Le couple franco-allemand, rupture à Berlin, continuité à Paris ?

Catherine Griset

Tribune libre

06 octobre 2021

Tribune de Mme Catherine Griset, député européen RN, membre du groupe Identité et Démocratie

 

Bulletin Quotidien Europe 12800 - 29/9/2021

 

Le couple franco-allemand, rupture à Berlin, continuité à Paris ?

 

« [...] L’on peut conclure que la réélection d’Emmanuel Macron est le scénario le plus probable. Dans ce cas, la continuité de la bonne coopération franco-allemande serait assurée, ce qu’aucun des autres candidats (et sûrement pas Mme Le Pen) ne peut garantir, faute d’expérience appropriée [...] ».

On n’est malheureusement jamais au bout de ses peines avec le parti pris journalistique. On voudrait encore y croire, faire la part des choses, mais les désillusions sont trop nombreuses. Ce fléau touche même des secteurs respectables qu’on pensait encore préservés du fait de leur spécialisation et de la relative technicité de leurs sujets. Je veux parler ici du bulletin d’information des institutions européennes, à vocation technocratique donc, et plus précisément d’un article consacré au couple franco-allemand.

En effet, celui-ci se termine par une assertion à la fois malveillante et dénuée de fondement prétendant que Marine le Pen serait particulièrement incapable de garantir la bonne continuité du « couple franco-allemand ».

Faut-il s’étonner d’abord que le non-sens de cette expression, pourtant sans cesse démontré par l’actualité, ne saute pas au visage de ces personnes censées être avisées et renseignées? Est-ce dû à l’ignorance, à l’aveuglement, ou à la mauvaise foi ? Sur quoi fondent-elles leurs certitudes ? Il faudrait qu’ils relisent leurs articles. Peut-être n’avons-nous pas la même conception du mot « couple ». Dans un couple règne l’écoute, l’équilibre et l’harmonie, pas l’indifférence, le fait accompli et le rapport de force. Ce n’est pas le cas ici.

Quant à Marine le Pen, on est en droit de se demander les raisons pour lesquelles ces distributeurs de bons points la condamnent avec tant d’aplomb, plus que les autres candidats. En revanche, il y a de quoi faire avec le bilan du « Mozart de la finance » (seul) promoteur de l’autonomie stratégique, chantre de la coopération internationale avec des Anglo-saxons qui le lui rendent bien, et adepte d’un exercice jupitérien du pouvoir.

Non seulement il est imprudent, comme c’est écrit dans l’article, de se livrer à des pronostics électoraux, mais il est aussi déroutant et pour le moins déplacé de se livrer à une opération de propagande dans une lettre d’information institutionnelle. Mais c’est peut-être le choix éditorial, après tout.

Espérons, à l’avenir, avoir l’occasion de lire des analyses à la hauteur des exigences que requiert la complexité de la pensée (le concept de « pensée complexe » étant cher à leur candidat favori), loin du simplisme et du jugement moral. La qualité du travail accompli n’en sera que meilleure et plus enrichissante pour le lecteur.

Catherine Griset

Tribune libre

06 octobre 2021

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