Fracture numérique : Le confinement, vecteur d’inégalités

Aurelia Beigneux

Tribune libre

11 mai 2020

Tribune libre d’Aurélia Beigneux, Député français au Parlement européen, Membre de la Commission Environnement et Santé publique

La crise sanitaire que connaît le monde va, c’est une certitude, défi-nitivement bouleverser nos habitudes et nos sociétés. Qu’elles soient physiques ou virtuelles, nos interactions ne seront plus les mêmes jusqu’à l’élaboration d’un vaccin comme le précise l’OMS.

Il y aura un avant et un après COVID-19.

Les vertus humaines du numérique ont été renforcées par le confi-nement. Puissant outil à même de rompre l’isolement des per-sonnes âgées (les initiatives à cet effet se sont multipliées), le nu-mérique aura ainsi pris le relai d’une vie mise en pause, permettant aux individus de préserver un minimum le lien social.

Rendu presque obligatoire pour les démarches administratives, le numérique est aujourd’hui devenu essentiel en matière de travail, d’enseignement et demain, il le sera en matière de médecine.

Malheureusement, de nombreux Français subissent la double peine liée au confinement. De fait, le numérique, s’il renforce les inégali-tés entre les citoyens, renforce aussi celles entre les territoires. Et en la matière, l’Europe et particulièrement la France accusent un inexcusable retard.

A la traine en matière de formation, la France l’est aussi en matière d’équipements. Si 21% des plus de 15 ans se disent incapables de communiquer via internet, 17% ne disposent ni des compétences

requises, ni du matériel adéquat. Mais surtout, les principales vic-times de cet isolement numérique sont les retraités et les per-sonnes précaires.

En retard, la France l’est aussi dans la qualité de ses infrastruc-tures. Couverture mobile, déploiement de la fibre optique, il y a au-jourd’hui un pays à deux vitesses. D’un côté, les métropoles hy-perconnectées et mondialisées, et de l’autre la France périphérique et des zones blanches. Déjà fragilisés par la désertification médi-cale et l’abandon des services publics programmés, ces territoires perdent alors toute attractivité.

Réduire la fracture numérique, c’est renforcer le localisme afin de rendre vie à ces territoires sciemment abandonnés. C’est donner aux entreprises la possibilité de se développer localement et de faire face sereinement à la concurrence. C’est donner aux citoyens la possibilité de travailler, de se former et de préserver le lien social où qu’ils soient. Mais c’est avant tout la manière de garantir un prin-cipe essentiel de notre démocratie, l’égalité.

Aurelia Beigneux

Tribune libre

11 mai 2020

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