Discours de Marine Le Pen à Lyon

Marine Le Pen

Discours

01 juin 2018

Discours de Marine Le Pen à Lyon : Annonce des résultats du vote des adhérents !

Mesdames, messieurs, chers amis,

Voilà pratiquement un an que s’achevait la séquence électorale présidentielle/législatives. Dans un an presque jour pour jour, nous voterons aux élections européennes.

Et en ce jour qui constitue un point de bascule, nous nous réunissons ici à Lyon, capitale des Gaules, au centre de notre pays, pour une étape importante et même je crois déterminante de la refondation du mouvement.

Cette refondation je ne vais pas vous le rappeler, vous en êtes conscients, nous l’avons engagée ensemble dès juillet 2017. Cette refondation post-présidentielle s’inscrit elle-même dans le grand plan de transformation de notre mouvement, initiée dès mon élection à la présidence du mouvement en janvier 2011.

Nous voilà donc arrivés au moment où le mouvement, témoignant d’une volonté nouvelle et sincère de nouer des alliances, de s’ouvrir, de se préparer à la pratique de la coalition poursuit sa mue.

Et parce que nous sommes entre nous, je voudrais vous parler sans détour et sans éluder les questions, je voudrais vous dire comment nous devons envisager la stratégie de conquête du pouvoir, vous parler du rôle éminent qui vous attend, et du travail collectif qu’il nous faudra fournir pour parvenir au pouvoir.

Après la période héroïque des premières années -et permettez-moi de saluer mon ami Alain Jamet-

Après quatre décennies de lutte, de combats, de sacrifices qui ont permis de faire vivre à nouveau dans le cœur des Français et peut-être de l’Europe la flamme de la nation, nous voilà arrivés au temps de la maturité.

L’escalier, nous le mesurons, a été pentu et long et la dernière marche, nous le savons, est souvent l’une des plus hautes.

Voilà venu le temps où, si nous le décidons, la somme immense de dévouement de plusieurs générations de militants nationaux peut trouver sa pleine et belle justification, celui où il nous faut récolter après avoir semé, celui où il va nous revenir la tâche exaltante et exigeante d’imaginer et de construire la France, l’Europe et le monde de demain.

La victoire sera le plus bel hommage que nous puissions rendre à ceux qui nous ont précédés ; et à tous ceux qui ont mené le combat jusqu’à aujourd’hui sous la bannière fière et haute du « Front National ».

Cet hommage, nous allons le leur rendre, non pour la gloire des uns ou des autres même s’ils ont été d’admirables soldats de la France, si courageux, si volontaires, si injustement persécutés, mais pour le pays, juste pour le pays parce que chacun d’entre eux, comme nous-mêmes aujourd’hui, n’était mu que par le sens de l’intérêt national, par le sort, le bonheur et le rayonnement de notre patrie.

Je vous le dis parce que c’est là le sens même de notre combat : la seule chose qui compte à nos yeux, la seule étoile qui guide nos choix, nos engagements, nos actions, c’est la France, notre pays et notre peuple.

Notre combat c’est celui de la nation, d’une nation qui est au moment présent le point de rencontre entre le passé si glorieux et le futur si prometteur pour autant que nous sachions lui donner une âme, une vision, une direction.

Notre combat c’est celui de la nation, d’une nation qui a mis quinze siècles à se construire mais qui peut disparaître en quelques décennies.

La famille politique que nous avons construite n’est pas une excroissance des partis politiques existants, elle n’est pas le supplétif de forces déclinantes, une sorte de force d’appoint ou de variable d’ajustement de l’ancienne politique.

Elle ne doit rien à personne,

Elle n’existe que par la certitude de sa nécessité dans le monde tourmenté qui vient.

Nous ne devons pas avoir de complexe à l’égard de qui que ce soit et surtout pas par rapport à des formations qui ont conduit le pays où il est.

Notre famille politique est un grand mouvement qui ne doit qu’à son âme et à son souffle, qu’à l’ardeur et à l’abnégation de ses militants l’éminente place qu’il occupe, qu’il occupe en France et en Europe.

Ce mouvement incarne le mouvement de la Nation française. Il dépasse le clivage droite-gauche parce que son seul moteur c’est l’amour de la France, de toute la France, de ces Français de toute origine qui la portent dans leur cœur ;

Il dépasse le clivage droite gauche parce que notre seule boussole c’est l’intérêt national et non je ne sais quelles constructions idéologiques ou des théories économiques.

