Tribune libre de Nicolas Meizonnet
Maladie incomprise, peu connue, parfois même par les femmes qui en souffrent, l’endométriose atteint des millions de nos concitoyennes. Souffrant parfois dès l’âge de la puberté et dès les premières règles, ces femmes sont malheureusement trop souvent dans l’incapacité de comprendre le mal qui les traverse et ne trouvent, encore aujourd’hui, que trop rarement une oreille médicale attentive et compréhensive face à ce problème.
Sur ce sujet, il faut le reconnaître, nous avons du retard. Aujourd’hui, une femme atteinte des symptômes ne verra son endométriose détectée médicalement qu’en moyenne 7 années plus tard. Parfois cela peut prendre 10, 15, 20 ans. Au pays de Pasteur, reconnaissons que ça n’est pas acceptable.
Le constat est saisissant. Une femme sur 10 serait atteinte. Soit 10% des femmes, jusqu’à 2,5 millions de Françaises, et, de fait, un grand nombre d’entre elles restant isolées dans leur souffrance.
On parle ici d’une véritable souffrance. D’une maladie qui irradie tout le corps, qui engendre des douleurs très vives, des saignements interminables, abondants, qui entraine des crampes aiguës, des vomissements, jusqu’à, dans certains cas, l’évanouissement.
On parle ici d’une maladie qui constitue un véritable handicap. Une maladie qui est la première cause d’infertilité. Une maladie qui peut avoir des conséquences psychologiques lourdes, qui affecte la vie sociale, la vie professionnelle, la vie intime. Ce sont des étudiantes qui ne peuvent pas se rendre en cours. Ce sont des femmes dans l’incapacité de se rendre au travail, clouées au lit en position fœtale. Des femmes qui parfois ont honte de se mettre en arrêt maladie.
Une maladie qui doit donc nous appeler à écouter ces femmes et à entamer une réflexion ouverte, par-delà les sensibilités partisanes. Ainsi, nous jugeons que cette proposition de résolution va dans le bon sens et qu’il est, en effet, urgent d’engager le gouvernement, ou le futur gouvernement, à prendre ce sujet à bras-le-corps.
Pour faire face à cette maladie, les solutions sont, hélas, peu nombreuses.
Cela passe, bien sûr, par la sensibilisation. Sensibilisation à travers le tissu associatif, qui effectue souvent un travail remarquable sur le sujet. Sensibilisation, éventuellement, par l’école. Au collège. Puisque l’on y aborde les questions de puberté, de sexualité, alors sans doute peut-on y ajouter la prévention à l’endométriose.
Ensuite il y a la détection qui est évidemment un point où l’on est en droit d’attendre de grandes améliorations. Cela ne peut se faire qu’avec le personnel médical qui doit également être mieux formé, informé sur cette question. Nous pouvons également réfléchir à proposer un diagnostic préventif et gratuit pour les jeunes femmes dès 15 ans, voire l’intégrer au premier examen gynécologique, qui intervient autour de 21 ans.
Il y a bien sûr la recherche médicale, pour laquelle il faut mettre des moyens afin de trouver un traitement efficace, ce qui ne peut résulter que d’une réelle volonté politique.
Enfin, il y a la reconnaissance et la prise en charge de cette maladie, comme l’ont proposé ce jour les députés de la France Insoumise. Partageant le constat de la nécessité de reconnaître l’endométriose comme une affection longue durée pour que les femmes puissent bénéficier d’une meilleure prise en charge de leur soin, j’ai voté cette proposition de résolution.
Je conclurai en m’étonnant tout de même des très récentes prises de position du président de la République sur ce sujet. Si je ne considère pas qu’il faille mal accueillir une démarche allant vers une meilleure reconnaissance de cette maladie, on ne peut que déplorer, une fois encore, que cela intervienne à 80 jours de l’élection présidentielle.