Tribune de Dominique Bilde
Depuis la fin de la guerre froide et la chute de l’URSS, l’OTAN poursuit une expansion à l’Est en direction de la Russie. La chronologie des adhésions se termine aujourd’hui par la Finlande et la Suède, qui sont entrées dans l’OTAN il y a quelques mois. Cela augmente la distance de frontière juxtaposée entre l’OTAN et la Russie. Deux pays manquent à l’appel et font tampons entre le bloc de l’Est et le bloc de l’Ouest, notamment la Biélorussie (Belarus). La volonté de faire partie de nos institutions a amené la Russie à déclarer la guerre contre l’Ukraine afin de garder une barrière entre elle et le monde occidental avec un pays neutre.
L’essence même de l’alliance atlantique est la lutte contre une menace à la démocratie ou bien à l’ordre international. La lutte idéologique contre le communisme est aussi l’un de ses fondements. L’avenir de cette alliance « trusté » par l’impérialisme américain se trouve entre les mains des États-Unis dont la défense de l’Europe dépend. Une extension européenne de cette alliance est à double tranchant au vu des menaces de la Russie qui se sentira directement concernée. Le rôle des Européens dans leur sécurité est primordial.
Le constat est simple. La conjoncture actuelle fait état d’une chose. L’objectif de l’OTAN est de renforcer ses positions à l’Est de l’Europe et dans les Balkans face à la menace russe. C’est pourquoi l’OTAN va réhabiliter une base aérienne en Albanie. Cette base est un lieu stratégique pour les alliés, car les risques d’instabilité dans cette zone ont augmenté depuis l’attaque de l’Ukraine. D’un point de vue géopolitique, la Russie a été reléguée du rang de partenaire à celui d’ennemi de la coalition de l’Atlantique.
À Taïwan, l’enjeu pour les États-Unis et donc par déduction pour l’OTAN est de garder une emprise territoriale par le biais de la bonne entente avec l’île de Taïwan pour continuer à appliquer un soft power dans le Pacifique. L’annexion de Taïwan par les Chinois serait regrettable pour ce peuple qui veut conserver son indépendance. Les manœuvres d’exercices sont le même procédé que les Russes pour entrer en Ukraine. La vieille technique de la condition sans retour se pratiquait déjà au 20e siècle pour déclencher une guerre.
Pour les alliés de l’OTAN, les perspectives d’actions se trouvent dans le soutien à ces pays en guerre dans la limite du possible afin de ne pas attirer les foudres de ces virulents pays autoritaires.
La situation est critique et l’enjeu de taille. L’OTAN va faire face à des problématiques importantes dans les années à venir et l’issue des situations que nous allons rencontrer dépendra de la capacité des États membres à répondre de concert aux épreuves. La réponse quand bien même serait-elle coordonnée doit se faire de manière souveraine, dans le respect des intérêts nationaux afin de ne pas tomber sous le dictat d’une puissance impériale qui nous serait nocif. La crise énergétique qui arrivera cet hiver due aux politiques relatives au nucléaire, qui nous ont démunis de notre souveraineté énergétique ne devrait pas aider les choses. Les relations diplomatiques doivent primer sur la violence.