Pouvoir d’achat : Conférence de Presse de Marine Le Pen

davidJ

13 mai 2011

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Vendredi 13 mai à 15h30 à Nanterre, Marine LE PEN tenait une conférence de Presse sur le thème du pouvoir d’achat :

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie de votre présence à cette conférence de presse, consacrée à la question du pouvoir d’achat.

Il y a beaucoup de raisons de vous parler du pouvoir d’achat aujourd’hui et de vous proposer les axes de réponse du Front National sur cette question.

Il s’agit aujourd’hui de 24 premières mesures concrètes pour le pouvoir d’achat. Mois après mois jusqu’à l’élection, nous continuerons de détailler notre projet.

D’abord, dans sa version présentée début avril, le projet économique et social du Front National fait du pouvoir d’achat l’une de ses grandes priorités, avec l’emploi. Je l’avais annoncé début avril : mois après mois, je détaillerai mon projet économique via des conférences de presse thématiques. Aujourd’hui sur le pouvoir d’achat. Je rappelle qu’en mars déjà, je l’avais fait sur la répartition des super-profits du CAC 40.

Ensuite, le pouvoir d’achat est une question de premier plan pour un nombre croissant de Français. Et pour cause !

Le recul du pouvoir d’achat touche les plus pauvres d’entre nous : d’après l’INSEE près de 8 millions de Français, soit 13% de la population, vivent sous le seuil de pauvreté, soit moins de 949 euros par mois pour une personne seule.

Pire, la récente étude de l’INSEE sur « les revenus et le patrimoine des ménages » révèle que près d’un tiers des familles monoparentales vivent sous ce seuil. Ce taux grimpe à 50% quand il y a 3 enfants au moins dans la famille ! On ne parle jamais de ces situations de dénuement extrême, de ces millions d’oubliés des « fractures françaises », pour reprendre le nom de l’essai très instructif de Christophe Guilluy.

Mais le pouvoir d’achat en berne est aussi de plus en plus le problème de la classe moyenne, ouvriers, employés, retraités, fonctionnaires, indépendants, qui de plus en plus ont des difficultés à joindre les 2 bouts et qui souvent sont obligés de s’endetter pour simplement espérer vivre à peu près normalement.

Le déclassement des classes moyennes, le sentiment malheureusement justifié que ses enfants ou ses petits-enfants vivront moins bien que soi, recouvrent une réalité dramatique, qui semble n’intéresser personne à gauche ou à droite.

Philippe Moati, directeur de recherche au Credoc, évoquait récemment à ce sujet « un cocktail explosif » pour 2011, année marquée par l’explosion des prix de l’énergie et de l’alimentation. Il indiquait, je le cite, que « globalement, ce sont les ménages les plus défavorisés qui sont le plus touchés, car souvent, ils vivent en zone périurbaine donc ont une voiture et sont locataires. L’alimentation constitue en outre un poste de dépense important dans leur budget. »

Dans le même esprit, un rapport récemment remis à Martin Hirsch et préparé par le Boston Consulting Group, met clairement en évidence le poids des charges fixes (loyers, téléphonie, essence) qui sont celles qui progressent le plus vite et qui grèvent avant tout le budget des ménages les plus pauvres et des classes moyennes inférieures.

Les données statistiques globales, et très discutables, régulièrement fournies par le pouvoir ne doivent donc pas servir de prétexte au pouvoir pour fanfaronner alors que la situation est dramatique pour des millions de Français et des millions de familles.

L’explosion des prix de l’énergie, de l’essence notamment, la hausse continue des produits alimentaires, le dérapage des loyers, conjugués à des salaires, des pensions et des traitements en berne, sont une source première d’inquiétude, qui inspirent notre projet d’action.

Agir, ce n’est pas communiquer.

