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Conférence présidentielle n°5 : « La France face au défi terroriste »

Marine Le Pen

Discours

11 avril 2017

Conférence présidentielle n°5 : « La France face au défi terroriste » (10 avril 2017) :

Au lendemain d’un attentat ignoble qui a tué des dizaines de fidèles coptes dans deux églises en Egypte, quelques jours après une tuerie dans les rues de Stockholm, une autre dans les rues de Londres, à St-Petersbourg…

Le terrorisme islamiste redouble de violence, se déchaîne partout, et nous portons en France l’un des plus lourds tributs. 245 morts depuis l’attentat de Merah en 2012, 658 blessés.

Notre pays est profondément désarmé face à ce phénomène.

Je veux aujourd’hui vous parler de ce que la France peut et doit faire pour mettre à genoux le terrorisme islamiste.

Je le ferai en m’appuyant sur des analyses qui tiennent compte de ce que nous apprennent les chercheurs qui travaillent sur ces sujets, et qui envisagent le phénomène dans sa globalité, en m’appuyant aussi sur les échanges que j’ai eus avec des chefs d’Etat étrangers, riches d’enseignements.

La lutte contre le terrorisme ne se limite pas au vote de quelques lois, utiles certes, sur l’action anti-terroriste.

Et encore moins à de fumeuses promesses de sanctions contre Facebook et Google.

Elle doit prendre en compte des phénomènes de société, elle doit aller à la racine du mal.

Car si l’on ne prend pas ce mal à la racine, il est certain qu’il réussira toujours à déjouer les instruments de lutte que l’Etat se donne.

Je veux ainsi développer une réponse globale et cohérente contre le terrorisme islamiste.

Commettre des attentats sur le sol des pays d’Europe occidentale n’est pas une nouveauté.

Déjà, à la fin du XIXe siècle, les anarchistes en perpétrèrent un certain nombre.

Plus près de nous, à partir de la décennie 1960, l’Allemagne avec la Fraction armée rouge, dite bande à Baader, connaîtra par vagues, pendant une trentaine d’années, des assassinats et des attentats commis au nom d’un gauchisme mortifère.

Pour odieux que soient tous ces crimes, ils n’ont rien de commun avec le terrorisme d’aujourd’hui.

Ils ont été perpétrés par des petits groupes isolés qui tentaient de se justifier en reprenant la logomachie des idéologies dominantes dans les milieux intellectuels.

Ils n’avaient aucune audience dans la population.

Ils ne rencontraient aucun écho dans aucune couche sociale, à commencer par le prolétariat dont ils se voulaient pourtant l’avant-garde consciente et combattante.

Ils étaient même massivement rejetés.

Ils représentaient des aventures et des dérives individuelles sans autre écho dans la société que celui de faits divers largement condamnés.

Quand ils tombaient sous les balles de la police, nul ne s’en offusquait en dehors de quelques-uns de leurs semblables qui n’étaient pas passés à l’acte.

Lors de leurs procès, aucune manifestation de masse ne venait leur apporter son soutien.

Le terrorisme d’aujourd’hui est d’une autre nature.

Le terrorisme d’aujourd’hui prétend s’appuyer sur une religion, l’islam.

Certes, il n’est pas l’islam, loin de là.

La très grande masse des musulmans en France et dans le monde le rejettent et le condamnent.

Des pays dans lesquels l’islam est la religion d’État le combattent fermement, sans concession.

Néanmoins, les islamistes font appel à une solidarité entre tous les croyants pour en obtenir, sinon une complicité, du moins une mauvaise conscience.

Le combat contre le terrorisme doit marcher sur deux jambes.

D’une part, il faut la répression sans faiblesse de ceux qui commettent les actes criminels ou qui en sont les complices.

D’autre part, il faut la libération de ceux qui se trouvent pris, malgré eux, dans la tourmente, à savoir le trop grand nombre de musulmans, à commencer par nos compatriotes qui veulent vivre leur foi dans le respect des lois de la République.

Le cadre du débat doit alors être posé sans faux-semblant, sans ce verbiage qui se voudrait politiquement correct et qui en réalité le dénature.

Si l’islam ne se confond pas avec l’islamisme, si le terrorisme ne découle pas automatiquement de la religion, il n’en reste pas moins vrai que, depuis les origines, il a toujours existé au sein de l’islam un courant minoritaire, très minoritaire, qui a justifié la violence pour imposer sa conception de Dieu et du monde.

Certes ce courant a été, le plus souvent et un peu partout, combattu par les autorités musulmanes elles-mêmes.

Certes ce courant a pu être et reste toujours combattu par la majeure partie de ces autorités.

Mais il se perpétue et, à l’occasion, il peut grandir et s’amplifier.

Donc, s’il n’est pas fermement combattu, il peut devenir menaçant.

Or, seul le pouvoir politique, incarné par l’État avec sa force régalienne, peut le combattre avec efficacité à condition d’en avoir la volonté et de s’en donner les moyens.

Car le problème de l’islam sunnite, c’est qu’il n’y a pas de clergé, c’est qu’il n’y a pas d’autorité centrale légitime pour énoncer ce qui est licite et ce qui est illicite.

C’est une différence fondamentale avec les différentes Églises chrétiennes, et surtout avec l’Église catholique romaine, j’allais dire, surtout romaine, donc centralisée et hiérarchisée.

J’ai été au Caire, où j’ai rencontré le recteur de l’université El Azhar.

C’est la plus haute autorité du monde sunnite.

Mais il n’est en rien comparable au pape.

Il n’a d’autorité que celle que chaque fidèle veut bien lui accorder dans son particulier.

Il ne peut émettre que des recommandations qui seront suivies par les fidèles qui se reconnaissent en lui.

Cette rencontre a été intéressante, passionnante même.

Elle m’a beaucoup apporté.

Mais, pour nécessaire qu’elle fut, elle m’a convaincu qu’il fallait aussi agir par nous-mêmes.

Son appui est important, mais il n’est pas suffisant.

Agir par nous-mêmes, c’est donc d’abord libérer nos compatriotes musulmans de l’emprise qu’ils subissent de la part des fondamentalistes islamistes.

Pour cela, la priorité est de combattre le communautarisme, et de s’en donner les moyens, à commencer par les moyens juridiques.

C’est pour cela que je veux inscrire dans la Constitution : « La République ne reconnaît aucune communauté ».

C’est pour cela que je veux étendre à tout l’espace public la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l’École.

Je veux, en l’inscrivant dans le code du Travail, que les entreprises privées suivent les mêmes règles de neutralité religieuse et de laïcité que celles qui prévalent dans les administrations.