Au départ rappelez-vous, il y avait la bande des quatre, qui au fil du temps s’est réduite au PS et à l’UMP, qui se sont eux-mêmes réduits dans les faits à l’UMPS, qui a fini par s’officialiser par « En marche ». En marche se définit face à nous comme un mouvement de ni de droite ni de gauche ou un mouvement et de droite et de gauche.

Parce que vous êtes des observateurs avertis de la vie politique, vous aurez noté que ce clivage nationaux-mondialistes que nous avons théorisé et que l’élection présidentielle française a cristallisé s’étend désormais progressivement partout en Europe. L’Italie en est évidemment un exemple emblématique avec la coalition anti-système Ligue/ cinq Etoiles. Mais même l’Allemagne, avec la coalition des perdants voit se dessiner ce clivage avec l’émergence là-bas aussi de forces nationales alternatives face à l’alliance européiste.

Nous pouvons bien sûr adhérer à des valeurs de droite.

Nous pouvons être sensibles à des valeurs de gauche, mais la nature de notre mouvement ne peut se réduire à l’un ou l’autre.

Etre contre la submersion migratoire de la France et de l’Europe, c’est de droite ou de gauche ?

Refuser de roucouler au chevet des puissants et défendre les plus faibles, les plus isolés, les plus maltraités, c’est de droite ou de gauche ?

S’opposer à la vision mercantile qui organise la marchandisation du monde, c’est de droite ou de gauche ?

Vouloir une Europe qui respecte les peuples, la diversité culturelle de notre continent, c’est de droite ou de gauche ?

Faire appliquer partout sur les territoires les lois républicaines qui protègent les citoyens, c’est de droite ou de gauche ?

Professer que la solidarité est indissociable du sentiment d’appartenance nationale, est-ce de droite ou de gauche ?

On peut en discuter à l’infini. Mais cela, vous en conviendrez, n’a pas grande d’importance.

Nous, nous disons ce que nous avons à dire et laissons les commentaires à ceux qui commentent quand d’autres agissent.

Notre mouvement procède d’une pensée haute et libre, d’une pensée originale qui a vocation à inventer et à organiser le monde de demain.

Notre combat n’est pas tout à fait de même nature que celui des autres partis. Il dépasse le simple jeu politique.

Il est de nature civilisationnelle, c’est pourquoi nous appelons des gens de droite, des gens de gauche, et des gens de nulle part sur l’échiquier politique à nous rejoindre, unis dans le même élan national. Nous appelons également tous les mouvements qui le souhaitent à faire de même.

Je l’ai fait publiquement à maintes reprises notamment en direction de Nicolas Dupont-Aignan.

Derrière le combat de la nation, vous le savez mes amis, il y a celui pour un mode de vie, un art de vie, des valeurs, il y a notre conception de l’homme et du monde, il y a une vision élevée qui ne se réduit pas à un taux, un droit acquis, une courbe ou une petite phrase.

J’entends parler « d’Union de la droite ».

D’abord, il n’y a pas « la droite » mais plus exactement des droites. Certaines sont compatibles avec nous, d’autres pas. Si nous pouvons faire alliance avec ces droites compatibles, je le dis, notre projet ne peut se réduire à vouloir réhabiliter la droite, lui faire prendre une revanche sur la gauche, lui rendre le pouvoir parce qu’elle en aurait été injustement privée alors qu’elle considérait qu’en vertu des lois de l’alternance c’était son tour. Avec le slogan de l’Union de la droite, nous devons nous méfier des formules prétendument stratégiques, apparemment séduisantes mais politiquement inefficientes parce que totalement anachroniques. Nous ne sommes pas là pour rejouer 1981.

Ce n’est pas là notre affaire.

Notre affaire, je vous l’ai dit c’est la France et uniquement la France.

Quant à la gauche, on la voit également se fissurer à l’épreuve de l’islamisation de la société quand un Renaud Dély ou un Julien Dray s’épouvantent, à juste titre, de voir l’UNEF, ce creuset de la jeunesse progressiste, apparaître pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une organisation en voie d’islamisation radicale, comme de nombreuses sections syndicales d’entreprises comme de nombreux clubs de sport, comme une partie de nos territoires.