A ce sujet-là, permettez-moi de dénoncer la communication permanente du pouvoir sarkozyste, qui tente de faire croire qu’il agit, alors qu’il n’a rien fait, qu’il ne fait rien, et qu’il ne compte rien faire pour le pouvoir d’achat des Français.

Affolé par des sondages catastrophiques, désirant masquer son inaction totale depuis 4 ans et la trahison des électeurs qui avaient voté pour « le président du pouvoir d’achat », Nicolas Sarkozy multiplie les annonces électoralistes, tout de suite démenties par les faits.

C’est le cas par exemple de la fameuse « prime de 1000 euros », qui s’est dégonflée aussi vite qu’elle était apparue. Après avoir fait croire aux salariés qu’ils recevraient 1000 euros chacun, le gouvernement renvoie désormais à une négociation, sur un montant libre (1000 euros, ça sonnait bien…), et uniquement dans les entreprises de plus de 50 salariés qui versent des dividendes en hausse.

Que de conditions restrictives ! Et que de flou ! Autrement dit, cette annonce ne touchera, si elle aboutit finalement, qu’une très faible minorité de Français, qui de toute façon risquent fort de perdre la prime en augmentation de salaire annulée : un beau jeu de dupe… Et puis, pour la grande majorité des travailleurs, pour les fonctionnaires, pour les retraités, rien.

Bref, Nicolas Sarkozy, on l’a compris, a une stratégie de communication bien huilée pour 2012 : faire croire qu’il protège les Français dans la crise, alors qu’il ne fait rien. Nous dénonçons ainsi le président de l’inaction !

Contrairement à d’autres gouvernements dans d’autres pays, je le montrerai dans un instant.

Il faut donc rompre avec ces coups de com’ permanents et définir un vrai plan d’action, cohérent et global. C’est ce que je propose pour ma part.

Nicolas Sarkozy qui disait en 2007 : « Ma conviction, c’est qu’une des questions centrales pour la France est celle du pouvoir d’achat des Français. Les salaires sont trop bas, les revenus sont trop faibles, et moi je veux parler à la France qui travaille. » Qu’a-t-il fait ? Rien !

Trois principes guident le travail de mon équipe sur le sujet du pouvoir d’achat et inspireront donc cette conférence de presse :

1. La question du pouvoir d’achat ne sera pas réglée sans rupture de politique économique. Les catalogues de mesurettes déjà périmées du PS et de l’UMP sont des mensonges. Sans aborder les vraies questions de fond, on ne fait que de la communication. 30 ans d’échec le démontrent.

Voilà pourquoi nous travaillons au fond des choses, quitte à nous heurter à la bien-pensance, aux « experts » habitués des plateaux de télévision, toujours les mêmes, ceux qui n’ont jamais rien vu venir et qui défendent toujours le système tel qu’il est. Avec eux, tout va toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes possible…

2. Deuxième principe : la baisse du pouvoir d’achat n’est pas une fatalité ! Il est parfaitement possible d’agir, à condition d’être cohérent, courageux, et d’établir des priorités. Nous avons un plan d’action concret.

3. Troisièmement, un point important : s’il faut engager certaines dépenses publiques pour redresser le pouvoir d’achat des catégories de Français particulièrement pénalisées, nous l’assumons. Mais nous sommes responsables, et nous voulons le faire à niveau global de dépenses constant. Ainsi, nous gageons toute hausse des dépenses utiles par une baisse des dépenses inutiles.

I. Il y a donc des mesures à prendre tout de suite pour améliorer le pouvoir d’achat des Français et leur redonner espoir.

Mais il ne faut pas mentir aux gens : structurellement, la situation s’améliorera sur le front du pouvoir d’achat et de l’emploi d’ailleurs, à l’unique condition de rompre avec la politique économique ultralibérale conduite par l’UMP et le PS depuis 30 ans environ.

Leur politique précipite la France dans la mondialisation débridée et isole notre pays dans une politique économique absurde, celle de l’Union européenne et de la zone euro.

