Marine Le Pen prononce le discours de clôture de la Convention thématique sur le thème "La France, une civilisation mondiale au XXIème siècle" :
NB : A 2min01sec, Marine Le Pen voulait bien entendu parler de Catherine II de Russie et non de Catherine de Médicis
Merci à tous,
Merci à nos intervenants d’aujourd’hui, que l’on sent passionnés par l’idée d’une France à nouveau belle et grande,
Merci aux membres du Collectif Culture et du Collectif Mer et Francophonie.
Merci aussi à nos frères de cœur venus d’autres pays, qui partagent l’amour d’une culture francophone à la fois diverse et unie.
Je dois vous avouer que c’est peut-être le discours le plus exaltant que j’aurai à faire lors de ces conventions présidentielles.
Tous les sujets nous intéressent, et il n’est pas question pour nous de laisser quoique ce soit de côté, lorsqu’on veut présenter un projet cohérent pour la France.
Mais aujourd’hui, c’est un peu spécial.
Aujourd’hui, nous parlons de grandeur.
Nous parlons non seulement de ce que nous pouvons apporter à la France, mais aussi de ce que la France peut apporter au monde.
La France est une vieille et grande civilisation.
Elle l’a un peu oublié. On lui a fait oublier.
Mais il suffirait de peu de choses pour qu’elle retrouve son influence sur la scène mondiale. Il suffirait, avant tout, de volonté politique.
Il fut un temps où la France découvrait les quatre coins du globe.
Un temps où Jacques Cartier ouvrait le fleuve Saint-Laurent à l’Ancien Monde.
Un temps où les Français exploraient toute la vallée du Mississippi.
Un temps où les missionnaires de France se rendaient dans les royaumes d’Asie.
Un temps où la France était dans toutes les cours d’Europe.
Un temps où Descartes allait chez Christine de Suède ; où Voltaire régnait sur la cour de Frédéric de Prusse; où Diderot se rendait chez Catherine de Russie.
Un temps où toutes les élites parlaient français, non pas parce qu’on les contraignait à parler français, mais parce que le français provoquait l’admiration. Parce que le français était la langue de la raison.
Un temps où la France était le phare de la liberté.
Un temps où tous les opprimés du monde voyaient en la France le symbole de la lutte contre la tyrannie.
Un temps où la France abolissait l’esclavage, avant toute autre nation.
Un temps où l’on déclarait en français, partout où soufflait le vent de l’indépendance : « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».
La France a été la civilisation de la liberté et de la raison. Certains diront que c’est une illusion rétrospective. Que nous reconstruisons l’histoire.
Mais ce sont les mêmes qui abaissent constamment la France, qui ne préfèrent voir que ce qui est bas, ce qui est mesquin, ce qui est laid. Ils veulent salir la grandeur.
Ils n’acceptent pas que la France ait pu être grande et peut-être encore moins qu’elle veuille le rester.
Que les Français aient pu faire de belles choses et de grandes choses. Ils ne voient que la France à terre, la France défaite dans la guerre, la France soumise à des puissants qui salissent son nom.
Le roman national est, entre leurs mains, devenu un cauchemar.
Les censeurs de la grandeur sont en train de créer des névroses immenses : ils font des générations de Français qui se haïssent eux-mêmes, et cela est beaucoup plus dangereux qu’on ne le croit.
La haine de soi-même ne peut entraîner que la rancœur, la colère et finalement la haine des autres. Ceux qui haïssent la France n’haïssent pas que la France.
Heureusement, subsistent à l’extérieur de notre pays les traces de cette grandeur toujours vive.
Quand les Français, à qui on répète à longueur de journée qu’ils sont dépassés, qu’ils sont mesquins, qu’ils sont de rebus de l’histoire, quand les Français oublient leur propre valeur, il faut voir avec quelle ardeur nos cousins québécois, sénégalais, ivoiriens, belges, et bien d’autres défendent une culture et une langue que nous laissons à l’abandon.
Il faut voir la vitalité du cinéma québécois, de la littérature francophone en Afrique sur les traces de Senghor, il faut voir les artistes belges, les artistes non francophones même qui choisissent le français.
