Tribune libre d’Eric Domard, Conseiller spécial de Marine Le Pen
L’Elysée l’a annoncé, Pierre Moscovici prendra la tête de la Cour des comptes le 3 juin prochain. Le vieux monde dont Emmanuel Macron prononçait l’oraison funèbre en 2017, renaît de ses cendres. Il n’a en réalité jamais disparu.
Caricature de cette gauche technocratique qui s’est convertie au libéralisme et au fédéralisme qui forment l’ADN de l’idéologie mondialiste, Pierre Moscovici était le candidat idéal pour phagocyter un peu plus la Cour des comptes, cette juridiction financière chargée principalement de contrôler la régularité des comptes publics de l’Etat, des établissements publics nationaux, des entreprises publiques et de la sécurité sociale.
Cet ancien ministre de l’Economie et des Finances de François Hollande avait quitté opportunément le radeau socialiste avant le naufrage électoral pour rejoindre les rivages plus sécurisants de la Commission européenne.
Technocrate strauss-kahnien, il n’a eu aucun mal à opérer sa mue idéologique. En commissaire zélé des marchés financiers et prédicateur de la doxa libérale, il a appliqué à la lettre les principes qui guident toute action politique de l’Union européenne : la construction de l’Europe fédéraliste se fondant sur la déconstruction des nations européennes, il faut donc priver les nations de leur souveraineté, pour les priver de leur puissance.
La loi du marché, la soumission du politique à l’économie, la recherche effrénée du profit à court-terme, l’avènement du règne sans partage du libre-échange, affranchi de tout principe de contrôle et de régulation, cette nouvelle religion des « sachants », économiquement et socialement ravageuse pour les classes moyennes et populaires, a trouvé le cadre idéal de sa propagation au sein d’une Commission européenne, dont les tout-puissants commissaires n’ont de compte à rendre à aucun électeur, n’étant pas élus, mais nommés, se protégeant ainsi de toute sanction démocratique.
A peine nommé Commissaire européen, Moscovici exerçait d’ailleurs sans modération ce pouvoir supranational en appelant en 2015 dans une interview au Figaro, à aller plus loin que la loi Macron et l’extension du travail le dimanche, à changer la représentation du personnel dans les entreprises françaises, à « réformer » le système de retraites...
C’est pour Emmanuel Macron qui n’a pas remplacé l’ancien Monde mais s’est contenté de le recycler, le candidat idéal, celui qui défendra l’ultralibéralisme dans sa forme la plus pernicieuse, technocratique, déshumanisée et foncièrement néfaste pour les Français.
Celui également qui sous couvert de veiller à la bonne gestion et tenue des comptes publics, assénera ad nauseam son catéchisme fédéraliste : affaiblir, démanteler les services publics qui constituent l’ossature de la puissance publique et de fait de l’Etat-Nation.
Cette vassalisation des institutions de la Nation à l’ordre européiste aura également des conséquences sur le plan migratoire.
Immigrationniste forcené, partisan acharné du sans-frontiérisme, communautariste convaincu, (en 2010, alors député, il jugeait que le projet d'interdire totalement dans l'espace public le voile intégral était un «passage en force face à la Constitution» et qu'il
s'agissait d'une «loi de stigmatisation» risquant d'être «inapplicable»), Pierre Moscovici pense que l’immigration massive est une chance pour l’Union européenne et donc pour la France, laquelle étant soumise à ses intérêts, ses injonctions et ses dogmes les plus insensés.
A la lecture du dernier rapport de la Cour des comptes appelant à une modernisation – donc à une accélération – des procédures d’immigration régulière et du regroupement familial, nul doute que cette juridiction trouvera en son nouveau président, un militant exemplaire d’une intensification des flux migratoires.
Il n’y a guère de doute qu’avec cette nomination évoquée depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron inscrit son action dans la continuité de ceux qui appellent à en finir avec la Nation, à abdiquer la souveraineté nationale, à dépouiller la République de ses dernières normes et valeurs constitutives.
C’est là le bégaiement permanent de l’histoire de ces oligarchies sans âme ni racines, toujours promptes à sacrifier les intérêts du peuple aux prébendes, aux titres et aux places.