En plus de sa signification sur le statut des femmes, le voile islamique a aussi pour effet de dire qu’une partie de la population, sur une base religieuse, serait entièrement à part de la seule communauté qui vaille : la communauté nationale.

Un pays comme la Grande-Bretagne, fidèle d’une certaine manière à son génie national qui a toujours conçu le pays comme un agrégat de communautés territoriales ou citadines, a cru que pouvaient aussi coexister en son sein des communautés ethniques ou religieuses.

Non seulement, elle n’a pas été épargnée par des attentats.

Mais surtout, elle est en train de s’apercevoir que dans certains quartiers des tribunaux de la charia rendaient la justice selon des normes qui n’avaient rien à voir avec le droit britannique.

Les premières victimes de ce véritable déni de justice étaient les femmes, les femmes musulmanes évidemment.

Et puis, face à ces communautés qui s’enferment dans un isolement quasi autarcique, d’autres sur d’autres bases ethniques ou religieuses se constituent en contre point.

L’indifférence et l’ignorance mutuelles se transforment bientôt en antagonisme et en hostilité pour finir par dégénérer en violences et en affrontements.

C’est la guerre de tous contre tous.

Une société multiculturelle est une société multi-conflictuelle.

La lutte contre la constitution de communautés ethniques ou religieuses en France, lorsqu’elles existent déjà, doit donc être une priorité pour le prochain président de la République.

Elle est conforme à la mission qui lui est dévolue par la Constitution.

Son article 5 précise : « Il est le garant de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire ».

Je veillerai personnellement à ce qu’il n’y ait plus de ces zones de non-droit ou, tout au moins, d’un autre droit qui y serait appliqué.

Je ne veux pas que des femmes musulmanes en France se retrouvent, un jour, dans la situation que connaissent, en Angleterre, certaines femmes musulmanes régies par les règles inégalitaires de la charia.

Pour éviter l’apparition de telles communautés, il faut interdire la constitution de points de fixation.

Pour que ceux-ci puissent naître et vivre, ils ont besoin de soutiens financiers.

Se pose alors la question du financement des lieux de culte par des fonds étrangers, qu’ils soient publics ou privés.

Car celui qui paye commande.

En premier lieu, il faut revenir sur l’idée absurde de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui a lié les droits de vote pour le Conseil français du culte musulman à la superficie des lieux de prière.

Cette décision a lancé une course folle entre pays qui souhaitaient que leur vision de l’Islam obtienne le plus d’influence en France.

Les uns et les autres ont donc massivement financé la construction de mosquées de plus en plus nombreuses, de plus en plus imposantes.

Maroc, Turquie, Algérie, tous se sont engouffrés dans la brèche, sans compter bien sûr l’Arabie Saoudite et le Qatar.

Ainsi, ces pétromonarchies cherchent à influencer les musulmans de France dans un rigorisme qui n’est pas sans nous poser de nombreux problèmes.

Mais il n’y a pas que les bâtiments, il y a aussi les desservants du culte.

Qu’ont fait dans ce domaine les gouvernements de François Hollande ?

Le contraire de ce qu’il faut faire dans une République laïque. Le 18 décembre 2014, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, est allé signer à Alger un accord avec le gouvernement algérien pour faire venir en France des imams algériens.

Le 19 septembre 2015, Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, est allé signer à Rabat un accord avec le gouvernement marocain pour faire venir en France des imams marocains.

Le prétexte de ces accords : faire ainsi venir en France des imams modérés, certifiés par les autorités de leur pays d’origine, auxquels il aurait été appris sommairement les normes de la société française.

Là encore, c’est absurde.

Car, dans l’islam sunnite, est imam le croyant qui se dit imam et qui est reconnu comme tel par d’autres croyants.

Les imams fondamentalistes continueront à prospérer en dehors, voire contre, cet islam officiel.

Et surtout, la venue de ces imams algériens ou marocains ne peut que conforter et pérenniser l’enfermement communautariste des citoyens français originaires de ces pays, sans compter les ressortissants de ces pays vivant sur notre sol.

Nous ne pouvons accepter cet islam consulaire.

Il va à l’encontre de l’unicité du peuple français.

Un mot aussi sur les 242 mosquées turques réparties sur le territoire français et recensées par le ministère de l’Intérieur.

Je lis ici ou là dans la presse que l’Allemagne s’inquiète de savoir si les desservants des quelque 900 mosquées turques installées sur son sol ne seraient pas des espions à la solde de leur gouvernement.

On ne sait pas, mais ce n’est pas le vrai problème.

Quel que soit le montage juridique, une mosquée turque reste une excroissance de l’administration turque et leurs desservants sont des fonctionnaires de la Diyanet, la présidence des Affaires Religieuses, créée en 1924 par Atatürk pour que l’État contrôle la Mosquée.

Les termes se sont inversés depuis.

Le président Erdogan est très clair sur le rôle qu’il assigne aux communautés turques en Europe.

Les fonctionnaires turcs à l’étranger font leur travail de fonctionnaires turcs à l’étranger, et encadrent en conséquence les communautés turques à l’étranger jusqu’à y importer les conflits internes à la société turque.

La naïveté est un vilain défaut en politique et surtout dans les relations internationales.

La France ne peut admettre une telle présence d’une administration étrangère sur son territoire.

D’une certaine façon, elle contrevient à l’indépendance nationale à laquelle le président de la République doit veiller, toujours selon l’article 5.

Dans cet esprit, je demanderai que les prêches soient prononcés en français.

Aujourd’hui, le ministère de l’Intérieur estime que 60% de ces prêches sont exprimés en arabe, 30% en français, 10% en une autre langue, le turc et quelques langues subsahariennes.

Bien évidemment, les paroles rituelles pourront rester dans la langue du Coran.

En outre, le fait que soit utilisée la langue de la République dans les parties du culte qui peuvent poser des problèmes d’ordre public faciliterait la surveillance et limiterait les possibilités de suspicion infondée.

Si l’éradication du terrorisme passe par la lutte contre le communautarisme, elle demande encore plus sûrement le déracinement du fondamentalisme islamiste.

Il ne faut pas avoir la main qui tremble : il faut fermer toutes les mosquées salafistes.

Suivant le dernier recensement des services de renseignement, qui date de la fin de 2016, elles représenteraient environ 5% des 2 500 lieux de prière recensés sur le territoire national, sans compter les nombreuses clandestines découvertes au cours d’opération de police, sans compter les nouvelles qui ne manquent sans cesse d’apparaître.