Cette politique d’isolement menée par l’Europe et soutenue par tous les gouvernements, a coupé la France de la croissance mondiale : corset monétaire, celui de l’euro, qui nous empêche de réagir dans la crise et pousse les pays de la zone euro les uns après les autres vers la ruine, la dette et le saccage social.

Démantèlement des frontières, comme nulle part ailleurs dans le monde, alors que les autres pays se protègent de la concurrence déloyale. Et affaiblissement de l’Etat, qui laisse la désindustrialisation faire ses ravages sur l’emploi et les salaires.

Bref, à terme, et sûrement assez vite, un scénario de saccage social à la grecque, à la portugaise, ou à l’irlandaise.

Ces 3 pays de la zone euro sont dans une situation épouvantable aujourd’hui. Et si c’est le cas ce n’est pas, je vous le rappelle, parce qu’ils ont quitté l’euro ou qu’ils envisagent de le faire, mais bien parce qu’ils font tout pour y rester, par idéologie ! D’ailleurs, on sent ces derniers jours que les chosent commencent à craquer, entre réunions secrètes dans l’urgence à Bruxelles et déclarations « off » de ministres qui doutent de la viabilité de l’euro…

Notre projet économique vise donc à remettre la France dans le jeu mondial, en rompant avec cette politique économique absurde et suicidaire.

Je vous renvoie au document mis en ligne sur notre site.

Notre projet prévoit ainsi de nous réarmer face à la mondialisation, nous inspirant sur ce point des travaux des économistes Jacques Sapir sur la démondialisation et la sortie de l’euro, Jacques Nikonoff, Alain Cotta, Florin Aftalion ou Jean-Jacques Rosa, entre autres.

Liberté monétaire comme 95% des pays du monde, établissement de protections aux frontières de différents types (droits de douane différenciés selon les produits et les pays, quotas d’importations et normes techniques), et construction d’un Etat stratège fer de lance de la réindustrialisation du pays constituent le socle de notre projet économique, celui qui permettra de redresser la barre, et de mener une vraie politique efficace et cohérente pour l’emploi et le pouvoir d’achat.

A ce sujet, j’évoquais tout à l’heure l’inaction sarkozyste, l’inaction d’un Président qui préfère le blabla à l’action. J’en veux pour preuve quelques exemples étrangers, évoqués de façon plus détaillée sur notre site Internet dans un document récemment mis en ligne.

Qu’il s’agisse de pays plus petits ou plus grands que la France, plus riches ou moins riches, beaucoup se réarment face à la mondialisation. La France de Nicolas Sarkozy laisse au contraire les Français des classes populaires et moyennes, les fonctionnaires et les retraités voir leur situation se dégrader.

Par exemple, les Etats-Unis ont intégré à leur plan de relance de 2009 l’obligation d’utiliser sur les chantiers de construction des métaux et des aciers américains.

En septembre 2009, ils ont aussi décidé une taxe de 35% sur les pneus chinois afin de soutenir leur propre industrie du pneumatique. D’autres pays, moins peuplés et pas aussi riches que la France, agissent aussi : c’est le cas par exemple du Canada, où l’entreprise française Alstom n’a pas eu accès au marché des transports publics alors que l’entreprise canadienne Bombardier a remporté ces dernières années des marchés publics de la RATP.

L’Union européenne est le dindon de la farce des marchés publics, en les ouvrant à toutes les entreprises du monde, quand les autres pays légitimement soutiennent leurs entreprises locales.

Dans plusieurs pays, des lois donnant priorité aux productions nationales dans les marchés publics ont été votées ou sont en discussion : la loi « Buy American » depuis longtemps aux Etats-Unis, mais aussi la loi « Buy Brazilian » au Brésil, un pays pourtant moins riche que le nôtre, et le Canada lui aussi réfléchit à sa loi « Buy Canadian ».

Notons que l’Angleterre a de plus en plus fréquemment recours à l’étiquetage « Made in England » pour inciter les consommateurs à acheter britannique.