En se haïssant elle-même, la France devient stérile. Mais la culture française n’est pas stérile. Ce n’est pas une culture de mort.
Et dès qu’elle peut renaître quelque part, elle bourgeonne immédiatement, et elle prend différentes couleurs sous d’autres latitudes. Elle s’enrichit constamment.
Je ne viens pas vous livrer un message désespéré. Au contraire.
Je pense que la France peut redevenir plus grande encore, plus belle, plus audacieuse, plus exploratrice et plus avant-gardiste que jamais.
Qu’elle peut rayonner partout, imposer le respect partout, faire éclater son génie aux yeux du monde.
Je pense qu’elle peut retrouver son influence perdue. Pour cela, il faut que nous repérions les leviers grâce auxquels nous pouvons agir.
J’en développerai trois.
D’abord, il ne faut « cesser de reculer » comme disent certains, il faut avancer.
Si la francophonie est aujourd’hui en échec, c’est parce que son cœur, la France, a baissé les bras dans la défense de sa culture. Et la culture, c’est avant tout la langue.
Nous voulons une nouvelle loi Toubon, beaucoup plus contraignante.
La loi Toubon partait d’une bonne intention, mais aujourd’hui, elle fuit de partout.
Dans les médias, dans les administrations, dans les écoles, dans les universités.
Alors que plusieurs universités pratiquent déjà le tout-anglais dans certains cursus, la loi Fioraso de 2013 et ses amendements ont introduit des exceptions concernant l’enseignement en anglais, je cite « lorsqu’elles sont justifiées par des nécessités pédagogiques ».
C’est ici un cheval de Troie. Maintenant, on ne va plus étudier à la Sorbonne ou à la fac de Nanterre, mais à la « Toulouse School of Economics » ou à « Paris Sciences et Lettres Research University ».
Dans une même logique, les stations de radio privées disent dorénavant ne plus pouvoir respecter les quotas de chansons en français imposés par la loi Toubon, pour la simple et bonne raison que les Français ne chantent plus … en français.
Ma première proposition est donc la suivante : je veux une loi Toubon 2, pour que la langue et la culture françaises cessent de reculer. Les Québécois nous ont précédés avec leur loi 101, qui est bien plus rigoureuse dans la protection et la promotion de la langue officielle.
Je veux une loi qui fasse respecter partout l’exigence de promotion du français, surtout dans l’enseignement, et une loi qui encourage davantage les artistes francophones.
Un autre volet de cette loi Toubon 2, ou d’une autre loi qui la suivra, sera la protection du patrimoine culturel.
Il nous faut à la fois protéger ce patrimoine et le valoriser, contre toute tentative de le brader, en le laissant filer entre les mains de collectionneurs étrangers ou d’investisseurs sous forme de placements.
Contre ceux aussi qui le défigurent, en imposant à nos monuments historiques un habillage qui vire souvent au massacre.
La première étape, c’est celle de la protection : on arrête de reculer.
La deuxième, c’est celle de l’organisation. Ici, le levier le plus puissant, c’est l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’OIF. C’est un outil sous-exploité.
Depuis l’élection de sa nouvelle présidente, Michaëlle Jean, en 2014, l’OIF n’a toujours pas présenté de plan d’envergure pour l’apprentissage du français dans le monde. Il faut dire que les crédits sont insuffisants : les gouvernements successifs ont délaissé ce combat.
Pour l’instant, la francophonie, c’est de l’or que l’on transforme en plomb. Rappelons que le français est aujourd’hui, avec 274 millions de locuteurs quotidiens, la seule langue, avec l’anglais, qui soit présente sur les cinq continents, qu’il est la cinquième langue la plus parlée, la quatrième langue sur internet, la troisième langue d’affaires, et la seconde langue d’information dans le monde.
Imaginez toutes les occasions économiques et culturelles qui sont gâchées par l’abandon de ce trésor.