Certes, l’actuel gouvernement en ferme bien une de temps à autre ici ou là.

Mais une série d’actions ponctuelles ne saurait constituer une politique d’ensemble.

Or, il s’agit d’endroits où se propage un endoctrinement massif qui favorise les passages à l’acte ou, tout au moins, les complicités actives.

Par ailleurs, elles sont souvent au centre d’une stratégie de la tache d’huile.

Elles sont le point de départ d’une véritable conquête organisée de quartiers entiers.

Ainsi, le maire républicain de Montluçon, Daniel Dugléry, le constate dans sa ville.

Les fondamentalistes se regroupent entre eux, emménagent dans les mêmes quartiers, y établissant un climat tel, notamment par les pressions exercées sur les femmes et sur les familles, que ceux qui sont en désaccord s’en vont.

Les logements et les commerces sont rachetés à vil prix.

Le hallal devient la seule norme de la nourriture qui y est vendue.

Les instances locales de représentation passent bientôt sous le contrôle des fondamentalistes.

Ainsi, le maire socialiste de Sarcelles, François Pupponi, a craint, il y a quelques mois à peine, qu’ils s’emparent de la Maison de la jeunesse et de la culture de sa ville.

S’ils ont échoué dans ce cas, ce maire n’a pu éviter qu’ils s’accaparent diverses associations, notamment de soutien scolaire.

À Aulnay-sous-Bois, autre municipalité avec un maire républicain, un fiché S, qui est allé en Syrie, qui a été mis sous un contrôle judiciaire qu’il n’a pas respecté, s’est fait élire président de l’amicale des locataires de sa cité.

Ainsi, le salafisme gagne du terrain, et finit par organiser la vie quotidienne sur des portions du territoire de la République, qui semblent dès lors effectivement perdues.

Je ne vous cache pas que ces révélations sur la progression désormais incontrôlée du salafisme en France m’inquiètent beaucoup.

C’est un phénomène profond, qui utilise tous les moyens possibles pour gagner en influence, et qui bénéficie du soutien clientéliste d’élus manifestement fâchés avec les principes républicains français, et en premier lieu avec l’idée d’une République une et indivisible.

Ces révélations m’inquiètent d’autant plus que je perçois une forme d’indifférence totale à ce phénomène, tant bien entendu de la part du gouvernement, duquel il n’y a plus rien à attendre, mais de la part aussi des candidats à l’élection présidentielle, qui sont pourtant en compétition pour prendre la relève de ces gouvernements défaillants, et qui paraissent en réalité vouloir suivre le même chemin d’un renoncement coupable.

Je cible en particulier M. Macron qui ne cesse dans ses discours d’exalter le communautarisme, engagé dans une lutte sans merci avec M. Mélenchon pour récupérer le vote de telle ou telle communauté, s’adressant toujours aux origines supposées de ses auditoires, flattant les cultures étrangères, et niant même à la culture française d’exister.

En cette période troublée, j’ai le sens des responsabilités.

Je demanderai à mon gouvernement de prendre toutes les mesures pour rétablir l’unité de la République, et la seule légalité républicaine sur tout le sol français.

Je veux reconquérir ces territoires perdus de la République. J’assurerai l’intégrité du territoire de la République.

Je commencerai par dissoudre l’UOIF (l’Union des organisations islamiques de France).

Affiliée aux Frères musulmans et classée comme organisation terroriste par certains pays musulmans, dont les Émirats Arabes Unis, l’UOIF a bénéficié en France de trop de complaisance des gouvernements successifs.

Des ministres de l’Intérieur ont voulu voir en elle un interlocuteur valable, et l’ont crédibilisée comme une solution raisonnable pour encadrer les musulmans de France.

Pourtant, l’expérience montre ses liens très forts avec des prédicateurs de haine, qui développent des positions violentes, ouvertement djihadistes, homophobes et antisémites.

Pourtant, nous savons tous que, directement ou sous des faux-nez, la mouvance islamiste est à la manœuvre pour créer un climat délétère afin de générer, dans certains quartiers, une pression sociale à laquelle nul habitant ne peut se soustraire.

Il n’appartient ni au gouvernement de la République, ni aux collectivités locales de choisir des musulmans qui pourraient devenir des interlocuteurs privilégiés.

Au niveau national, la fondation, créée par Dominique de Villepin que Jean-Pierre Chevènement veut rénover, ne peut être qu’une impasse.

Pourquoi les musulmans de France se rangeraient derrière un « machin » dirigé par un « mécréant » et quelques musulmans de plateaux de télévision ?

Sur le plan local, il faut en finir avec les petits arrangements pour contourner la loi de 1905 avec des associations bien choisies, ici pour construire une mosquée sur un terrain communal cédé par bail emphytéotique, là pour la construction d’un centre culturel qui sera en fait un centre culturel, sans compter les accords discrets sur le menu des cantines ou les horaires des piscines.

Il ne s’agit que de clientélisme municipal qui ne peut que favoriser l’enfermement communautariste.

Il ne s’agit que d’échanges de services au détriment de la République et des principes qui la fondent, à commencer par celui de laïcité.

Aussi, mon gouvernement demandera aux collectivités locales de vérifier la conformité des activités de chaque association touchant de l’argent public à son objet social et au principe de laïcité.

Les accommodements raisonnables n’ont nulle part résolu les problèmes, au contraire ils les ont plutôt aggravés en fragmentant les populations selon les origines ou la religion des uns et des autres.

Avec les intégristes, tous les compromis ne sont que des compromissions qui appellent de nouvelles régressions. Toute négociation est déjà une capitulation.

Ainsi donc, que les musulmans en France choisissent eux-mêmes leurs imams et construisent par eux-mêmes les lieux de culte qui leur conviennent.

En revanche, il ne peut être toléré que les imams qu’ils se donnent appellent à transgresser les lois de la République.

Tout propos qui irait dans ce sens doit être sanctionné, conformément aux textes en vigueur.

Les peines prévues dans le Code pénal doivent être appliquées, sans excès certes, mais aussi sans faiblesse.

Si le prêcheur fautif est étranger, il ne faut pas hésiter à l’expulser.

Notamment, l’égalité entre les hommes et les femmes doit être scrupuleusement respectée.

Il ne peut être accepté que soit dit qu’il est autorisé de battre son épouse.

Il ne peut être accepté qu’une femme soit agressée ou, d’ailleurs, seulement insultée parce que sa tenue serait considérée comme inconvenante par tel ou tel au nom de ses croyances.

