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Déclarons enfin la guerre au trafic de drogue !

Eléonore Bez

Tribune libre

20 mars 2023

Tribune d'Éléonore Bez

 

La ville de Marseille est sous les feux de l’actualité depuis plusieurs années : les règlements de compte sanglants et meurtriers se multiplient et la transforment en une nouvelle Bogota. Cependant, il ne faudrait pas se méprendre sur ces vendettas qui endeuillent et ternissent l’image de la ville : ce n’est pas une spécificité marseillaise, comme pourraient le faire croire ceux qui font du Marseille « bashing ».

La réalité, c’est que ces règlements de compte se produisent partout en France où les conditions - immigration, familles déstructurées et culte de l’argent facile - sont réunies pour que prospère le trafic de drogue.

Les exemples ne manquent pas : la Seine-Saint-Denis, c’est de notoriété publique, est devenue un enfer de la drogue, où les honnêtes gens subissent tous les jours la loi des dealers.

Le Rassemblement National est leur espoir pour sortir de ce cercle infernal : ce même espoir qu’a suivi Jordan Bardella lorsqu’il nous a rejoints.

À Perpignan aussi, ville frontalière avec l’Espagne, où le maire, Louis Aliot, mène chaque jour une guerre sans merci contre les points de deal qui se sont multipliés à la faveur d’une frontière effacée.

L’ensemble du territoire français, y compris notre ruralité, souffre bien d’un même mal : une guerre entre trafiquants pour l’appropriation du très lucratif marché de la drogue, qui va maintenant de pair avec le trafic d’êtres humains. La source de toute criminalité, c’est l’envie de gagner beaucoup d’argent, facilement et rapidement. Le crime paie en France, où l’on estime à près de 3 milliards d’euros annuels le chiffre d’affaires de la drogue. Cette « industrie » clandestine « emploie » quelques 200 000 individus sur le territoire national : des guetteurs - souvent mineurs - qui contrôlent les abords des cités voire des quartiers entiers, jusqu’aux patrons de réseaux internationaux criminels.

C’est parce qu’il est aisé de blanchir l’argent issu de leurs activités criminelles que ces individus peuvent continuer de prospérer.

Lutter contre le crime organisé sans une stratégie efficace de lutte contre le blanchiment d’argent revient à vouloir vider la mer avec une fourchette. Oui, il faut mettre mille, deux mille, dix mille policiers de plus dans les rues pour arrêter ces trafiquants et veiller à la tranquillité immédiate des honnêtes gens qui les subissent. Ce n’est pourtant pas suffisant. L’expérience montre que le trafic diminue momentanément, mais reprend dans les heures qui suivent.

La seule solution qui permette d’assurer de manière pérenne l’extinction de ces réseaux est le tarissement de la source pécuniaire du trafic.

La France peut se féliciter d’être pionnière dans ce domaine. Pourtant, bien trop de lacunes subsistent. Nous arrivons très bien à détecter, poursuivre et condamner l’autoblanchiment, qui concerne essentiellement des petits réseaux ou des individus isolés. Mais nous ne sommes pratiquement pas en capacité de faire face au blanchiment professionnel organisé, qui agit très souvent pour le compte de réseaux transnationaux de l’autre côté de l’Atlantique et surtout, sur la rive sud de la Méditerranée.

C’est pourquoi le renforcement de la lutte contre le blanchiment de l’argent de la drogue doit passer par deux grands axes essentiels :

En premier lieu, sur notre territoire et en amont, une meilleure prise en compte des enjeux du blanchiment d’argent est indispensable. Si le secteur de la banque est à présent bien sensibilisé, et que les dispositifs légaux sont connus, de nombreuses autres professions intègrent encore trop mal ce problème dans leurs activités quotidiennes. C’est le cas des professions non financières des domaines de la bijouterie, du luxe et de l’immobilier.

Le partage d’informations préventives entre ces professions n’est pas encore suffisamment développé : les dispositifs légaux existent, mais ils sont encore trop méconnus pour être utilisés efficacement.

Ensuite, il est absolument nécessaire de revoir entièrement la manière dont nous abordons notre politique étrangère méditerranéenne. François Hollande a refroidi nos relations de coopération avec le Maroc pour faire plaisir à l’Algérie : une position irresponsable et excessivement néfaste, d’ailleurs poursuivie par Emmanuel Macron.

Le Royaume chérifien occupe en effet une position stratégique sur le front de la drogue : coopérer activement avec lui fait partie des impératifs dans la lutte contre le trafic de drogue qui gangrène notre pays.

Nous pouvons gagner la guerre contre les barons de la drogue. Mais à une seule condition : la mener enfin sérieusement.

Eléonore Bez

Tribune libre

20 mars 2023

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