Protéger notre patrimoine historique : Une mission de notre civilisation

Dominique Bilde

Tribune libre

25 juin 2020

Tribune libre de Dominique Bilde, député français au Parlement européen

À l’heure où certains groupuscules voudraient remettre en cause l’histoire de France en déboulonnant les statues des hommes et des femmes illustres de notre pays, notre patrimoine matériel et immatériel doit au contraire être protégé à tout prix. 

La France ne serait pas la France sans son héritage historique que le monde entier nous envie. Nos châteaux, nos cathédrales, nos édifices séculaires font partie intégrante de notre identité, mais ils sont aujourd’hui menacés.

En cause, par exemple, des acquisitions venant de l’étranger et notamment de Chine et des pays du Golfe.

Cet intérêt de la part d’investisseurs et acheteurs étrangers souligne l’attractivité de notre patrimoine, mais doit aussi attirer notre attention sur le fait que ces investissements et les ventes de biens historiques constituent une menace sur le long terme. Par exemple, en Ile-de-France, 50% des châteaux sont désormais détenus par des étrangers alors qu’il y a 30 ans encore presque tous les châteaux n’appartenaient qu’à des Français.

À noter aussi, que les propriétaires des plus grands palaces parisiens, eux aussi chargés d’histoire, sont très majoritairement des consortiums étrangers.

Force est de constater que les gouvernements actuels et précédents se sont efforcés de ne rien faire, voire d’encourager cette dilapidation de notre patrimoine, notamment via des exonérations fiscales spéciales pour les Qataris, pendant que les Français en sont, eux, réduits à devoir jouer au fameux loto du patrimoine de Stéphane Bern.

L’exemple est encore plus flagrant dans le Bordelais, où nos vignobles, appellations et châteaux sont rachetés, majoritairement par des investisseurs de Chine qui n’hésitent désormais plus à changer les noms de domaines pourtant historiques. Ainsi maintenant Le Château Tour Saint-Pierre est devenu « Château Lapin d’Or » ; le Château Clos Bel-Air a été renommé « Château Grande Antilope », Château Larteau répond maintenant au nom de « Château Lapin impérial »

Ce rachat en petits morceaux de la France et de son patrimoine, ne doit pas devenir une fatalité et c’est à l’État de prendre des mesures, afin d’imposer que plus de la moitié des parts du capital des domaines historiques soient réservées à des propriétaires français afin qu’ils restent dans le giron national.

Autre mission essentielle, la préservation et la continuité de l’accès pour tous à nos bâtiments historiques.

L’exemple du château de Lunéville, considéré comme « le Versailles de Lorraine », illustre bien cette situation. Un château qui fait la fierté de toute une région, touché à de nombreuses reprises par des incendies catastrophiques et dont s’étaient naturellement attristés tous les Lorrains et les Français amoureux de notre patrimoine.

Il apparaît aujourd’hui impératif de favoriser un partenariat qui ne verra pas les millions d’euros investis par le contribuable s’envoler au seul bénéfice d’une entreprise seulement intéressée par la rentabilité et qui de facto déposséderait les Lorrains du bien commun que représente le château de Lunéville.

C’est pourquoi dans ce cas précis, les amoureux de nos belles pierres doivent s’unir pour la redynamisation de ce joyau via une concession entre le secteur public et des acteurs privés qui auront à cœur de préserver un édifice qui fait la fierté de notre région.

Notre patrimoine doit être protégé, restauré et nous devons surtout le dynamiser afin de faire continuer à briller notre héritage civilisationnel, qui est l’histoire à part entière de notre pays.

Dominique Bilde

Tribune libre

25 juin 2020

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