Toutes les religions en France doivent se conformer aux lois contingentes que nous citoyens nous nous donnons.

Il ne saurait y avoir de textes supérieurs à ceux que le peuple souverain a voté directement ou par l’intermédiaire de ses représentants dûment élus.

Toutefois, selon l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905, pour les lieux dans lesquels les individus ne sont pas libres de leurs mouvements, la puissance publique doit prendre en charge les hommes de religion, sans transgresser le principe de laïcité.

Et parmi ces lieux, il y a bien évidemment les prisons.

Chacun sait qu’elles sont devenues des incubateurs de radicalisation, des écoles de fanatisme.

Les aumôniers musulmans y ont donc une mission : enseigner un islam qui exclut ces dérives meurtrières et contrer ceux des détenus qui se proclament imams de la haine.

Dans le respect de la déontologie de leur mission, ils doivent participer à la lutte contre un phénomène qui défigure leur religion.

Quant aux surveillants, ils ont déjà beaucoup à faire et sont désarmés face à des attitudes d’activités intégristes ou de replis fondamentalistes.

Ils peuvent les répertorier et les signaler aux services compétents.

Mais il faut aller plus loin en cassant les groupes structurés qui exercent, en toute impunité, un prosélytisme agressif derrière les barreaux auprès des détenus psychologiquement faibles.

Il faut mieux détecter les risques de dérapages en prison.

Les individus radicalisés doivent être isolés pour mettre fin à une mixité carcérale facilitant le travail des recruteurs des cellules djihadistes.

Pour effectuer toutes ces tâches, je créerai un service spécialisé dans la surveillance des radicalisés incarcérés, et je rattacherai l’Administration pénitentiaire au ministère de l’Intérieur, car c’est bien évidemment d’abord un problème de police.

L’expérience montre qu’il n’existe pas deux mondes séparés aussi bien dans l’univers carcéral que dans la vie en ville.

Il n’y a pas d’un côté les délinquants de droit commun, et de l’autre les terroristes islamistes.

Au contraire, partout en Europe, nous pouvons constater que, le plus souvent, ceux qui posent les bombes ou qui assassinent appartiennent au milieu de la délinquance, plutôt de la petite délinquance.

Ce sont en fait des hybrides, des délinquants déstructurés, sans repère, que les réseaux djihadistes peuvent facilement prendre en main pour les amener jusqu’à des opérations-suicides.

De Mohamed Merah, dont le souvenir sanglant est dans toutes les mémoires, à Ziyed ben Belgacem, l’auteur de la tentative d’Orly, le 18 mars dernier, la liste de ces hybrides est longue.

Ce dernier est typique de la confusion jusqu’à la caricature.

Dans son sac à dos le Coran voisinait avec des cigarettes, alors que lui-même était sous l’emprise de l’alcool et de la cocaïne.

C’est pour cela que je veux une approche globale qui ne sépare pas artificiellement djihadistes et délinquants de droit commun.

Des criminologues de renom relèvent que la DGSI n’a toujours pas pris en compte ce phénomène d’hybridation, pas plus qu’Europol.

Il est plus que temps de le faire.

De même, certains ne veulent toujours pas voir quel est le nouvel antisémitisme qui ravage des quartiers entiers de notre pays.

Aujourd’hui, des Français sont agressés, blessés, parfois même tués parce qu’ils sont juifs.

Parce que les prêcheurs du fondamentalisme islamiste les ont désignés à leur haine ; parce qu’ils reçoivent la complicité passive de l’islamo-gauchisme.

Je combattrai avec détermination cette insupportable menace.

Assécher les viviers en France du fondamentalisme islamiste est une impérieuse nécessité, mais c’est aussi un travail de longue haleine.

Pourtant, il faudra aussi s’engager dans un combat à plus long terme.

La misère pousse tant d’êtres humains au désespoir et aux aventures les plus folles.

L’intérêt bien compris de la France est d’aider l’Afrique, et notamment les pays du Sahel, à se développer dans le respect de la souveraineté des nations qui la composent.

Ni arrogance de nantis, ni paternalisme d’un autre temps, ni moralisme d’intellectuels en chaise longue.

C’est pour cela que je me suis rendu au Tchad, non seulement pour saluer nos soldats qui y risquent leur vie, mais aussi pour parler avec le président Idriss Deby de la manière de lutter ensemble contre le djihadisme, dans l’immédiat sur le plan militaire, à plus long terme par le développement.

Progressivement, au cours de mon quinquennat, la France portera ses crédits de coopération à 0,7% du PIB, objectif souhaité par les Nations-Unies pour les pays développés.

Nous devons aider au développement de l’agriculture et l’école afin que chacun puisse vivre et travailler au pays car ces secteurs, comme celui de la santé, sont sacrifiés budgétairement par des pays auxquels on réclame de plus en plus d’efforts militaires afin de lutter contre les groupes armés terroristes islamistes.

Nous devons aussi fortifier les appareils d’État pour que soient assurées la sécurité de chacun et une bonne administration du quotidien.

Permettre aux gens de demeurer dignement chez eux, voilà un but humaniste qui correspond à la fois à nos intérêts de Français et à la tradition de la France.

Comme nous le faisons déjà au Mali et au Moyen-Orient, nous devons être prêts à intervenir à la demande des Etats pour empêcher l’extension de Daesh, d’Al Qaeda et de toutes les formes de djihadisme, notamment en Afrique où la France a des responsabilités historiques particulières.

Si possible, en plus de respecter la légalité internationale conférée d’abord par les Nations-Unies, ces interventions doivent se dérouler dans le cadre de coalitions pour au moins en répartir la charge.

La coopération des nations contre le terrorisme islamiste, j’ai été en parler à Beyrouth avec le président Aoun et à Moscou avec le président Poutine.

Mais il faut prendre garde que ces interventions ne soient pas en réalité des ingérences sous prétexte humanitaire.

Elles ne doivent pas sombrer dans l’idéologie ou dans de bons sentiments apparents qui dissimuleraient des prédations traditionnelles.

Elles ne tarderaient pas à se retourner contre nous.

La démocratie ne s’impose pas à la pointe des baïonnettes ou à coups de missiles.

Regardez le sort de l’Irak quatorze ans après l’intervention américaine, à laquelle la France ne s’est pas associée grâce à la clairvoyance du président Chirac.

Regardez le sort de la Libye six ans après l’intervention franco-britannique, engagée de manière irresponsable par le gouvernement de François Fillon.

Regardez les conséquences pour la France de ces deux folles aventures.

Regardez les conséquences pour les populations directement concernées.