Voilà des pays qui agissent ! Je propose une loi équivalente en France, une loi « Achetons français », qui donnerait priorité aux productions françaises dans les marchés publics, en particulier à nos TPE et PME.  Nous soutiendrons aussi une vaste campagne de valorisation des produits « fabriqués en France ».

Dans la France de Nicolas Sarkozy, on reste inactif, passif, ce qui pénalise durement l’emploi et le pouvoir d’achat. Quant au PS, il ambitionne d’être représenté à la présidentielle par un ultralibéral, président du FMI, qui à l’heure où je vous parle négocie des plans de réduction de 10 à 15% des salaires et des pensions dans les pays où il passe. Sur le pouvoir d’achat, on repassera…

II. Au-delà de ces mesures de fond, déterminantes, le Front National s’engage pour le pouvoir d’achat des Français à travers un plan d’action complet :

- Concernant le plus urgent d’abord, les prix de l’énergie, et notamment les prix à la pompe, il est temps d’agir. Les automobilistes n’en peuvent plus. Cette semaine encore, nous venons de battre des records, 1,55 euro en moyenne le litre de super 95.

Depuis plusieurs mois, nous avons présenté notre plan d’action. La TIPP représente 60% des prix à la pompe ; il faut la baisser immédiatement de 20%, et compenser la perte pour les finances publiques par une surtaxe des superprofits des grands groupes pétroliers et gaziers.

Je vous rappelle qu’en 2010 Total seul a réalisé 10,5 milliards d’euros de bénéfice. Sur l’ensemble du secteur de l’énergie, gaz, essence, électricité, l’Etat doit reprendre la main, contrôler les entreprises stratégiques et les tarifs.

Bref, il faut rompre avec la logique européenne de libéralisation, engagée par la gauche et la droite depuis 1996 à coups de directives nocives. L’Etat doit lutter résolument contre la spéculation sur les prix, et cesser de donner le sentiment qu’on ne peut rien faire !

J’ajoute que les taxis sont particulièrement touchés par cette explosion des prix de l’essence. La détaxe de 5000 litres supprimée il y a quelques années à cause d’un gouvernement qui s’est couché devant l’Union européenne, devra être rétablie. Je m’y engage. C’est une question de justice sociale pour les travailleurs.

L’inaction sarkozyste est donc la première chose à rejeter.

Le second danger très grave vient des Verts, et notamment de leur possible candidat à la présidentielle Nicolas Hulot, qui depuis des années promet aux Français la taxe carbone, qui ferait passer le litre d’essence à 2 puis 3 euros le litre !

Cette taxe carbone est un monument d’injustice, qui pénaliserait en premier les plus petits et profiterait aux gros !

- Autre volet de ce plan d’action immédiat pour le pouvoir d’achat : une meilleure répartition des profits des entreprises. En 2007, 37% des bénéfices des sociétés du CAC40 allaient aux dividendes ; c’était 50% l’an dernier.

Cette dérive est intolérable. Je dis « stop au blabla », aux fumeuses « primes de 1000 euros » et autres annonces électoralistes sans lendemain. Un instrument sérieux doit être mobilisé : l’impôt sur les sociétés. Nous réfléchissons à ce qu’il soit modulé en fonction de l’utilisation qui est faite des bénéfices. Plus ils vont vers les salaires et l’investissement, plus l’impôt sur les sociétés diminue. Plus les bénéfices profitent aux actionnaires, plus l’impôt est lourd. Cette fonction incitative de l’impôt doit être utilisée. Voilà une piste d’action concrète et efficace !

Nous proposons également, afin d’assurer une meilleure participation de chacun aux fruits de l’entreprise, l’instauration d’une réserve légale de titres, qui est un moyen de reconnaître au personnel une part de propriété dans l’entreprise.

