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Ouverture des magasins le dimanche : pas de repos pour les ultralibéraux !

Timothée Houssin

Tribune libre

21 septembre 2018

Tribune de Timothée Houssin, Délégué départemental du RN 27, Conseiller régional de Normandie, Vice-président du Groupe Rassemblement National pour la Normandie

Durant l’été, 22 députés En Marche ont profité de leur temps de repos pour s’attaquer à celui des autres. Cédant aux pressions de l’ultralibéralisme et de la Commission européenne, ils ont signé une tribune appelant à l’élargissement de l’ouverture des magasins le dimanche.

Les 22 élus prennent exemple sur l’exception accordée aux zones touristiques internationales, où se bousculent les touristes asiatiques, américains ou moyen-orientaux, pour justifier un élargissement national de l’ouverture dominicale. Certes, les commerces de ces zones ont vu leur chiffre d’affaires augmenter depuis les dispositions facilitant leur ouverture le dimanche, mais rappelons que 12 de ces 21 zones sont dans Paris.

Il est évident qu’en dehors des zones touristiques bénéficiant déjà d’aménagements, cette mesure ne créera pas de croissance, elle ne fera que différer la consommation. Un rapport de la Chambre de commerce et de l’industrie de Paris, réalisé en 2018, démontre que, pour les commerçants, l’ouverture le dimanche a pour conséquence « un report du chiffre d’affaires ». L’Observatoire du commerce dans les zones touristiques internationales prouve, quant à lui, que l’ouverture du dimanche a profité aux grandes enseignes, au détriment des petits commerces.

De nombreuses dérogations sont déjà accordées aux commerces dont l’activité peut être logiquement accrue le dimanche comme les boulangeries ou les magasins de bricolage. La loi permet également l’ouverture 12 dimanches ou jours fériés par an pour nombre d’autres commerces, soit un jour par mois. Ces dispositions sont plus que suffisantes pour couvrir les fêtes de fin d’année ou les pics saisonniers

d’activité. Le travail dominical n’est plus marginal puisqu’un salarié sur cinq et un indépendant sur trois travaillent au moins un dimanche par mois.

L’erreur de ces députés est de prétendre que l’ouverture le dimanche est une question de liberté. À court terme cela peut être une liberté pour les indépendants, mais les salariés, eux, seront implicitement contraints d’accepter de travailler le dimanche si le magasin dans lequel ils sont employés est ouvert. Dans un premier temps, les travailleurs dominicaux bénéficieront de primes, mais lorsque cela sera devenu normal pour tous de travailler le dimanche, il y a fort à parier que celui-ci sera payé comme n’importe quel autre jour de la semaine, comme c’est déjà le cas dans les pays les plus libéraux comme le Royaume-Uni.

La richesse d’une nation ne se mesure pas uniquement à sa consommation. Elle dépend aussi de la capacité de ses citoyens à partager des moments ensemble, entre amis, en famille, et à avoir des activités extra-professionnelles et extra-commerciales comme le sport, l’engagement associatif ou la culture.

Le seul point sur lequel ces députés sont lucides, c’est lorsqu’ils évoquent un « enjeu sociétal ». L’enjeu sociétal n’étant pas celui qu’ils décrivent, mais celui de continuer à considérer la société et la famille comme étant prioritaires sur les sociétés et les profits, ne serait-ce qu’un jour par semaine. Continuer à considérer la vie en collectivité comme prioritaire sur les désirs de l’individu, l’être prioritaire sur l’avoir. C’est également un enjeu de civilisation, de préservation de nos racines chrétiennes et d’une tradition européenne multiséculaire, puisque l’empereur Constantin a fait interdire le travail dominical dans l’Empire romain en 321.

Favoriser l’ouverture le dimanche c’est aussi tuer nos indépendants. Enlever à ceux qui ouvrent le dimanche l’avantage qu’ils ont par rapport aux grandes enseignes fermées ce jour-là. C’est aussi contraindre ceux qui ont fait le choix de conserver leur dimanche pour

d’autres activités à être ouvert un jour de plus, sans autre retombée que l’étalement du chiffre d’affaires sur un jour supplémentaire.

Rappelons qu’une étude demandée en 2006 par le ministre des PME et du Commerce estimait à 200 000 la destruction d’emplois dans les petits commerces en cas d’ouverture généralisée des magasins le dimanche. L’idée éculée de l’ouverture dominicale des commerces ne créera pas de pouvoir d’achat supplémentaire pour les Français, donc pas davantage de chiffre d’affaires pour les commerces.

Enfin, il est intéressant de voir les macronistes s’attaquer au travail dominical au moment même où, en Italie, le gouvernement de coalition auquel participe notre allié Matteo Salvini, envisage, lui, de revenir sur l’ouverture dominicale qui « détruit les familles ». Les prochaines européennes verront s’affronter deux grandes familles de pensée sur leur conception de l’Europe, mais aussi de la vie !

Timothée Houssin

Tribune libre

21 septembre 2018

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