Mesdames, Messieurs, Chers compatriotes, Chers patriotes,
Au pied de ce monument qui s’élève vers le ciel pour célébrer la Victoire de 1918, la victoire de la France, la Victoire du soldat Français, la Victoire du peuple français tout entier, nous sommes venus avec humilité et respect dire, cent ans après, aux dignes fils de la terre sacrée, notre indéfectible admiration.
Ici, sur cette terre lorraine, terre pétrie de larmes, ennoblie du sang de nos soldats, nous avons parcouru ces sillons abreuvés de leurs sacrifices.
Jamais une terre, cette terre de glèbe et de corps mêlés, n’a davantage mérité le nom de « patrie », la terre des pères, la terre de nos pères.
Ces lieux parlent en nous et nous appelle à une silencieuse et déférente prosternation.
Nous nous sommes inclinés dans la cathédrale des guerriers tombés pour la liberté de la France, sanctuaire qui s’élève au milieu d’un champ de croix blanches dans le secret de l’immensité et du silence.
Dans cet endroit qui touche à l’infini, dans un des plus sublimes et émouvants temples de la patrie, les âmes s’élèvent et portent à communier avec l’essentiel.
Avec le cœur qui saigne et les yeux emplis de larmes, nous nous sommes recueillis sous ce ciel étoilé de noms, sous cette pieuse lumière qui s’appelle la gloire.
Au pied de cette statue glorieuse, et cent ans après, au pied de ces soldats, jeunes et ardents, faits de foi et de fer, au pied de ces héros boueux et magnifiques, couverts d’exploits et de gloires, au pied de ces cohortes bleu horizon ceintes du vert laurier, nos cœurs s’inclinent.
Nous les honorons comme des « soldats de France », eux qui y voyaient, à juste titre, le plus beau titre de fierté et le plus grand honneur, ces soldats de France qui ont donné à notre pays, avec le plus terrible mais éclatant sacrifice, la plus gigantesque victoire militaire de son histoire.
Le courage dantesque, l’ardente obstination du devoir, la résistance avec, au bout, le sacrifice souvent inévitable, les ont définitivement rendus immortels.
Ils reposent ici comme partout en France, au panthéon des guerriers.
Mais ils reposent aussi dans nos cœurs battants.
Leur héroïsme, généreux et fécond, ne doit pas nous faire oublier qu’ils étaient aussi des hommes d’espérance et de chair, de souffrance et de vie, de tendresse et de sentiment.
C’est cela aussi qui les rend encore plus chers à nos yeux.
Ils étaient des hommes, souvent de jeunes hommes qui riaient à la vie, des hommes de nos familles, -des pères, des frères, des fils-, des hommes de notre peuple, paysans, ouvriers, instituteurs, médecins, de la France d’ici et d’ailleurs, mais des hommes qui, dans l’enfer rouge des combats comme dans la pieuse clarté du jour, avant l’assaut, ne faisaient plus qu’un, une même volonté, une même détermination, un même élan du cœur et de l’âme.
Des hommes, que les peines et les joies, la boue et le froid, les déluges d’acier et les torrents de flammes avaient indéfectiblement lié entre eux.
Ils étaient des Français dont l’amour du pays faisait des frères, pour l’éternité.
Devant le devoir, devant la souffrance, devant la mort, devant l’intérêt supérieur de la Patrie, cette admirable armée ne faisait plus qu’un, « unis comme au front ! »
Au moment où la nation traverse des moments de doutes, au moment où le pays voit sa liberté lui échapper, au moment où le sursaut salvateur exige la mobilisation des enfants de la patrie, nous puisons dans leur exemple.
Dans les plis frissonnants du drapeau que notre peuple brandit chaque jour davantage, leur exemple de force et d’éternité ouvre sur l’âme vivante de la France un torrent de vie.