L’idée est de s’inspirer du mécanisme de la réserve légale pour pourvoir cette réserve de titres, c’est-à-dire concrètement pour racheter jusqu’à 10 % des titres de la société (actions ou parts sociales) au fil des exercices bénéficiaires. Ce mécanisme s’appliquera dans les entreprises de plus de 50 salariés.

Ainsi, chaque année en fonction des bénéfices, les sociétés doivent racheter des parts sociales (dans les SARL) ou des actions (dans les SA) jusqu’à acquérir 10 % du capital.

Cette réserve légale appartiendrait aux salariés pris dans leur globalité. Lorsque des dividendes sont votés par l’assemblée, les salariés, devenus collectivement associés ou actionnaires, entrent dans la répartition. Lorsqu’un salarié quitte l’entreprise, il n’emporte aucun titre. Lorsqu’un salarié entre, il devient collectivement propriétaire avec ses collègues de 10 % du capital, et donc des dividendes.

Ce dispositif est en quelque sorte un mécanisme de capitalisme populaire. Les titres de la réserve légale ne donneraient droit qu’aux dividendes et non au vote : il existe d’autres mécanismes de contrôle des entreprises par les représentants du personnel. En parallèle, nous interdirons les stock-options, les retraites chapeau et les parachutes dorés.

Un autre poison pour le pouvoir d’achat se situe au niveau de la grande distribution et de leurs centrales d’achat hyperconcentrées. En plus d’écraser nos agriculteurs et nos petits producteurs, la grande distribution impose des prix élevés malgré ses centrales d’achat.

Nous proposons d’interdire les liens d’exclusivité entre une centrale et une enseigne de grande distribution. 

Il faut aussi renforcer considérablement les moyens de l’Autorité de la concurrence, qui en France traite toujours moins de dossiers que dans nombre de pays étrangers.

Il est en effet absolument nécessaire de casser les ententes, les cartels, et d’interdire les pratiques abusives de la grande distribution ou des grands groupes. Cela ne pourra se faire efficacement que dans le cadre d’un Etat fort, qui n’hésite pas à taper du poing sur la table quand nécessaire.

Je voudrais rappeler que, selon certaines études, 1/3 du pouvoir d’achat serait absorbé par les ententes.

- Toujours sur la distribution et les prix, je suis particulièrement inquiète et mobilisée, concernant les prix de l’alimentation. Sur les produits alimentaires en particulier, il faudra surveiller de près la grande distribution, parce que l’alimentation pèse tout particulièrement dans le budget des ménages les plus pauvres (l’alimentaire, c’est en moyenne 14% du budget des ménages nous dit l’INSEE, mais beaucoup plus pour les plus modestes).

Un encadrement des prix de l’alimentation de base est une solution possible.

Cependant, l’ hyper-spéculation mondiale explique aussi la flambée des prix de l’alimentaire, qu’on annonce très importante pour 2011 : les spécialistes évoquent par exemple 20% de hausse cette année pour la farine ou le café, 8% pour les pâtes, 6% pour le beurre, 6% pour le pain, ou 7% pour les biscuits.

Pour ne prendre que l’exemple du café, son prix a augmenté récemment de 1 euro en moyenne dans les grandes surfaces, c’est considérable ! Ce sont des augmentations intenables pour nombre de Français. D’autant qu’en 2008, nous avions déjà connu une flambée des prix alimentaires, de 5,2% selon l’INSEE. Il faudra donc si nécessaire imposer un encadrement des prix alimentaires, dès les semaines à venir et fixer un prix maximum raisonnable pour certaines denrées indispensables, quitte à ce que les grosses firmes et la grande distribution prennent sur leurs marges !

- Le pouvoir d’achat est aussi déterminé par la fiscalité.

Cette question, développée dans notre projet économique mis en ligne, fera l’objet d’une conférence de presse spécifique certainement à la rentrée, quand nous aurons davantage d’éléments concernant le projet de loi de finance pour 2012 et sur les intentions réelles du gouvernement.

