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Agence européenne de santé EFSA et perturbateurs endocriniens : stop aux conflits d’intérêts qui menacent la santé des consommateurs

Collectif Nouvelle Ecologie

28 mai 2015

Tribune libre de Philippe Murer et Éric Richermoz du Collectif Nouvelle Ecologie

Le journaliste Stéphane Horel a enquêté pendant deux ans sur l’agence de santé européenne EFSA et le projet d’interdiction des perturbateurs endocriniens. Il relève dans une de ses publications que « Plus de la moitié des 209 experts des groupes scientifiques de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ont des conflits d’intérêts », via des animations, des colloques, des travaux de consultants et de recherches. Son travail est relayé par le Canard Enchaîné du 27 Mai 2015.

Or, ces liens entre experts chargés de la santé publique dans l’Union Européenne et l’industrie les auraient conduits à ne pas interdire certains perturbateurs endocriniens, avec l’amicale pression de lobbyistes de l’entreprise chimique Bayer comme le montre l’article du Canard Enchaîné.

Le rapport de l’EFSA sur les perturbateurs endocriniens est en totale contradiction avec le rapport du 19 Février 2013 de l’OMS qui conclut que les perturbateurs endocriniens sont « une menace globale » sur la santé « qui impose de trouver une solution ». Les perturbateurs endocriniens pourront grâce au rapport de l’EFSA, et malgré l’avis de l’OMS, continuer ainsi à être inclus dans de très nombreux produits consommés dans l’Union Européenne.

Gênés aux entournures, certains experts de l’EFSA ont écrit des courriels valant presque aveu de culpabilité : l’un deux gémit « Chers collègues, La vie est compliquée. Il est presqu’embarrassant de comparer notre version actuelle avec le rapport de l’OMS/PNUE. » ; un autre déclare « Je suis heureux de ne pas avoir à être présent à la conférence de presse … pour défendre le rapport actuel … sachant que l’auditoire aura lu le rapport de l’OMS. Un vrai cauchemar… Une seule solution selon l’expert « Refaire notre rapport ou, au moins, le modifier de façon significative ».

Ce fait scandaleux a été relayé par le Canard Enchaîné ; malgré la détestation affichée de ce journal pour le Front National, nous nous félicitons de la médiatisation de ce problème de santé publique majeur.

Il est urgent que des sujets de santé publique ne soient plus tranchés par des experts parfois gangrénés par les conflits d’intérêts et la corruption. Nous proposons que l’ensemble des experts compétents en santé publique, ayant travaillé pour l’Université ou la Recherche Publique, se retrouvent une fois par an dans une réunion ouverte à la presse et au public. Les candidats aux postes dans les agences de santé y défendront leur dossier. Une élection par le collège des experts établira une liste large de candidats possibles en se basant sur les critères de compétences, d’indépendance et de probité.

Les membres des agences de santé seront ensuite désignés grâce à un tirage au sort à partir de cette liste, ceci afin d’éviter tout conflit d’intérêt. La durée du mandat des experts sera réduite à 5 ans et chaque année un système de rotation permettra de faire rentrer et sortir un cinquième des experts.

La qualité des experts sera garantie par l’étude de leur dossier par l’ensemble de leurs collèges lors de la constitution de la liste. Le tirage au sort permettra d’éviter toute cooptation ou désignation malsaine et potentiellement corruptrice. La diversité et la rotation feront peur aux experts corrompus dont les dossiers pourront être jugés et ouverts par des experts nommés par le

hasard ! Enfin, la durée assez courte de passage et le renouvellement empêcheront les liens trop « amicaux » entre experts et industrie.

Ce sujet est très important : il est temps de changer de méthode et de faire preuve de courage pour que la santé des citoyens ne soit plus en danger !

Collectif Nouvelle Ecologie

28 mai 2015

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