Chers amis,
Merci à tous d’être venus si nombreux à cette nouvelle convention. Merci également à tous les intervenants pour leurs réflexions très intéressantes et leur contribution au débat sur ce thème majeur qu’est la santé.
Thème majeur, en effet, puisque la santé est une des rares problématiques qui nous concerne tous, sans exception.
Cela dit, si nous sommes tous concernés, nous ne sommes malheureusement pas tous égaux face à la maladie et sa prise en charge.
Les inégalités de santé s’accroissent année après année : entre les hommes et les femmes, entre les jeunes et les moins jeunes, entre les Français les plus favorisés et nos concitoyens en situation de précarité, entre les citadins et les ruraux.
L’hôpital public est au bord de la faillite, la dette des hôpitaux a triplé en dix ans, souvent par le biais d’emprunts toxiques. Les soignants sont soumis à des conditions de travail déplorables, et plus un mois ne se passe sans qu’un journal local rapporte le suicide d’un soignant hospitalier.
L’hôpital qui voit peser de surcroît sur lui le poids d’une immigration de plus en plus lourde à assumer.
Ne parlons pas des urgences, encombrées de patients mal orientées, qui ne nécessitent pas une prise en charge hospitalière, et où dans plus de la moitié des cas, l’attente est supérieure à deux heures.
N’oublions pas qu’il y a un peu plus d’un mois, Marisol Touraine annonçait un plan d’économie de 1,5 milliard d’euros sur les hôpitaux… autant dire que la Ministre achève le malade.
La médecine de ville, quant à elle, attire de moins en moins les jeunes médecins, en raison de charges financières et administratives croissantes et d’une augmentation du coût de la vie plus rapide que celle des tarifs conventionnés.
Les décisions arbitraires du ministère, imposées sans concertation avec les acteurs de terrain, finissent par exaspérer des professionnels, qui ont l’impression qu’on essaie de les court-circuiter.
Côté patients, l’accès aux soins s’est détérioré depuis la crise de 2008, et les inégalités de santé ne cessent de se creuser.
Les Français les plus défavorisés subissent une double peine sanitaire : non seulement ils vivent moins longtemps que nos compatriotes les plus favorisés, mais ils vieillissent également en plus mauvaise santé ; alors qu’un cadre peut espérer passer 9 ans de sa retraite en bonne santé, un ouvrier n’atteindra en moyenne pas la retraite sans trouble de santé.
A tous les niveaux, les conséquences néfastes de décennies de politiques de santé court-termistes et sans vision stratégique se font sentir, au détriment des patients et des professionnels de santé.
UMP, PS, même bilan, au final ; mais qui en doutait ? Et ce que certains envisagent pour l’avenir me laisse coite…
Autant vous dire qu’à lire le projet de M. Fillon, j’en ai la nausée... et j’espère que celle-ci passera vite, parce qu’il semble que les troubles digestifs fassent partie du « petit risque » que l’Assurance Maladie ne devrait pas avoir à prendre en charge, selon Dominique Stoppa-Lyonnet, conseillère santé de l’ex-premier ministre.
Oui, vous avez bien entendu. Le point principal du projet de François Fillon pour la santé est de cantonner l’Assurance Maladie aux pathologies graves ou de longue durée, le reste devant être délégué aux assurances complémentaires.
Le docteur Fillon nous prescrit donc un modèle ultralibéral à l’américaine, où les riches auront les moyens de se soigner correctement, où les pauvres bénéficieront de soins de piètre qualité en dernier recours, et où les familles et les classes moyennes seront une fois de plus les grandes sacrifiées.
Toujours plus loin dans l’indécence : l’équipe Fillon préconise également de sortir la grippe, l’optique, le dentaire et les prothèses auditives du panier de soins pris en charge par la Sécurité Sociale.
Or, ce sont justement ces domaines qui représentent l’essentiel des renoncements aux soins, qui, je le rappelle, touche plus d’un Français sur quatre.