Les dictateurs ont peut-être disparu, mais les pays sont déchirés par des guerres civiles.

Des bandes armées les parcourent, tuant, pillant, violant.

Des masses de malheureux migrants y sont exploités jusqu’à la mort par des trafiquants sans scrupule, liés aux djihadistes et l’argent de ces trafics finance les fondamentalistes terroristes.

L’État islamique s’y est implanté, favorisant le terrorisme, commandant les attentats.

La reconquête est difficile.

Regardez la bataille de Mossoul, après celle d’Alep. Quant au Sahel, il est déstabilisé.

Sans l’intervention française, Bamako serait tombé aux mains des terroristes islamistes.

Regardez le vandalisme à Tombouctou, même des monuments anciens de l’islam ont été détruits.

Et la Syrie me direz-vous ?

Il faudra bien se mettre autour de la table afin de trouver une issue.

Si nous voulons que la négociation aboutisse, il faudra y inviter tous les acteurs de la crise, en dehors bien évidemment des terroristes islamistes, y compris ceux d’Al Nosra, ceux qui faisaient du « bon boulot » selon Laurent Fabius.

Ils sont le problème.

Ils ne peuvent être la solution.

L’intérêt de la France est que cette solution intervienne au plus vite.

Car le territoire syrien sous contrôle islamique sert de base arrière aux terroristes qui viennent tuer chez nous, qui viennent tuer dans toute l’Europe : Bruxelles, Berlin, Londres, Stockholm et bien sûr Paris et Nice.

Toutefois, je sais que la solution n’est pas simple, qu’elle risque de demander des efforts de tous les partenaires et donc un peu de temps.

C’est pour cela qu’outre les indispensables opérations militaires il convient de ne pas s’attarder en tergiversations préalables sur la liste des participants.

Le rôle diplomatique de la France doit être de faciliter les contacts entre tous les intervenants et de ne pas jeter des exclusives au nom de considérations qui n’ont rien à voir avec le but final.

Si nous voulons pouvoir dénicher les terroristes islamistes jusque dans les déserts les plus arides d’Afrique ou de Mésopotamie, nous devons donner à nos armées les moyens humains et matériels correspondant.

Le monde est dangereux.

La chute du mur de Berlin n’a pas produit des « dividendes de la paix », comme nous le chantait Laurent Fabius, il y a un quart de siècle.

Notre effort militaire était alors autour de 3% du PIB.

Ces illusions nous ont conduits à baisser la garde pour descendre à environ 1,7%.

Le budget de la défense est devenu la principale variable d’ajustement.

Nos hommes sont épuisés.

Nos matériels ne fonctionnent souvent que par l’ingénieux bricolage de ceux qui les utilisent.

Bref, nos armées sont à l’os, comme on dit.

Aussi, je veux, dès la première année de ma présidence, inverser cette tendance catastrophique.

Je porterai le budget de la défense, redevenue d’ailleurs Défense nationale, à 2% du PIB, et je ferai inscrire ce pourcentage comme un minimum dans la Constitution.

Puis, progressivement, au cours de mon quinquennat, ce budget retrouvera les 3% de jadis.

La France doit disposer des capacités de projection pour protéger les pays d’Afrique et de Moyen-Orient de la structuration des terroristes islamistes.

N’oublions pas qu’en les protégeant, nous nous protégeons nous-mêmes.

Et puis, il faudra bien adapter notre diplomatie aux menaces qui pèsent sur notre pays. Je restreindrai donc nos relations, y compris économiques, avec les États qui soutiennent le fondamentalisme islamique.

Je suis bien consciente que les terroristes commettent aussi des attentats en Arabie.

La marche du monde n’est jamais simple, ni mécanique.

Mais, néanmoins, la France ne peut accepter que tous ces pays ne participent pas de toutes leurs forces à la lutte ouverte contre ceux qui se réclament de ce fondamentalisme criminel.

Il y a des financements sous couvert de solidarité religieuse qui ne sont pas acceptables.

Il y a des enseignements sous la forme d’exégèse des textes sacrés qui sont intolérables.

Il y a aussi des investissements dans les banlieues françaises qui sont suspects.

Je souhaite que nous ayons les meilleures relations avec tous les pays du monde, y compris avec le Qatar et l’Arabie-Saoudite que je viens de citer.

Mais encore faut-il qu’ils respectent le principe de non-ingérence et qu’ils refusent d’être des bases arrière, même indirectement, pour des activités et des comportements répréhensibles.

Ils doivent apporter leur contribution à la lutte contre le terrorisme.

Ils doivent aussi prendre leur part du fardeau des réfugiés en les accueillant chez eux, à commencer par ceux qui se réclament de la même religion.

C’est plus urgent et surtout plus utile que la construction d’une gigantesque cité de divertissements ou des immeubles si hauts qu’ils donnent l’impression de vouloir dépasser la voûte céleste.

Je me concerterai avec tous les pays qui se battent résolument contre le fondamentalisme islamique.

Quelles que soient les préventions que nous pouvons avoir contre Bachar Al Assad, ce fut une erreur tragique de la part de Manuel Valls de refuser une liste de djihadistes français opérant en Syrie sous le prétexte fallacieux qu’elle provenait des services de ce pays.

Si notre police l’avait reçue, elle aurait pu prendre un certain nombre de dispositions.

Et je pense que des victimes françaises auraient été épargnées.

Si cette liste avait relevé d’une quelconque manipulation, je sais que nos services suffisamment compétents pour s’en apercevoir ne serait pas tombés dans ce piège éventuel.

Regardons le monde tel qu’il est, et non tel que nous voudrions l’imaginer.

Il y a des pays qui affrontent ce phénomène criminel avec détermination, comme la Russie et l’Iran.

Peut-être parce qu’ils se trouvent en première ligne qu’ils le veuillent ou non.

Le récent attentat dans le métro de Saint-Pétersbourg en est encore une démonstration.

Nous devons les mettre autour de la table pour réfléchir à la lutte contre le terrorisme.

Mais, pour nécessaire que soit cette politique étrangère et militaire devant assurer notre protection à partir de régions lointaines, elle ne suffit pas.

Il faut aussi agir sur le sol national.

Pour commencer, je veux rétablir nos frontières nationales.

Chacun se rappelle de ce terroriste qui, ayant commis son attentat de Noël à Berlin, erra plusieurs jours à travers différents pays d’Europe, dont la France, en franchissant sans encombre de multiples frontières, pour finir par être abattu à Milan.

Oui, je dénoncerai les calamiteux accords de Schengen.

