Surendettement : Les Français boivent la tasse !

Eléonore Bez

Tribune libre

14 février 2023

Tribune libre

Eléonore Bez

Conseillère régionale de Provence- Alpes-Côte d’Azur

 

Il y a encore quelques années, le surendettement était vu comme le résultat de la mauvaise gestion financière d’un ménage ou bien comme un drame résultant d’un accident de la vie et causant une situation de détresse.

La France des surendettés était souvent celle des crédits renouvelables et du piège de la surconsommation.

La Banque de France a publié récemment une enquête typologique sur le surendettement des ménages. Elle y révèle un nombre de statistiques très intéressantes qui permettent de mieux comprendre la nouvelle nature de ce phénomène.

Prudents, les Français contractent beaucoup moins de crédits renouvelables, ceux-ci sont très décriés, et ne forment plus que 45% des dossiers.

En revanche, les crédits à la consommation « traditionnels » ont vu leur part augmenter et concernent désormais 61% des dossiers de surendettement déposés à la Banque de France.

Lorsque l’on regarde de près la répartition des retards de paiement des charges courantes, les arriérés de charges de logement représentent la moitié des sommes dues et sont ainsi présents dans 49% des dossiers.

En d’autres termes, une grande majorité des charges courantes des dossiers de surendettement concerne des gens qui n’ont tout simplement plus les moyens de payer leur loyer.

Il n'est d'ailleurs pas surprenant que 76% des dossiers de surendettement soient le fait de ménages qui sont locataires de leur résidence principale, car la propriété a toujours été un bouclier supplémentaire contre la pauvreté. La Banque de France constate en effet une nette diminution de la part des ménages propriétaires déposant un dossier de surendettement.

Ainsi pour préserver les Français, le programme de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2022 prévoyait toute une série de mesures pour favoriser l’accès à la propriété, avec des mesures fiscales sur les droits de succession pour faciliter la transmission du patrimoine des classes moyennes, matraquées par une fiscalité confiscatoire.

Il est de ce point de vue intéressant de noter que la tranche d’âge la plus concernée par le surendettement est celle des 25-65 ans. Ils représentent 83% des dossiers déposés alors qu’ils ne sont que 60% de la population française. Cette classe d’âge est majoritairement celle des actifs que la hausse des prix de l’immobilier et des taux frappe de plein fouet, les contraignant à rester locataires alors même qu’ils ont un travail.

C’est en fait la France des « métiers essentiels » qui est surexposée au surendettement.

La catégorie socioprofessionnelle la plus importante est d’abord celle des employés, avec 31% des dossiers déposés, suivie par les chômeurs, 28% et enfin, les ouvriers, 22%.

La Banque de France estime que les deux tiers des ménages surendettés ont un niveau de vie inférieur au SMIC, et qu’environ la moitié seulement des revenus de ces ménages proviennent de leur travail. Ce sont donc majoritairement des gens qui travaillent, mais qui n’arrivent pas ou plus à finir les fins de mois avec les seuls revenus de leur activité.

Les premières victimes du surendettement sont aussi et surtout les mères célibataires. Alors que les femmes, cheffes de famille monoparentale ne représentent que 8% de la population française, elles sont concernées par 20% des dossiers de surendettement. Là encore, Marine Le Pen avait saisi cet enjeu de société majeur qu’est la pauvreté des mères célibataires qui n’arrivent plus à s’en sortir.

Ces quelques éléments permettent, en tout cas, d’esquisser un profil type des Français surendettés. Il s’agit en réalité de la catégorie de la population qui a été la plus frappée par les conséquences de la mondialisation, c’est-à-dire les actifs qui n’avaient que leur travail pour vivre et qui sont aujourd’hui contraints d’avoir recours à la solidarité caritative ou nationale, ou de boire la tasse lorsque celle-ci n’a pas la capacité de trouver une solution.

Plus encore, le profil majoritaire des surendettés est cette partie de la France à laquelle Emmanuel Macron et son gouvernement mènent une guerre économique et sociale implacable, dans les mots et dans les actes. Ce sont ceux qui n’ont « qu’à traverser la rue », « ceux qui ne sont rien », ceux qui devraient « s’acheter un costard ». Ce sont aussi ceux, triste coïncidence, que la réforme des retraites prévue par le gouvernement va briser encore davantage.

En effet, cette partie de la population est celle à qui l’on demandera de travailler deux ans de plus alors même que, bien souvent, elle n’arrive pas à travailler quand elle le désire et lorsqu’elle a la chance de travailler, ne gagne pas assez pour vivre. Les mères célibataires, particulièrement, n’avaient pas besoin de ce coup de pied de l’âne. Elles qui sont déjà dans une détresse économique et sociale intense et croissante comme le prouvent les chiffres de la Banque de France. La réforme du gouvernement prévoit ainsi que le minima des pensions à 1200 euros ne concernera que ceux qui ont une carrière complète, et ayant eu un salaire au niveau du Smic. Or, celles qui ont les carrières les plus irrégulières et souvent en dessous du Smic sont précisément ces mères célibataires si exposées au surendettement (20 %).

Cette réforme des retraites qui s’attaque ainsi aux Français les plus fragiles est un exemple du gouvernement de classe qui détruit peu à peu le pays.

Le phénomène de surendettement ne fait pas que des perdants. Car, si Macron a choisi de s’en prendre particulièrement aux actifs, aux mères célibataires et aux petits patrons, il y a une catégorie de la population qu’il a décidé de choyer : ceux qui ont fait du surendettement une affaire juteuse. Qui dit surendettement dit dettes, et donc créanciers.

En France, parmi les dix principaux créanciers qui détiennent 94% du surendettement, on retrouve les six plus grandes banques françaises que l’État a sauvées en 2008, avec l’argent des impôts des clients qu’elles chargent et surchargent jusqu’au surendettement. Un véritable cercle vicieux.

Les créanciers, ce sont finalement ceux auxquels Macron ne demande jamais rien.

Au Rassemblement National, nous défendons nos compatriotes vulnérables en préparant la réduction des impôts confiscatoires sur le travail et le patrimoine des plus modestes pour rediriger la contribution fiscale sur les superprofits des profiteurs de crise.

À la différence de Macron qui favorise les rentiers de l'hyperclasse financière déracinée, nous faisons le choix de l’avenir et de la jeunesse en proposant l’exonération d’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans afin que l’avenir de la nation vive dignement, innove, entreprenne et travaille en France.

Nous protégeons la famille en ne laissant pas démunies toutes ces mères célibataires qui doivent, seules, travailler tout en élevant leurs enfants, qui sont aussi ceux du pays.

Nous voulons transmettre à nos enfants, aux générations futures, un pays dans lequel ils pourront vivre du fruit de leur travail et dans lequel ils pourront conserver et transmettre le patrimoine de leurs parents ainsi qu’acquérir le leur. Un pays, la France, dont ils pourront être fiers.

C’est cela le sens de notre engagement et c’est pour cela que nous nous battons chaque jour dans nos assemblées et sur le terrain.

Eléonore Bez

Tribune libre

14 février 2023

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