Cette « désétatisation », comme il le dit lui-même, n’est rien d’autre qu’une privatisation, qui entrainera pour une famille avec deux enfants un surcoût de plus de 100€ par mois, selon la Mutualité française.
Pour un homme qui parle de la famille dans ses discours de campagne, il reste de très sérieux efforts à faire… notamment à l’heure où le taux de pauvreté ne cesse de croître : on dénombre aujourd’hui 9 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté.
Alors, bien entendu pour rassurer, on promet une couverture accrue – sans en préciser les contours – aux plus défavorisés, qui au final devront tout de même souscrire un contrat d’assurance complémentaire, dont les prix auront explosé au vu du transfert des remboursements depuis l’Assurance Maladie.
En somme détruisons la Sécurité Sociale et subventionnons indirectement les assurances complémentaires, déjà grassement aidées…
Non seulement les organismes proposants des contrats dits « responsables » bénéficient d’avantages fiscaux, mais par la volonté de Marisol Touraine, les remboursements dans le cadre de ces fameux contrats sont plafonnés depuis le 1er janvier ! Merci Madame la Ministre !
Vous avez voulu de manière dogmatique frapper les professionnels de santé libéraux, manque de chance c’est sur les patients qui vous avez tapé : +100% de reste à charge en moyenne à l’hôpital, et jusqu’à +130% pour les consultations chez un spécialiste !
Ma première proposition est d'abord un engagement de fond : il s'agit de garantir à chaque Français un accès aux soins optimal, grâce à un système de Sécurité sociale qui respecte le principe fondamental de solidarité nationale.
Ainsi, je m’engage à ne pas réduire la prise en charge des soins par l’Assurance maladie et je m’oppose fermement à la privatisation des dépenses de soins.
Je m'engage pour une santé de qualité, qui ne laisse pas sur le bord de la route les classes populaires comme les classes moyennes, les familles comme les personnes âgées.
Une Santé qui écoute des professionnels, ses médecins, des infirmiers, ses pharmaciens. Et ceux qui voudront détruire, privatiser notre Sécurité Sociale me trouveront sur leur chemin.
L’un des problèmes majeurs rencontrés par les Français en matière de santé est la difficulté de l’accès aux soins, qui s’est déjà fortement dégradé et qui ne devrait pas s’améliorer au cours des mois à venir.
Pis encore, les nombreux départs à la retraite attendus au cours des prochaines années laissent entrevoir une pénurie de médecins, notamment généralistes, alors que les besoins augmentent du fait du vieillissement de la population.
C’est pourquoi il m’apparait capital de recruter plus de médecins : ainsi je relèverai dès notre arrivée au pouvoir le numerus clausus de manière à tenir compte de la réalité du terrain, tout en donnant aux facultés les moyens de former ces étudiants supplémentaires.
Pour sensibiliser les jeunes médecins à la question des déserts médicaux, je propose d'instaurer un stage d'internat dans une zone désertifiée.
Il faut en effet tout entreprendre pour mettre fin aux déserts médicaux, ces zones de non-soins qui ne sont pas admissibles.
De plus, il est crucial de redonner le goût de l’exercice libéral, qui n’attire presque plus personne en raison des contraintes qui se surajoutent année après année.
Aujourd’hui, M.Fillon juge qu’il est nécessaire de relever le numerus clausus pour éviter le recours à des médecins étrangers moins bien formés, or il ne l’avait relevé que de manière tout à fait dérisoire lorsqu’il était aux manettes ; force est de constater que son gouvernement n’avait pas pour priorité de garantir la pérennité de notre système de santé. Pourquoi s’en soucierait-il demain ?
Niveau économies, je ne suis pas certaine non plus que les 19 millions de vaccins contre le virus H5N1 surnuméraires détruits en 2011 soient un exemple de bonne gestion…
Quid également de l’aide médicale d’Etat, qu’il promet aujourd’hui de réduire, alors qu’il a eu déjà eu le loisir de le faire 5 ans durant ?