Cesser de reculer, c’est également défendre, entretenir et promouvoir l’immense patrimoine de la France, sur le territoire national comme à l’étranger, et que le monde entier nous envie !
Ces palais, châteaux, hôtels particuliers, demeures de prestige, qui abritent nos ambassades, nos centres culturels, nos écoles nationales, et qui sont le témoignage de notre histoire hors du commun, forment le patrimoine de tous les Français.
Je mettrai donc un coup d’arrêt, et c’est l’objet de ma deuxième proposition, à la dilapidation de nos trésors nationaux, par des gouvernements indignes de l’héritage qui leur a été confié par la Nation.
Sous mon mandat, aucun de nos monuments ne sera bradé à des puissances étrangères ; il en va du prestige comme de l’honneur de la France.
Ma troisième proposition est l’organisation rapide d’un grand sommet de la Francophonie.
Ce sommet aura un triple but : relancer la promotion du français à l’étranger, encourager la coopération économique des pays francophones, et repenser le rapport des pays francophones en termes de souverainetés nationales.
Cela veut dire, en particulier, développer une vision moderne des relations entre la France et les pays d’Afrique francophones. Ni ingérence, ni abandon !
Nous voulons une relation de respect mutuel, dans la préservation des libertés et des identités des peuples, pour leur permettre de défendre leurs intérêts nationaux, notamment face à la Chine ou à l’Union européenne.
C’est une Afrique libre qui sera prospère, et une Afrique prospère qui sera le meilleur allié de la France.
Après la protection et après l’organisation, vient le temps de l’exploration. C’est le plus exaltant de tous.
C’est le temps des grandes aventures, qui feront date si nous réussissons. Et le champ d’exploration de la France, aujourd’hui, c’est la mer.
Je l’ai déjà dit de nombreuses fois, mais il est bon de le répéter : l’espace maritime français est le deuxième au monde après celui des Etats-Unis avec 11,5 millions de km². L’équivalent de près de vingt fois la France métropolitaine !
Cet espace démultiplie nos possibilités.
Il nous donne accès à des ressources inexploitées.
Il nous donne un avantage stratégique sans commune mesure. Il offre des perspectives de croissance immenses.
Et pourtant, cet espace de vingt fois la France n’existe pas sur les radars médiatiques et politiques. Pire, nous sommes entravés dans nos possibilités de développement.
Notre pêche est entravée par l’Union Européenne, qui nous limite ici comme pour tout le reste. Les 300 000 emplois liés à l’économie de la mer sont menacés.
La flotte commerciale française s’amenuise, alors qu’aujourd’hui plus de 80% des échanges commerciaux mondiaux se font par voie maritime.
Les recherches sur la mer sont sous-développées, en comparaison du potentiel.
Ma quatrième proposition est donc la mise en place d’un grand Ministère de la Mer, qui aura pour but de coordonner la prospection des fonds marins, le développement des infrastructures portuaires et maritimes ainsi que les ressources économiques de la pêche, des gisements de minerais et de pétrole et le développement des énergies renouvelables aquatiques.
Les Américains ont été motivés pendant deux siècles par l’idée de repousser toujours plus loin la frontière de l’exploration de leur territoire, puis de l’exploration spatiale.
La frontière que la France doit pousser toujours plus loin, celle qui sera exaltante, c’est la frontière de la mer.
C’est un monde nouveau, que l’on croyait connu mais qui ne fait que commencer à se dévoiler.
Je ne veux pas que la France manque cette occasion de montrer encore une fois au monde qu’elle sait être à la pointe de la découverte.
Nous sommes des explorateurs. Nous partons d’une civilisation riche et ancienne, et nous pouvons encore l’augmenter sans limites.
Nous pouvons rivaliser d’ingéniosité, d’imagination, d’intelligence avec toutes les grandes puissances de ce monde.
Mais pour cela, il faut retrouver ce qui a fait notre force, et cesser de nous complaire dans une prétendue décadence. La France sera encore grande à l’avenir, j’en ai la certitude.
Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire advenir ce jour le plus tôt possible.
Vive la francophonie, vive la culture française, vive la République, et vive la France.