Question écrite de Bruno Bilde sur les 3000 licenciements prévus par le groupe DAHER

Bruno Bilde

Vie parlementaire

16 avril 2020

Question écrite de Bruno Bilde, député du Pas-de-Calais, à Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, sur les 3000 licenciements prévus par le groupe DAHER

M. Bruno Bilde interroge M. le ministre de l’économie et des finances sur le plan social massif annoncé par la direction du groupe DAHER aux organisations syndicales le 9 avril dernier. En effet, l’entreprise spécialisée dans la construction d’avions, d’équipements et de systèmes aéronautiques envisagerait la suppression de 3000 emplois dont 1300 CDI et 1700 intérimaires en se retranchant derrière la chute de son activité liée à l’épidémie de coronavirus.

Ce tsunami social serait un véritable drame pour la région Occitanie et plus particulièrement pour le département des Hautes-Pyrénées dont DAHER est le principal employeur industriel avec le site de la Socata à Louey qui se verrait amputer de 250 à 300 postes.

Pour la direction de DAHER, qui avait pourtant déclaré « lancer une analyse de l’ensemble des mesures possibles avec le souci de limiter les impacts sur l’emploi », la compensation de la baisse de sa production se traduit par une vague de licenciements aussi douteuse que scandaleuse.

Douteuse, car la menace des suppressions de postes plane en vérité depuis novembre dernier soit plusieurs semaines avant l’arrivée de la pandémie et par conséquent bien avant la crise du secteur aérien. Douteuse aussi, car l’entreprise, qui prétexte des difficultés conjoncturelles, reste dynamique comme en attestent l’ouverture d’une deuxième usine au Maroc en 2018, l’acquisition de l’avionneur américain Quest et du spécialiste néerlandais de la soudure des composites thermoplastiques KVE Composites en 2019.

Cette annonce est scandaleuse, car si moins de 20% des personnels sont opérationnels depuis le début du confinement, les usines n’ont pas fermé et l’activité a été maintenue, faisant courir des risques aux salariés qui ont été contraints, sur le site de Cornebarrieu, d’user de leur droit de retrait pour obtenir des gants et du gel hydroalcoolique. Comment accepter que des salariés qui ont mis leur santé en jeu en venant travailler dans le contexte anxiogène actuel subissent ces méthodes antisociales ?

Comment tolérer que la direction du groupe DAHER ajoute de l’insécurité sociale à l’insécurité sanitaire ?

Alors que le gouvernement a annoncé la mise en place de deux nouvelles enveloppes budgétaires destinées aux grandes entreprises stratégiques et aux PME dans le cadre d’un plan de soutien à l’économie de 110 milliards d’euros, alors que l’Etat rémunère désormais plus d’un salarié sur trois avec le dispositif du chômage partiel qui bénéficie à 732 000 entreprises françaises, il serait condamnable et immoral que certaines directions profitent de l’épidémie de Covid-19 pour faire passer des plans sociaux prévus de longue date.

L’État compte-t-il faire pression sur la direction du groupe DAHER, dont la Banque publique d’investissement est actionnaire, pour empêcher la destruction de milliers d’emplois ?

Le gouvernement va-t-il conditionner l’octroi des aides aux grandes entreprises au maintien de l’intégralité des emplois ?

Bruno Bilde

Vie parlementaire

16 avril 2020

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