Rappelons que le budget prévisionnel de l’AME pour 2017 s’élève à 815 millions d’euros, et que l’on peut raisonnablement estimer son coût réel à 1,3 milliards pour l’année à venir… dont moins d’un dixième concerne des soins urgents.
Pour éviter le dévoiement de ce système, et pour enrayer le « tourisme médical » qui est une réalité indéniable, je propose depuis plusieurs années de supprimer l’AME et de la remplacer par une aide restreinte, exclusivement réservée aux soins d’urgence vitale.
Il est également inacceptable de constater que des ressortissants de pays étrangers laissent aux hôpitaux français des notes très salées… en 2015, plus de 120 millions d’euros de frais de santé restaient dus par des patients étrangers, uniquement sur les hôpitaux parisiens !
Ces créances doivent être recouvrées au plus vite et je m'y emploierai.
Je ferai également de la lutte contre la fraude une priorité.
Pour que notre système de protection sociale soit juste, il faut que chaque Français qui en a besoin puisse bénéficier de la solidarité nationale, et que les abus soient sévèrement punis, or le laxisme sévit dans tous les domaines.
A mesure que l’on professionnalise la lutte contre la fraude, les sommes détournées détectées augmentent : elles ont dépassé le milliard d’euros l’an passé.
Les arrêts maladie de complaisance doivent être farouchement combattus, pour que les deniers publics servent à ceux qui en ont réellement besoin.
Les données collectées par l’Assurance Maladie doivent être analysées de manière plus précise, par des équipes anti-fraude, et de nouveaux dispositifs pourraient voir le jour pour rendre les abus plus difficiles.
Une nouvelle Carte Vitale biométrique, combinée à la carte nationale d’identité, serait un bon début.
La vente des médicaments à l’unité permettra également de lutter contre le trafic, au niveau national mais également international, certains patients étrangers venant se faire prescrire des traitements coûteux en France pour les revendre à moindre coût à l’étranger.
Pour optimiser la gestion du système de santé, et améliorer la prise en charge des patients, les ingénieurs et les entreprises innovantes françaises doivent être mises à contribution.
Des dispositifs de santé connectée peuvent aider au suivi des patients chroniques, éviter des complications très coûteuses pour la collectivité et donc permettre des économies : par exemple, le non-respect des prescriptions médicales engendre un surcoût de 9 milliards d’euros par an, juste en considérant les six principales pathologies chroniques.
Les instruments de télé-assistance et de télé-surveillance permettent de veiller sur nos aînés vivant à seuls à leur domicile afin de leur porter secours au moment adéquat.
Le prix des médicaments innovants doit également être jugulé, et le généricage des molécules doit être accéléré et facilité, afin de permettre des économies.
Un fonds d’investissement pour l’innovation en santé sera créé en partenariat avec la BPI, et les subventions aux startups innovantes seront là, conditionnées à un engagement pour l’entreprise de rester sur le sol français et de ne pas revendre les technologies à une entreprise étrangère pendant 10 ans.
Les financements de la recherche scientifique, en particulier biomédicale, doivent être réévalués à la hausse, afin de garantir un avenir à nos jeunes chercheurs, et faire rayonner notre savoir et nos technologies sur la scène internationale.
La recherche permet également de faire évoluer les modes de prise en charge, et pour désengorger des hôpitaux au bord de l’asphyxie, la prise en charge ambulatoire peut être privilégiée lorsque l’état des connaissances de la médecine le permet.
Nous avons un vivier de jeunes prêts à assurer ces missions, et qui ne demandent qu’à travailler.
Ce ne sont pas les moyens qui manquent pour remettre notre système de protection sociale en marche, c’est la volonté politique.
Un changement de paradigme est nécessaire, et je souhaite l’incarner. La santé et la protection sociale doivent être des priorités politiques, régaliennes, nationales, qui ne doivent en aucun cas être déléguées à des structures privées, à but lucratif.
Vive la Sécurité Sociale, vive la République, et vive la France !