On ne fait pas la guerre avec des antimilitaristes!

Jean-Paul Garraud

Tribune libre

21 octobre 2020

Communiqué de presse de Jean-Paul Garraud, Député français au Parlement européen, Président de l’Association Professionnelle des Magistrats

Le ministre de la Justice sort enfin de son silence...

Il déclare notamment au journal Le Parisien que " la barbarie est à nos portes..."

Mais les portes sont franchies depuis longtemps, d'autant plus qu'on les a ouvertes en grand.

Il aura donc fallu... plus de trois jours pour que Me Dupond-Moretti réagisse au dernier attentat islamiste, "lanterne rouge" du Gouvernement et de la classe politique... Il était, d'ailleurs, resté taisant, jusqu'ici, devant les violences subies, notamment, par des policiers : manifestement, ce ne sont pas là des causes qui l'inspirent...

On le sent, en effet, très mal à l'aise dans cet exercice : et pour cause ! Pour celui qui refusait avec acharnement le mot d' "ensauvagement" et pour qui l'insécurité n'était qu'un "fantasme", ce terrible boomerang des faits est impitoyable, et, l'on sent qu'il se force quand il dit que "la barbarie est à nos portes"... Ce devoir médiatique expédié, il n'a de cesse d'ergoter, et de freiner des quatre fers sur les mesures à prendre ; en s'empressant de revenir à sa cible favorite : le "populisme" -manifestement son véritable ennemi, plus que l'islamisme....

Il est vrai que la contorsion doit être pénible pour la colonne vertébrale de celui qui, il y a à peine plus d'un an, avait indigné l'opinion et révolté les familles des victimes, par son agressivité et ses propos très provocateurs au soutien du frère du terroriste Mohamed Merah, le répugnant assassin islamiste de 7 personnes à Toulouse et Montauban, dont des écoliers juifs : plaidant son acquittement, il n'avait pu éviter, à son grand dépit et à sa rage virulente, une condamnation à 30 ans de réclusion criminelle...

Sa présence même au sein du Gouvernement altère ainsi toute la crédibilité de ce dernier face au terrorisme et qui plus est, au moment où il est mis en cause dans plusieurs affaires de conflit d'intérêts, qui l'obligent même, à se défausser de ses compétences dans ces dossiers au profit du Premier ministre, fait sans précédent pour un garde des Sceaux...

En fait, le principal "conflit d'intérêt", chez lui, c'est celui qui oppose, d'un côté, l’avocat, qu'il reste foncièrement au fond de lui et qui ressort à la moindre occasion, et, de l'autre côté, le ministre, dont il n'arrive pas à assumer pleinement et sans arrière-pensées le rôle : mais on ne fait pas la guerre avec des antimilitaristes !

Jean-Paul Garraud

Tribune libre

21 octobre 2020

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