Ceci dit, je vous rappelle nos objectifs et les principes qui guident la révolution fiscale que nous proposons : un impôt plus efficace, plus simple, et surtout plus juste, ce qui nécessite de réintroduire de la progressivité partout où elle a disparu. Chacun doit contribuer selon ses moyens et personne ne doit échapper à cette règle. Ainsi, nous estimons que les classes moyennes et les PME sont les premières victimes de l’injustice fiscale qui s’est développée en France et que le pouvoir sarkozyste a considérablement renforcée.

Le livre de Piketty, Landais et Saez, « la Révolution fiscale », a démontré que les classes moyennes paient parfois plus d’impôts en proportion de leurs revenus que les plus riches, et notamment les très riches. Les PME quant à elles paient 33% d’impôt sur les sociétés quand les grandes entreprises du CAC40 n’en paient que 8% dans les faits via l’optimisation fiscale.

Il faudra rétablir la justice en rendant progressif l’impôt sur les sociétés, en appliquant la règle décrite précédemment, à savoir une plus grande taxation quand les bénéfices sont reversés sous forme de dividende, ce qui est la caractéristique des grandes entreprises (50% de reversement des bénéfices sous forme de dividendes en 2010 au sein du CAC 40), en renégociant les conventions fiscales passées avec nos partenaires à l’étranger et en réformant le régime de groupe français, qui est l’un des plus avantageux du monde pour les grands groupes.

Côté ménages, nous souhaitons un impôt sur les revenus, qui distingue les revenus du capital, plus fortement taxés qu’aujourd’hui, de ceux du travail, qui le seront moins qu’actuellement. Dans tous les cas, il faudra rendre plus progressif l’impôt sur les revenus, alors que notre impôt sur le revenu actuel l’est beaucoup moins qu’auparavant, et que la CSG ne l’est pas du tout.

- Le pouvoir d’achat intéresse donc tout particulièrement les Français qui travaillent, ou qui n’en ont pas la possibilité faute d’emploi. Mais je voudrais aussi qu’on cesse d’oublier l’une des catégories de la population qui a été le plus lésée par les promesses et les discours de campagne de Nicolas Sarkozy : ceux qu’on a coutume d’appeler les « petits retraités », ces Français de l’ombre qui ne se font pas entendre, ne se montrent pas, et souffrent en silence, dans nos villes et nos campagnes.

Le pouvoir n’a pas revalorisé les petites retraites.

La pension moyenne brute, tous régimes confondus, est de 1122 euros par mois selon les chiffres de la DREES, hors pension de réversion et minimum vieillesse, et ce chiffre cache de grandes inégalités. Seulement 825 euros pour les femmes en moyenne.

C’est inacceptable, et d’autant plus injuste qu’un étranger en situation régulière âgé de 65 ans qui arrive en France peut toucher 750 euros au titre de l’ASPA (Allocation solidarité personnes âgées), sans avoir jamais ni travaillé, ni cotisé, ni même vécu en France.

L’engagement de revalorisation des petites pensions sera inscrit dans mon projet pour la France. Par ailleurs, dans le secteur privé, la pension de réversion n’est accordée au conjoint de la personne décédée que si ce conjoint gagne moins de 18 720 euros par an, un plafond beaucoup trop bas, ce qui crée une situation d’injustice vis-à-vis des fonctionnaires pour lesquels il n’y a pas de seuil. Cette situation non plus n’est pas acceptable et je m’engage à rehausser significativement ce plafond. De 18 720 euros, il passera à 30 000 euros.

- Il faut aussi agir en direction des petits fonctionnaires, qui voient leur traitement gelé au moins jusque 2012, et on parle déjà d’une reconduction en 2013, ce qui nous paraît fou vu le niveau des petits traitements de la fonction publique.

