Immigration : à l'UMP, tout n'est que posture et imposture

Steeve Briois

13 décembre 2013

Edito (13.12.13) de Steeve Briois, Secrétaire général du Front National

L'UMP ne sait décidément plus quelle stratégie adopter : courtiser les électeurs du Front National ou les mépriser ouvertement ? Combattre l'immigration (sur la forme tout du moins) ou s'en faire les apologistes ?

Alors qu'il se murmure que Sarkozy souhaiterait revenir avec une posture de centre-droit pour ratisser large et tenter un retour gagnant, Copé enfile ses gros sabots en proposant la suppression de l'AME – mesure symbole de ce qui caractérise la préférence étrangère – et une renégociation de la Convention Européenne des droits de l'Homme qui empêche de toucher au sacro-saint regroupement familial, principal mécanisme de massification de l'immigration.

Les cadres de l'UMP ont véritablement le don de prendre les Français pour des abrutis : après avoir exercé le pouvoir pendant ces 20 dernières années, ils ont attendu d'en être boutés pour muscler leurs propos. Lorsque les députés frontistes ont proposé la suppression de l'AME par voie d'amendement au tout début du mandat parlementaire, le groupe UMP à l'Assemblée Nationale avait bien entendu, n'écoutant que son courage tout relatif, refusé de se joindre à cette proposition de bon sens.

Des lois Pasqua aux lois Debré, des discours circonstanciés et opportunistes de Chirac et Sarkozy, la politique de l'UMP en matière d'immigration n'a jamais été qu'une succession d'arnaques cosmétiques et sémantiques pour tenter de séduire deux électorats aux intérêts diamétralement opposés sur ce thème. Car entre le grand patronat qui se sert de l'immigration comme d'un flingue sur la tempe des travailleurs, et ces mêmes travailleurs qui perçoivent l'immigration comme une légitime menace sur leurs conditions de travail et leurs salaires, l'UMP peut difficilement satisfaire tout le monde : pas facile de contenter les bourreaux et les condamnés.

Qu'à cela ne tienne, l'UMP ménage la chèvre et le chou. Dans le discours, on bombe le torse pour embobiner – en vain – ceux qui parmi nos compatriotes n'ont qu'à subir. La pratique est plus cynique : il faut bien donner des gages au MEDEF et aux grands groupes, principaux mécènes et relais d'opinion de l'ultralibéralisme à la « française ». Réforme du Code de la nationalité, réduction drastique des naturalisations, remise en cause de la libre circulation des personnes ou encore le rétablissement des frontières : rien de tout cela n'est évoqué ou abordé, le reste n'est que cautère sur jambe de bois.

Copé n'a pas retenu les leçons de la défaite de Sarkozy lors de la dernière élection présidentielle : quand la trahison est manifeste, les Français peuvent avoir une rancune particulièrement tenace.

Steeve Briois

13 décembre 2013

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