Et je ne parle pas de Malek Bouthi qui depuis longtemps a osé briser les tabous, non sans courage, d’une gauche qui, la tête dans le mur, s’obstine à ne pas voir les évidences. Cette question de la montée d’un totalitarisme oppresseur se posera aussi pour toutes les femmes de France et n’épargnera pas, nous le savons, les plus progressistes ou féministes d’entre elles.

L’Italie avec l’alliance du mouvement cinq Etoiles et de la Ligue vient, par l’exemple, nous montrer combien, avec l’affaissement de l’ancien monde, se mettent en place de nouvelles convergences intellectuelles auxquelles nous ne devons pas nous fermer.

Lorsqu’il s’agit de défendre les libertés françaises ou notre existence en tant que peuple, nous devons éviter de nous enfermer dans des visions rétrécies, obsolètes ou, à terme, invalidantes.

Notre engagement est de changer les choses, de les changer vraiment. Cet engagement nous le devons à nos adhérents sans lesquels nous ne pourrions pas agir et à nos électeurs qui attendent tant de nous, à la France dont nous constituons, l’avant-garde consciente et combattante.

Ce changement, nous le mettrons en œuvre avec tous ceux qui sont d’accord pour nous accompagner sur le chemin du redressement national.

Je vais vous faire une confidence.

Quand nous avons noué l’alliance de second tour avec Nicolas Dupont-Aignan, nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. Nous n’avons pas parlé de places ou de considérations de boutique, nous avons parlé de la France.

Dites-vous toujours, vous qui allez être conduits à discuter d’alliances de terrain, que nous sommes ouverts au compromis mais pas aux compromissions.

Ayez à cœur de ne jamais perdre de vue le but ultime qui nous anime et dites-vous toujours que les pensées hautes rassemblent.

Le « rassemblement », c’est justement le mot que nous avons proposé pour étendard à nos adhérents et que nous accolons au mot qui grave notre identité politique « national ».

Ce nouveau nom qui claque comme un cri de ralliement mais aussi comme une promesse d’unité à laquelle aspirent tant de Français, las des querelles, des divisions et des mésintelligences.

Nous avons préservé notre emblème, notre flamme stylisée qui continue de nous réchauffer le cœur, d’éclairer nos actions, et de rassembler nos militants comme autour du bivouac.

Notre emblème se déclinera désormais dans une forme plus arrondie, moins anguleuse peut-être donc plus féminine et plus englobante. Vous le verrez tout à l’heure.

Nous savons que le changement de nom est l’aspect le plus apparent de la mutation que nous avons entreprise.

Il est souvent plus facile ou plus confortable de décrire que d’analyser. Le changement de nom ne relève pas du marketing, du changement pour le changement.

Ce Conseil national qui nous donne le plaisir de nous réunir, d’être ensemble, de partager ce soir un moment de joie et de convivialité militantes, n’est pas vous l’avez compris un simple et nouveau petit caillou blanc sur la route de la refondation. Elle en compte déjà plusieurs avec les rencontres dans les fédérations, les séances de travail avec les cadres ou les innombrables consultations qui l’ont nourrie.

La rencontre d’aujourd’hui est je crois une étape essentielle dans notre marche vers la conquête du pouvoir. Plus tard peut-être, ce conseil national sera vu comme un moment historique de notre mouvement et peut-être même de notre vie politique.

Parce que la politique est symbole, on se souviendra bien sûr qu’en ce premier jour de juin le Front National a changé de nom.

Les plus avertis sauront que derrière ce changement de nom est en train de s’opérer au sein de notre mouvement une profonde mutation technique, politique, stratégique et ce qui est je crois le plus important, une mutation culturelle.

Cette grande mutation interne nous fera passer complètement et de manière incontestable d’un parti d’opposition à un parti de gouvernement.

Tout cela doit s’accompagner et j’en ai conscience d’une profonde réflexion de fond, d’une remise en cause des habitudes, des façons de faire et des méthodes de travail.

Cela impose de sortir du confort de commenter ce qui se passe à l’exigence de concevoir ce qui va se passer.

Cela nous impose, cela vous impose, mes amis, une nouvelle discipline, une capacité à déléguer, à vous entourer, à former, à manager, à produire du contenu, à imaginer.

Quelle sera la France dans vingt ans ou même dans une décennie ?

Que voudra dire être un consommateur en 2030, un électeur en 2030, un salarié en 2030, un père ou une mère de famille en 2030 ?

Quelles nouvelles régulations nous faut-il imaginer ?

Quels projets allons-nous présenter dans nos communes, nos départements, nos régions, en Europe et à la tête de l’Etat.