Les contrôles aux prétendues frontières de l’Europe relèvent du discours vide qui prône l’impuissance comme mode de régulation.

La Grèce, ruinée précisément par l’Europe, n’a pas les moyens du rôle qui lui est assigné par ses créanciers impitoyables.

En première ligne du fait de la seule géographie, l’Italie est submergée par des vagues de migrants que des associations se croyant humanitaires lui ramènent par bateaux entiers alors que, malgré leur bonne foi, elles ne font que compléter les activités criminelles des passeurs au point de les favoriser.

De plus, l’expérience montre que les terroristes savent se glisser dans les flots de migrants pour pénétrer dans les pays qu’ils veulent frapper.

Arrêtons avec le discours sur les « réfugiés ».

Nous savons tous que la grande masse des migrants n’ont rien à voir avec la guerre civile en Syrie.

Ils sont des émigrés économiques qui fuient la misère dans leur pays d’origine au prix de risque inouïs.

Avec nos sept millions de chômeurs, avec nos neuf millions de travailleurs pauvres, nous n’avons pas les moyens de les accueillir.

Devant le décalage entre leur rêve et la réalité, ces migrants sont bientôt déçus, bientôt frustrés.

Désœuvrés, ne comprenant plus pourquoi ils se sont lancés dans cette terrible aventure, pourquoi ils ont abandonné leur famille et leur terre natale, ne pouvant d’eux-mêmes revenir en arrière, ils cherchent un responsable de leurs malheurs.

Et ce responsable est celui qui ne répond pas à leurs espérances, celui qui ne donne pas ce qu’ils sont venus chercher.

Arrêtons aussi de donner des faux espoirs dans les bidonvilles des mégapoles surpeuplées ou dans les villages désolés par l’avancée du désert.

Les bandes criminelles de passeurs en profitent pour arracher les pauvres économies de ceux qui rêvent d’un Eldorado européen qui n’existe pas.

Qu’il soit connu partout dans le monde que les « sans-papier », autrement dit les clandestins, les étrangers en situation irrégulière, donc en situation délictuelle, ne serons jamais régularisés en France.

Seulement, une fois, retournés dans leurs pays, leurs cas pourront être examinés, et peut-être ils pourront alors obtenir un permis de séjour.

Toute régularisation sur le sol français suscite dix vocations.

Certains investiront au risque de se ruiner, d’appauvrir leur famille, pour se mettre dans les mains de réseaux mafieux.

Combien périront en route, épuisés dans quelque désert ou dans les neiges de quelque montagne ?

Combien se noieront en mer, en Méditerranée, dans l’Atlantique ou dans le détroit de Gibraltar ?

Toute régularisation sur le sol français peut contenter celui qui se croit une belle âme, parce qu’il sera satisfait d’avoir réglé une détresse visible, mais il ignorera les drames qui en découleront loin de ses yeux.

L’humanisme ne consiste pas à se focaliser sur le visible au risque de provoquer des situations encore plus dramatiques en dehors de sa vue.

L’humanisme veut que les problèmes soient envisagés, sinon traités, dans leur globalité.

Dans deux départements français, dans lesquels je me suis rendue, Mayotte et la Guyane, ce laxisme migratoire conduit à des situations difficiles, notamment dans le domaine de la sécurité.

Nos compatriotes de Guyane le manifestent avec force.

Elles pourraient bien préfigurer celle que nous connaîtrions en métropole, si nous n’y prenons garde, avec en plus un risque terroriste aggravé.

C’est la raison pour laquelle je supprimerai les pompes aspirantes de l’immigration illégale en n’accordant plus de prestations sociales aux étrangers en situation irrégulière et en abolissant l’aide médicale d’État.

J’abolirai le droit du sol.

Les maternités de Mamoudzou et de Cayenne connaissent une suractivité avec des étrangers qui y viennent accoucher seulement pour que leur enfant jouisse de la nationalité française.

Celle-ci ne doit être acquise que par filiation ou par naturalisation dont les conditions seront par ailleurs plus exigeantes.

De même, le regroupement et le rapprochement familial ne seront plus automatiques.

Je veux un solde annuel d’immigration limité à 10 000 individus.

Nous pourrons alors assimiler tous les Français dans un même peuple, réduire les frustrations et limiter les tentations de s’engager dans des aventures sanglantes.

Arrêtons enfin de galvauder le droit d’asile en le détournant de son objet originel.

Nous ne pouvons pas accepter que les demandeurs attendent pendant des mois dans notre pays au point de s’y installer, et finalement de se voir refuser le statut espéré. Mais, pour autant, ils ne partent pas.

La loi est bafouée.

L’attentat de Stockholm a été réalisé par un demandeur d’asile dont la requête avait été rejetée, et qui devait être expulsé.

Je ne donne pas de leçon à la Suède, mais je m’interroge sur les conséquences de l’explosion de l’asile, qui est totalement dévoyé.

Non seulement il faut expulser, et vite, ceux qui n’ont pas obtenu l’asile, mais il faut à tout prix que l’analyse des dossiers se fasse avant l’arrivée sur le territoire.

Aussi, je veux que ce droit d’asile ne soit accordé qu’à la suite de demandes déposées auprès des ambassades ou des consulats français situés dans les pays d’origine ou dans des pays limitrophes.

Je veux qu’il soit strictement limité aux cas réels de persécution, notamment politique ou religieuse.

Bien sûr, j’en exclus les individus poursuivis à cause de leur radicalisme islamiste.

Je rétablirai donc les frontières nationales.

Et, pour en assurer la surveillance, je créerai 6 000 postes de douaniers en cinq ans.

Dans la prolongation d’un mouvement entamé depuis trop longtemps, 4 000 postes de douaniers ont été supprimés pendant que François Fillon, puis Emmanuel Macron, étaient au gouvernement.

Et, nous nous étonnons de ne pas savoir qui entre et qui sort de notre territoire.

Et, nous nous étonnons de l’amplification dramatique, dans toute l’Europe, des trafics en tout genre, d’abord bien sûr celui des armes, et aussi celui de la drogue.

Le premier équipe le terrorisme.

Le second sert bien souvent à le financer.

N’oublions pas ceux que je nommais à l’instant les hybrides.

Il n’existe pas de cloisons étanches entre la délinquance de droit commun et les crimes du terrorisme.

Au contraire, l’un et l’autre se recouvrent largement, s’interconnectent sans cesse et s’épaulent en toute occasion. Je ne le répéterai jamais assez la lutte doit être globale.

