Question écrite de Bruno Bilde sur la liberté de critiquer les religions

Bruno Bilde

Vie parlementaire

29 janvier 2020

Question écrite de Bruno Bilde, député du Pas-de-Calais, à Nicole Belloubet, garde des sceaux, ministre de la justice, sur la liberté de critiquer les religions

M. Bruno Bilde interroge Mme la garde des sceaux, ministre de la justice sur sa réaction à l’affaire Mila, cette jeune fille menacée de mort pour avoir critiqué l’islam sur ses réseaux sociaux.

Mercredi 29 janvier, invitée de la matinale d’Europe 1, Nicole Belloubet a déclaré : « L’insulte à la religion, c’est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c’est grave. » Ces propos sont tout simplement ahurissants, graves et choquants.

Ces propos sont ahurissants, car ils révèlent l’incompétence manifeste de la ministre de la justice qui méconnaît le droit constitutionnel français et ses principes les plus élémentaires. En effet, le délit de blasphème n’existe pas dans notre législation et ce depuis la Révolution française qui a inscrit la liberté d’expression dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Critiquer ou injurier une religion, insulter ses textes, ses symboles et ses figures, n’entre pas du tout dans la catégorie des atteintes à la liberté de conscience. La lycéenne Mila n’a pas empêché quiconque de croire ou de pratiquer un culte, mais elle a formulé son opinion sur une religion ce qui ne tombe pas sous le coup de la loi française. Il est essentiel de rappeler que les croyances sont des opinions qui peuvent être soumises à la critique même si cette dernière est acerbe ou vulgaire.

Ces propos sont graves, car ils légitiment et avalisent implicitement les innombrables menaces de mort et les insultes adressées à une jeune fille de 16 ans dont la vie est devenue un enfer en devenant une cible pour tous les islamistes, les communautaristes, les homophobes et les sectaires de France. Par cette prise de position aussi ambiguë qu’invraisemblable, Mme Belloubet, ministre de la République, pourrait demain servir de caution à d’éventuels agresseurs de Mila. En refusant de défendre clairement la seule et unique victime de cette affaire, Mme Belloubet vient de la mettre en danger.

Ces propos sont choquants, car les Français ont pu entendre les arguments ignobles et la propagande liberticide de la Ligue islamique mondiale dans la bouche d’un membre du gouvernement. Ils font écho aux déclarations scandaleuses du délégué général du Conseil français du culte musulman, Abdallah Zekri, qui disait dernièrement au micro de Sud Radio : « Maintenant, elle (Mila) assume les conséquences de ce qu’elle a dit » ajoutant « qui sème le vent récolte la tempête ». La secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes avait très justement qualifié ces déclarations de « criminelles ». Le même Abdallah Zekri qui avait déjà demandé aux "hommes politiques de fermer leur gueule" sur l'islam.

Il est choquant que la ministre de la justice vienne ainsi sur le terrain des islamistes qui militent par tous les moyens, de la victimisation à l’intimidation en passant par la violence, pour l’interdiction stricte du blasphème et de toute critique de l’islam, du Coran, de la charia ou du voile islamique.

Observons que cette improbable « atteinte à la liberté de conscience » n’a pas été dégainée par la garde des sceaux quand « l’humoriste » Frédéric Froment chantait le 10 janvier dernier sur France Inter : « Jésus est pédé ». Deux poids, deux mesures. Certaines religions seraient donc moins sacrées que d'autres ?

Comptez-vous retirer vos propos et présenter des excuses à la jeune Mila ?

Ou préférez-vous trahir nos valeurs en sacrifiant "Je suis Charlie" au profit de "Je suis Charia" ?

Bruno Bilde

Vie parlementaire

29 janvier 2020

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