Nous savons que la lucidité de nos analyses nous donne la grille de décryptage des évènements. Nous avons commencé à inventer ces nouvelles régulations, il nous faut poursuivre pour avoir sur chaque sujet la juste appréciation et la bonne décision. Je vous appelle à vous spécialiser, à produire individuellement ou collectivement de la réflexion et du contenu pour que nous occupions tout le spectre des thématiques du pouvoir.

Notre mouvement, fort de ces dizaines de milliers d’adhérents et de ses millions d’électeurs est certes pauvre en argent mais est riche en talents. Ces talents souvent enfouis par modestie, ces énergies insuffisamment sollicitées, ces visages aujourd’hui injustement méconnus, ces personnalités insuffisamment mises en avant doivent être mobilisés, dirigés et utilement mis en action.

Et puis enfin, chacun à son niveau doit porter au nom du mouvement de nouvelles ambitions ; ces ambitions ne sont pas personnelles bien évidemment (le rôle du mouvement n’est pas de satisfaire des ego) mais des ambitions pour la cause qui nous anime.

Si nous professons, à juste titre je crois, que nous sommes là pour remplacer un monde qui disparaît sous nos yeux, notre ambition doit être de se substituer à lui et non de lui servir de béquille. Cela signifie en clair que dans les communes, les départements, les régions et même à l’Europe, notre ambition ne doit pas être d’envoyer des groupes d’opposition mais de conquérir les exécutifs, de les conquérir seul ou avec d’autres mais de les conquérir.

Il est fini le temps où nous nous présentions pour faire battre le sortant. Le pouvoir de nuisance n’est qu’un demi-pouvoir. Nous voulons l’effectivité du pouvoir parce que sans pouvoir effectif, il n’y aura pas le changement vital dont la France a besoin.

Cela signifie que chacun d’entre vous a le devoir de travailler pour parfaire son efficacité, se former techniquement et politiquement, pour le moment venu être prêt à assumer les tâches parlementaires ou de direction politique de nos collectivités et même de l’Etat.

Nous allons mettre en place avec vous, et je compte sur vous pour cela, un vaste chantier de formation des cadres, des militants, des adhérents et des élus. Nous allons aussi favoriser des synergies nouvelles tant entre le siège et les fédérations qu’entre l’appareil et les élus avec, par exemple, la mise en place de notre conseil national de élus locaux.

Cet esprit nouveau signifie aussi de porter partout en interne et en externe ce message de conquête.

Enfin et cela va de soi, la condition de notre victoire c’est notre unité.

Nous devons mettre fin à toutes les querelles qui ont pu ici et là gangréner la vie de sections ou même de fédérations,

Nous devons mettre fin au clanisme qui décourage les plus talentueux, mettre fin aux petits calculs personnels.

Se rappeler et rappeler que seul l’intérêt général est digne de sacrifices, se souvenir que c’est l’individualisme forcené et la fragmentation qui sont en train d’avoir la peau de notre unité nationale.

Comme cadre c’est à vous qu’il revient cette difficile tâche –qui est peut-être la plus difficile d’entre toutes parce qu’elle met en jeu l’humain - de gérer les conflits, de les apaiser, d’éteindre ce mauvais feu qui consume nos forces, pour tourner toutes les énergies du mouvement non dans des manœuvres internes mais dans des actions contre nos adversaires.

La situation politique européenne, l’évolution de la situation en France comme les sondages le montrent, le vacillement de l’Union européenne qui annonce une révolution politique de grande ampleur doivent nous inciter à l’optimisme et même à nous tenir prêts.

Il ne suffit pas de provoquer les révolutions politiques, il faut les mener à bien.

Vous l’avez compris,

Le message que je veux vous délivrer en ce jour où nous nous mettons en situation d’élargir notre socle électoral, ce message qu’il vous appartiendra à votre tour de diffuser est un message de détermination et d’espoir, celui de la création et de la circulation des idées.

Vous faites partie de ceux qui portent l’espoir de millions de Français et derrière eux de tout un peuple

Et parce que vous avez en vous le feu sacré qui illumine l’esprit et embrase le cœur des hommes, je sais que nous pouvons ensemble dans un même élan relever le défi que l’histoire nous impose.

Voyons dans l’avenir le combat du présent.

Je compte sur vous.

Vive le Front National.

Vive la France.

Marine Le Pen

Discours

01 juin 2018

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