Pendant le quinquennat de François Fillon en tant que Premier ministre, 12 500 postes de gendarmes et de policiers ont été supprimés.

Pendant les années au cours desquelles Emmanuel Macron travaillait à la présidence de la République, puis comme ministre de l’Économie, seulement 390 ont été rétablis, alors qu’il en avait été promis 9 000.

Il est des économies apparentes qui coûtent chères au final.

Je recruterai donc massivement des gendarmes et des policiers, 15 000 supplémentaires en cinq ans.

Je ferai affecter d’autres fonctionnaires spécialisés pour assurer les tâches administratives, l’accueil du public et l’enregistrement des plaintes.

Il faut que les opérationnels soient sur le terrain pour que puissent être rétablies les brigades de proximité, pour que soient réinvesties les zones de non-droit.

De toutes les mesures de la dispendieuse et inefficace politique de la ville, qui a toujours relevé de la communication et de l’enfumage, c’était la seule efficace.

En priorité, il faut libérer les cités des petits caïds qui y font régner leur domination au profit aussi bien du crime organisé que du terrorisme islamiste.

Les quelque cinq mille chefs de bandes, identifiés par le ministère de l’Intérieur pourront subir un complément de peine pénale avec l’injonction civile d’éloignement.

Je créerai une brigade de gendarmerie spécialisée qui sera chargée du désarmement des caves dans lesquelles se cachent de véritables arsenaux.

Mon mot d’ordre est de lutter contre le terrorisme en asséchant le vivier dans lequel il prospère.

Mais avant d’intervenir en force, il faut commencer par savoir.

Sous le gouvernement de François Fillon, les services de renseignement ont été gravement désorganisés, et leurs moyens ont été sensiblement abaissés.

Alors qu’Emmanuel Macron évoluait dans les sphères gouvernementales, la situation a encore été aggravée.

Je créerai une agence unique de lutte contre le terrorisme, que la menace soit sur le sol national ou qu’elle se situe à l’extérieur.

Là aussi il n’y a pas de séparation nette. Je donnerai à cette agence les moyens humains et techniques nécessaires pour qu’elle soit en mesure d’analyser, de prévenir et de coordonner les opérations qui devront être menées.

Sur le terrain, feront remonter l’information des policiers familiarisés avec les quartiers sensibles et formés à la détection des profils de ceux pouvant passer à l’acte ou pouvant simplement aider ces derniers.

Le récent rapport que je mentionnais tout à l’heure sur la diffusion de l’idéologie salafiste en France s’alarmait de ce que les policiers ne puissent plus connaître la réalité du terrain.

Voilà où nous ont menés ces années et ces années d’errements.

Les fichés S doivent bien entendu être écartés de toute fonction sensible, et quand ils sont étrangers expulsés sans délai.

Ceux qui sont binationaux seront déchus de leur nationalité française, et expulsés.

Il y a urgence.

Dans le cadre de la prévention contre ces crimes abominables, je suis déterminée à utiliser toutes les dispositions déjà existantes de l’arsenal judiciaire pour mettre hors d’état de nuire les terroristes potentiels.

Ainsi, l’article 411-4 du Code pénal permet de les placer en détention provisoire, puis de les condamner à des peines allant jusqu’à 30 ans de prison.

Quand l’identité des auteurs d’un attentat est connue, trop souvent nous apprenons alors qu’ils étaient parfaitement repérés par les services de police qui, eux, avaient fait leur travail.

Pourtant, nous étions restés inertes faute de commencement formel de passage à l’acte.

Combien de morts, combien de blessés faut-il pour mettre les Français à l’abri ?

Les libertés individuelles des terroristes potentiels valent-elles mieux que l’intégrité physique de leurs futures victimes ?

Quant aux binationaux qui se sont engagés dans de telles activités ou qui en ont été complices, ils doivent être jugés, être déchus de leur nationalité française et expulsés du territoire.

Il suffit de leur appliquer l’article 23-7 du Code civil.

Ils ne méritent plus de répondre au beau nom de Français avec les privilèges qui y sont afférents.

Ils en sont devenus indignes.

D’ailleurs, à propos de ces nécessaires expulsions d’étrangers, qu’ils l’aient toujours été ou qu’ils le soient devenus par déchéance, que personne ne vienne s’y opposer sous prétexte des risques qu’ils encourent dans leur pays d’origine.

C’est leur faute.

C’est leur responsabilité.

Ils n’avaient qu’à avoir un autre comportement que délictuel ou encore moins criminel en France.

Ils ont trahi la confiance du pays qui les a accueillis.

Expulsion, déchéance de nationalité, des décisions de justice ou administratives interviendront donc, et comme toute décision de justice ou comme toute décision administrative, elles peuvent être contestées devant le juge.

Je laisserai bien entendu cette possibilité aux personnes concernées de faire valoir ces recours que commande l’Etat de droit.

Mais il n’est pas possible, au niveau de menace où nous sommes aujourd’hui, que la main de la justice, ou celle de l’Etat tremble.

Les récents événements d’Orly nous ont aussi appris qu’au-delà de cette population identifiée des fichés S, certains échappent au radar de nos services de renseignement, signe que l’infiltration de l’idéologie mortifère qui mène au terrorisme est réellement profonde, qu’elle irrigue des pans entiers de notre société.

C’est une raison supplémentaire pour renforcer, moderniser nos services de renseignement, et pour leur donner les consignes les plus claires qui soient.

Enfin, il ne faut pas se raconter d’histoires.

Les hommes et les femmes qui ont été rejoindre Daesh ou quelque autre groupe djihadiste, ont soit eux-mêmes commis des crimes, soit accepté que des crimes soient commis en leur nom.

Il ne s’agit pas de les « déradicaliser », comme l’expliquent quelques naïfs ou quelques escrocs, en leur faisant caresser des hamsters ou en leur récitant les articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Ils sont endoctrinés.

Ils sont dangereux.

Ils doivent être mis hors d’état de nuire à la société en raison des horreurs perpétrées par eux ou par ceux qu’ils sont allés soutenir. Nous ne pouvons pas avoir en France des cellules dormantes, toujours prêtes à intervenir pour essayer de nous déstabiliser.

Or, nous savons qu’il y a quelques milliers de jeunes français, sans parler des étrangers, qui s’apprêtent à regagner le territoire national, alors que reculent les groupes fondamentalistes au Moyen-Orient.

Un grand nombre d’entre eux représentent des bombes vivantes potentielles.

Je prendrai les mesures préventives qui s’imposent pour mettre les Français en sûreté.

