Transport : l’avenir du marché automobile peut-il être électrique pour l’ensemble des Français ?

Julie Lechanteux

Tribune libre

11 décembre 2020

Tribune de Julie Lechanteux, Député français au Parlement européen

2020 est une année exceptionnelle, marquée par la crise sanitaire de la Covid-19, et par des mesures gouvernementales qui ont entrainé une crise économique et sociale sans précédent.

Discours de guerre sans pour autant armer les soldats, impréparation, décisions prises dans la précipitation sans penser aux conséquences, ordres et contre-ordres au sujet des masques etc, avec pour bilan, la promesse d’un Nouveau Monde.

La même promesse d’un Nouveau Monde, assénée avec autorité il y a plus de 10 ans après la crise dite des « subprimes » : une crise bancaire et financière mondiale.

La même promesse réalisée par le candidat Emmanuel Macron lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2017.

Pourtant, ni après 2008, ni après 2017, une once de changement n’est venue.

Cette fois encore, et en ce qui concerne les véhicules routiers, rien n’est à espérer. Le paradigme idéologique reste le même : l’ultralibéralisme mondialiste qui profite aux « gagnants de la mondialisation », au détriment des peuples.

Prenons quelques chiffres :

Selon le rapport annuel du Secours catholique, la France franchira les dix millions de pauvres en 2020.

Selon Élisabeth Borne, près de 9 millions de salariés ont été touchés par une mesure de chômage partiel en 2020.

Selon une note diffusée le 6 octobre par l’Insee, près de 840 000 emplois seraient perdus en 2020.

Toujours selon l’Insee, fin 2020 le taux de chômage en France devrait atteindre 9,7% de la population active.

Parallèlement à cela, le nombre de véhicules électriques vendus en France est passé de 2% du marché total de vente en début d’année, à 6% du total des ventes en novembre 2020.

Alors que le prix moyen d’un véhicule électrique à l’achat est bien plus élevé que celui d’un véhicule thermique classique.

Il y a une explication à cela. Le cercle fermé dont est issu Emmanuel Macron, est fait de banquiers d’affaires, de traders, de grands patrons de multinationales, de grands patrons d’assurances, de grands patrons de la communication, de grands patrons du CAC 40 etc ; ce milieu subit moins la crise que le peuple tout entier. C’est ce même milieu qui dirige notre pays depuis 40 ans, qui a pris toutes les décisions politiques qui nous ont amenés droit dans le mur aujourd’hui, dans un monde totalement ouvert et sans aucune protection.

A l’inverse, ceux qui font partie du monde réel, ceux qui ont dû continuer à travailler sur le terrain sans aucune protection, ceux qui subissent le chômage partiel, le licenciement économique, la faillite, ceux qui voient leur entreprise familiale couler pour cause de non-réouverture permise par l’État, encore actuellement, comme les restaurateurs, cafetiers, gérants de discothèque ; ces personnes-là n’investissent pas dans un véhicule électrique, car elles ne le peuvent pas.

Elles voient même leur parc automobile vieillir chaque année un peu plus : 10 ans de moyenne d’âge aujourd’hui contre 6 ans en 1990.

Et en même temps :

- le gouvernement a réduit le nombre de centrales nucléaires dans notre pays (Fessenheim il y a quelques semaines), alors que ce sont elles qui créent l’électricité nécessaire pour alimenter les voitures électriques,

- les batteries de ces véhicules sont pour la plupart de fabrication chinoise, avec des normes environnementales moins élevées qu’en France,

- les composants de ces batteries sont extraits en émettant aussi du CO2...

Il n’y a donc pas d’amélioration pour notre environnement, ni dans la production, qui est polluante car elle nécessite des importations de Chine ; ni dans l’utilisation des voitures hybrides, qui se trouvent être beaucoup plus polluante en conditions réelles qu’en laboratoire, avec un envol des émissions de CO2.

En Europe, la Commission européenne se montre tout aussi ambitieuse que déraisonnable. Elle a présenté le 19 novembre dernier son objectif de multiplier par 5 les capacités éoliennes offshore dans l’Union européenne d’ici 2030 et par 25 d’ici 2050. Pour un investissement total prévu de 800 milliards d’euros.

À titre de comparaison, l’Allemagne possède actuellement 30 000 éoliennes. Mais 64% de son électricité est produite à partir de charbon et de gaz, envoyant 36 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

Alors que la France, dont la production électrique est 10% supérieure, ne rejette que 7 500 tonnes de CO2.

La production éolienne est donc totalement insuffisante, et contraire à l’idée écologique.

Autrement dit, tout est fait pour répondre aux lubies d’une certaine catégorie déjà très favorisée, au nom d’un dogme qui ne s’appuie sur aucune logique, au détriment des Français.

C’est la France des métropoles mondialisées, minoritaire, qui impose sa loi à la France, périphérique, rurale, réelle, pourtant majoritaire.

En conclusion : aujourd’hui, et en l’état, la transition énergétique dans le domaine du véhicule électrique n’est pas une amélioration de vie pour les Français, mais un énième obstacle supplémentaire.

La seule vision pour un environnement durable, doit passer par un accompagnement, en coordination avec les acteurs du réel, sans contraintes déraisonnables, et sans favoriser les plus aisés au détriment de la majorité !

Julie Lechanteux

Tribune libre

11 décembre 2020

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