Tribune libre de Marine Le Pen, présidente du Front National
Je partage l’inquiétude de la communauté scientifique devant la situation alarmante de notre recherche. Les réformes universitaires successives ont abouti à l’émergence d’un mille-feuille administratif et à l’étranglement financier de nombreuses universités, ces dernières se voyant contraintes de réduire fortement le nombre de postes permanents d’enseignants-chercheurs mis au concours. Dans le même temps, le CNRS a perdu plus de 800 postes permanents depuis 2002.
De surcroît, le financement de la recherche publique a été revu. Cette situation oblige les chercheurs à constituer des dossiers complexes et se révèle extrêmement chronophage. Il en résulte qu’un grand nombre de dossiers sont refusés pour de mauvaises raisons. A ce rythme, si rien n’est fait, la source des découvertes fondamentales ou appliquées va se tarir surtout au moment où les grands organismes de recherche publique ne peuvent plus mener dans des conditions acceptables des politiques de recherche à long terme.
Tout se passe comme si le but de cette politique démarrée en 2007, était d’obliger les chercheurs du secteur public à renoncer à la majeure partie de leur liberté de recherche académique pour assumer l’effort de recherche que nos entreprises ne parviennent plus à faire. Ces dernières, en effet, sont handicapées pour investir dans la recherche car elles subissent la politique de l’euro et la baisse de compétitivité qui en résulte.
Force est de constater encore que le saupoudrage des milliards du Crédit impôt recherche n’a pas empêché notre recherche industrielle et notre niveau de gamme de stagner.
La recherche industrielle allemande est au contraire florissante. Outre-Rhin, chaque entreprise définit sa propre politique de recherche couplée à une étude de marché, avant que ses chercheurs n’entrent en contact avec leurs collègues universitaires afin de résoudre les problèmes identifiés. Les élites allemandes sont largement formées par la recherche (27.000 thèses soutenues chaque année au rythme actuel) de sorte qu’il s’est instauré une culture de l’investissement dans la recherche-innovation à tous les niveaux du « vaisseau Allemagne ». Hélas, ce n’est pas le cas en France où 12.000 thèses seulement sont soutenues par an.
Si j’accède au pouvoir, je rétrocéderai la masse salariale des universités à l’État et simplifierai les structures administratives. Je permettrai aux chercheurs de retrouver leur liberté de recherche académique en réaffectant un financement récurrent correct à la recherche fondamentale.
En contrepartie, les crédits de la recherche finalisée à court terme seront diminués et l’organisation de cette dernière simplifiée et recentrée sur des objectifs ciblés. Il nous faudra pouvoir consacrer 3% du PIB à la recherche. Je mettrai en place un plan pluriannuel d’emplois statutaires pour les chercheurs et enseignants-chercheurs. Je prendrai des mesures fortes pour faire reconnaître le doctorat dans les conventions collectives et faciliter le recrutement de docteurs dans les secteurs clés de l’administration et de l’économie.
Mon programme économique permettra aux entreprises de retrouver une marge d’autofinancement et d’investir dans la recherche. Les chercheurs et enseignants-chercheurs du secteur public qui soutiendront une entreprise dans son effort de recherche pourront bénéficier, après évaluation, d’une reconnaissance dans le cadre des promotions.
J’ai beaucoup d’admiration pour nos chercheurs, ils constituent un formidable atout pour la France : sachons collectivement en tirer le meilleur !