Pour mener à bien ces difficiles combats, nous devons avoir des gendarmes, des policiers et des douaniers performants.

Et ils le seront d’autant plus qu’ils auront le soutien de toutes la société, d’abord celui de leur hiérarchie, à commencer par les responsables politiques.

J’instaurerai la présomption de légitime défense pour les fonctionnaires de police, comme elle existe déjà pour les gendarmes.

L’ère du soupçon érigé en système doit être close.

L’autorité publique a raison tant qu’il n’est pas démontré qu’elle a tort.

Les accusations portées contre ceux qui nous protègent doivent être dûment prouvées sous peine d’être plus que de la simple diffamation, sous peine d’être des tentatives de déstabilisation de la République.

Toutefois, si des fautes sont effectivement prouvées, elles doivent être sanctionnées, il y va de la crédibilité des forces de l’ordre dans leur ensemble, et de la confiance que la population doit leur accorder.

Nos forces de l’ordre ne doivent pas être découragées par le laxisme judiciaire, par la culture de l’excuse, par la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme.

Il ne s’agit pas de défaire dans les tribunaux ce que nos forces de l’ordre ont eu tant de mal à faire sur le terrain, parfois au prix de longues nuits de travail.

J’instaurerai la peine de prison à perpétuité réelle incompressible pour certains crimes très graves. J’abrogerai les lois Dati et Taubira, qui exonèrent d’application réelle les peines inférieures à cinq ans de prison.

Je ne veux plus voir ces délinquants arrêtés un jour, et venir le lendemain, parce qu’ils ont été aussitôt libérés, narguer les policiers qui ont fait leur travail.

Pour combattre la surpopulation carcérale et pour que les conditions d’incarcération restent dignes, je construirai 40 000 nouvelles places de prison en cinq ans.

Si nous ne devons jamais oublier les phénomènes d’hybridation, nous devons aussi nous respecter nous-mêmes en traitant fermement et sévèrement, mais humainement, tous les détenus, y compris les terroristes.

En revanche, les délinquants étrangers condamnés seront automatiquement expulsés.

Oui, je rétablirai ce que les gauchistes appellent « double peine », et que le gouvernement de François Fillon n’a pas rétablie.

D’ailleurs, je passerai des accords avec les États qui l’accepteront pour que les étrangers accomplissent leur incarcération dans leur pays d’origine.

Je supprimerai les prestations sociales aux récidivistes et aux parents des mineurs récidivistes qui auront fait preuve de carence éducative.

La répression est nécessaire.

Il ne faut pas craindre de la mener sans faiblesse.

Je sais qu’en comparaison au laxisme qui prévaut depuis longtemps en France, qui est presque devenu une culture d’Etat, il y va de la vie, de l’intégrité physique, et plus prosaïquement de la simple liberté de circuler des Français et encore plus des Françaises.

Mais il faut surtout créer un autre climat dans notre pays.

Il faut que les Français aiment la France.

Je m’attacherai à nous redonner la fierté d’être Français, et cela dès l’École primaire.

Mais nous devons aussi retrouver la voie de l’assimilation.

Pour qu’il n’y ait toujours qu’un seul peuple français dans l’espace public, pour que chaque Français puisse dans le respect de la loi commune penser et agir comme il l’entend dans sa sphère privée, pour que chaque Française conserve ses droits, cette égalité que le fondamentalisme islamiste veut remettre en cause.

C’est l’assimilation républicaine qui détruira à terme le terreau du terrorisme islamiste.

C’est l’assimilation républicaine qui libérera nos compatriotes musulmans des amalgames que veulent les idéologues du fondamentalisme islamique.

Pour cela nous devons être collectivement forts.

Nous ne devons pas nous résigner.

Nous ne devons pas nous habituer au terrorisme, comme nous l’enjoignait Manuel Valls.

Un Premier ministre qui ose formuler une telle recommandation est indigne de la France.

Nous devons aller plus loin que l’expression publique de notre souffrance collective, pour que ces horreurs ne recommencent plus.

Notre légitime douleur ne fera pas reculer les assassins.

Nous devons exiger du pouvoir politique qu’il mène la lutte, à l’extérieur du pays avec toutes les nations concernées, à l’intérieur du pays en mobilisant toutes les forces de l’appareil d’État, y compris les collectivités locales, mais aussi tous les citoyens attachés à la République, à la laïcité, à l’État de droit et, au-delà, à notre civilisation, à nos libertés, à nos mœurs, bref à notre manière de vivre.

L’enjeu dépasse tous ces crimes odieux, les bombes posées pour tuer le plus grand nombre et pour blesser de façon horrible, les mitraillages de terrasses de café ou de salles de concert, les camions lancés sur les passants pour écraser ceux qui ont simplement le malheur d’être là à ce moment.

Si le terrorisme est la partie violente de leur palette, l’affirmation communautariste, sa visibilité dans l’espace public, sa subversion de nos mœurs les plus banales, n’en est qu’une forme plus douce, celle qui leur est facile de faire accepter par tous les idiots utiles au nom d’une tolérance irréfléchie, celle qui leur est facile de négocier avec tous les notables recroquevillés sur leur minuscule pré carré, celle qui leur est facile d’acheter dans les institutions les mieux établies avec l’argent sale de tous les trafics.

Je l’ai déjà dit, mais je ne le répéterai jamais assez : le combat contre le terrorisme islamiste est un combat global, un combat contre le fondamentalisme islamiste.

Je combattrai donc du même mouvement le terrorisme qui se réclame de l’islamisme et le communautarisme qui constitue à la fois son vivier et ses otages.

Je le ferai pour tous les Français pour que, chacun dans son pays, puisse être libre d’aller et de venir sans crainte.

Je le ferai pour que toutes les Françaises, dans leur pays, puissent vivre comme elles l’entendent.

Je le ferai parce que c’est le devoir d’un président de la République de veiller à l’indépendance nationale et à l’intégrité du territoire, et donc à la liberté de chacun d’entre nous.

Dès le début de mon quinquennat, je m’emploierai à cette tâche.

Je la sais difficile.

Je n’ignore pas les obstacles qui seront dressés sur le chemin de la France.

Mais les Français peuvent compter sur moi, sur ma volonté, sur ma détermination.

Je sais que je peux compter sur eux.

Au cours des temps, notre nation a surmonté des situations bien plus périlleuses et des difficultés bien plus grandes.

Elle a su en ressortir encore plus forte.

Je sais que nous gagnerons, que le terrorisme islamiste sera vaincu.

Vive la République !

Vive la France !

Marine Le Pen

Discours

11 avril 2017

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