maitre est respectée par les élèves et les parents, de l’autre des professeurs qui doivent passer les 30 premières minutes d’un cours qui en compte cinquante à « pacifier » sa classe.

Notre école pourra de nouveau être à la hauteur quand nous aurons remis le professeur au centre de la classe et qu’ainsi, il sera capable d’instruire et d’élever l’esprit critique de nos enfants, loin de la tyrannie des syndicats et autres pédagogistes – et même de certains parents.

De plus, il s’agit de clarifier le rôle de l’école : instruire des élèves capables d’exercer une citoyenneté éclairée (Condorcet) ou former des travailleurs utiles à notre économie libérale-libertaire (vision utilitariste) ? On connait le choix de M. Macron et de ses prédécesseurs, on voit aussi où ces choix nous ont conduits.

C’est Limoges et Rodez qu’on assassine

Ce désastre est aussi le reflet de l’impensé territorial du macronisme. Rappelons que M. Macron, après son enfance à Amiens, n’a jamais vécu ailleurs qu’à Paris. S’il ne fallait retenir qu’un exemple de cet impensé, il suffit de se souvenir de l’arrogance parisienne avec laquelle nos concitoyens des provinces ont été considérés (souvenons-nous de M. Griveaux et du « candidat de ceux qui fument des clopes et roulent au diesel »), déclenchant en réponse la crise des Gilets jaunes.

Or c’est dans les territoires ruraux que vivent nos concitoyens les plus fragiles (mères célibataires, jeunes non diplômés, créateurs de PME et TPE, etc.). Une politique qui oublie volontairement les deux tiers de notre pays contribue à assécher un peu plus nos centres-villes au profit des grandes surfaces commerciales sans âme et participe ainsi à la destruction du tissu économique et social de nos campagnes, sans parler des dégâts irréversibles engendrés par la pollution visuelle.

J’invite M. Macron à faire l’expérience de vivre un mois à Limoges ou à Rodez sans jamais prendre sa voiture et en évitant les zones commerciales démesurées. Une gageure quand la distance entre domicile, lieu de travail et école des enfants est toujours supérieure à 2 km.

« Fortifier les obligations de la patrie »

L’abandon des classes populaires est aussi la conséquence de l’aveuglement idéologique sur les frontières. Alors que nos métropoles se referment sur elles-mêmes pour interdire l’entrée aux « pauvres » de la périphérie, on laisse grandes ouvertes les frontières de notre pays.

A ceux qui ont peu, l’appartenance à une communauté ancrée dans un territoire signifie beaucoup, notamment en termes de solidarité. « Fortifier les obligations de la patrie envers les malheureux », selon l’expression de Jean Jaurès, est un impérieux devoir. Il est aujourd’hui piétiné par ceux qui exigent une solidarité sans limites.

Les fonds publics n’étant pas infinis, les classes populaires, qui ne sont ni assez riches pour franchir la « frontière » vers les grandes villes, ni assez pauvres pour être soutenues par la solidarité nationale, sont chaque jour davantage exclues du paysage social. Malheureusement pour elles, un immigré sera toujours plus pauvre et donc toujours plus prioritaire pour l’accès au logement et aux aides financières, et même pour l’accès aux centres-villes.

La dernière trahison d’Emmanuel Macron est celle de l’identité. Dénigrées par nos élites enfermées dans leurs bulles mondialistes, les valeurs françaises sont attaquées par le terrorisme islamiste et le terrorisme intellectuel indigéniste. Ces deux menaces prospèrent justement par l’absence de soutien à notre mode de vie. Au XXe siècle, quand l’immigré polonais ou espagnol – de même civilisation européenne donc –arrivait en France, il partageait la vie quotidienne des ouvriers et artisans français et trouvait là un modèle pour s’intégrer.

L’immigré, lui, souvent d’un mode de vie extrêmement différent, est, de plus, incité par l’intelligentsia « progressiste » à voir dans notre façon d’être l’expression d’une oppression séculaire.

Emmanuel Macron ou le chaos permanent

En 2017, nous avions soi-disant le choix entre le chaos avec Marine Le Pen et la marche en avant avec Emmanuel Macron. Nous avons eu M. Macron et le chaos. Civilisationnel, social, économique, politique.

Certains voudraient voir dans le général Pierre de Villiers un recours. Quelles que soient ses qualités, celui-ci se rapproche plus de la figure d'autorité paternelle rassurante qu’on appelle pendant la tourmente que de la figure exaltante d'un jeune général, tel Bonaparte, dont l'énergie reforgera le pays.

Visionnaire et lucide sur tous les périls, présents et à venir, l’honneur du Rassemblement national, avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, est de porter un message d’espoir pour notre pays. En proposant un nouveau contrat social soucieux de protéger tous les Français. Un contrat fondé sur une instruction ayant l’ambition de former les citoyens dont notre pays a besoin. Un contrat qui valorisera tous nos territoires, sans exception, grâce à un maillage de services publics accessibles partout et au développement des productions locales.

Un contrat, aussi, qui défendra notre identité française, chèrement acquise et préservée par ceux qui nous ont précédés et qui, par millions, ont sacrifié leur vie pour nous. Cela passera par une lutte sans merci contre l’islamisme et contre l’obscurantisme idéologique de la gauche indigéniste. Cela passera par le refus de toute concession à l’égard de leurs complices.

Laure Lavalette

Tribune libre

19 janvier 2021

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