Question écrite de Bruno Bilde, député du Pas-de-Calais, au Premier ministre, sur les revirements stratégiques du gouvernement pour lutter contre le coronavirus
M. Bruno Bilde interroge M. le Premier ministre sur les revirements stratégiques du gouvernement dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 et sur les absences dramatiques de l’État.
Sur la question des matériels de protection, nous avons assisté à un virage à 180 degrés. Le 23 février dernier, le ministre de la santé, Olivier Véran, déclarait : « porter un masque est parfaitement inutile ». Le Premier ministre persistait et signait le 13 mars dernier sur TF1 en affirmant : « Le port du masque, en population dans la rue, ça ne sert à rien. » Mais le 3 avril dernier, les Français ont pu entendre le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, impulser un changement de doctrine : « Si nous avons accès à des masques, nous encourageons effectivement le grand public, s’il le souhaite, à en porter ». Olivier Véran allant même jusqu'à manger son chapeau mardi 7 avril sur RMC en répondant que le port du masque serait peut-être obligatoire en France. Quelle est la stratégie ?
Sur la question des commandes de masques, l’État a été aux abonnés absents depuis le début de la crise sanitaire en laissant les collectivités territoriales et le secteur privé prendre les devants pour répondre à l’urgence. Aujourd’hui, l’État récupère les initiatives des régions pour rattraper ses propres manquements et son inertie coupable. La semaine dernière, deux commandes de 2 millions de masques passées par la Région Bourgogne Franche-Comté ont été réquisitionnées par les services de l’État sans information ni concertation. Quelle est la stratégie ?
Sur la question du confinement, des mesures ont été décrétées par le gouvernement le 17 mars dernier pour ralentir la propagation du virus. Le 2 avril, Edouard Philippe a indiqué que ce confinement serait probablement prolongé. Pourtant, en s’avançant publiquement et précocement sur le déconfinement notamment à l’aube des vacances scolaires, le gouvernement a semé le doute et a maladroitement incité un grand nombre de compatriotes à enfreindre des consignes vitales. Quelle est la stratégie ?
Sur la question de la revalorisation de notre système de santé, Emmanuel Macron annonçait un plan massif pour l’hôpital, le 25 mars dernier en direct de l’hôpital de campagne de Mulhouse. Pourtant, le 4 avril dernier, nous apprenions la confirmation d’un vaste plan de restructuration du CHU de Nancy mis en œuvre par l’Agence régionale de santé de Grand Est avec la suppression de 598 emplois et de 174 lits. Le directeur de l’ARS s’est expliqué : « Moi je fais mon boulot. J’applique ce que le ministère a décidé. » Quelle est la stratégie ?
A la suite des multiples revirements du gouvernement, de la désorganisation totale érigée en norme, d’une confusion croissante et d’un manque de transparence évident, allez-vous enfin abandonner cette gestion au doigt mouillé et ressusciter l’État stratège qui nous fait terriblement défaut ?