- A ce sujet, nous avons déjà émis une proposition : différencier les situations dans l’évolution du point d’indice. Il n’est pas normal que le point augmente, ou n’augmente pas, de la même façon pour tous, quel que soit le niveau de rémunération.

Les hauts fonctionnaires peuvent très bien supporter un gel du point d’indice, d’autant qu’ils bénéficient souvent de primes auxquelles les autres fonctionnaires n’ont pas droit, ou dans des proportions bien inférieures.

En revanche, le point d’indice des fonctionnaires en bas de l’échelle salariale doit connaître une autre dynamique. Son gel n’est pas juste. Il faudra donc prévoir des variations de la valeur du point d’indice différentes selon la position sur l’échelle des revenus.

Je n’oublie pas, bien sûr, le monde agricole en souffrance. Selon la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation (CCAN), le revenu moyen net par actif non salarié a chuté de 34 % en 2009, après avoir enregistré un recul de 20 % en 2008. A 14.600 euros annuels, le revenu agricole moyen serait au plus bas depuis plus de trente ans.

Notre système de protections raisonnées aux frontières profitera à nos paysans, aujourd’hui laminés par une concurrence internationale déloyale. Nous pensons en effet que les agriculteurs doivent d’abord vivre de leur travail et de leurs productions.

La Russie par exemple impose des quotas sur les importations agricoles et des normes sanitaires très strictes sur les importations de fruits et légumes, au profit de ses productions nationales. C’est bien normal. Si la Russie, avec d’autres, peut le faire avec succès, il n’y a aucune raison qu’un pays plus riche, qui possède la deuxième agriculture du monde, ne puisse pas agir lui aussi !

Par ailleurs, l’effondrement de la PAC est un autre facteur d’appauvrissement global et de dépression du monde agricole. Je l’ai proposé lors de ma visite au Salon de l’agriculture en février dernier : nous remplacerons la PAC, qui de toute façon sera sacrifiée dès 2013, par la PAF : Politique Agricole Française.

Au lieu de verser 20 milliards d’euros à l’Union européenne chaque année pour n’en récupérer que 13, dont 10 au bénéfice du monde agricole, nous cesserons de verser cet argent.

Nous pourrons ainsi faire les économies nécessaires pour directement verser davantage à nos agriculteurs : 15 milliards par an, soit 50% de plus qu’aujourd’hui, et infiniment plus que demain si l’on ne change rien.

III. Afin de relancer le pouvoir d’achat de certaines catégories de Français aujourd’hui profondément victimes de la politique sarkozyste et notamment de revaloriser les petites retraites, il faut être honnête : il est nécessaire de fixer de vraies priorités et d’augmenter certaines dépenses publiques ou dépenses de solidarité. Cela implique, si l’on veut éviter d’aggraver les déficits publics, de réduire les dépenses massives les plus nocives.

Nous nous engageons ainsi  à réduire les dépenses les plus inutiles : coût de l’immigration que nous évaluons à 60 milliards d’euros (évalué par exemple par Monsieur Jean-Paul Gourévitch, universitaire, à 30 milliards d’euros par an environ), argent versé par la France au budget de l’Union européenne (nous donnons chaque année 20 milliards d’euros, et n’en récupérons que 13, aides agricoles comprises), abus de la décentralisation (l’intercommunalité coûte 4 milliards d’euros par an selon la Cour des comptes), et fraude sociale, dont le montant est évalué, toujours par la Cour des comptes, entre 10 et 12 milliards d’euros par an.

Voilà de vraies sources d’économie massives et utiles au pays !

Par ailleurs, le minimum vieillesse, rebaptisé Allocation de solidarité aux personnes âgées, doit être réservé aux Français.

Nous avons également proposé à l’occasion de la réforme des retraites, que nous avons combattue, que les sommes collectées grâce aux droits de douane que nous établirons aux frontières, évaluées à 40 milliards d’euros par an environ (ce qui correspond à un droit moyen de 10% sur les importations), soient prioritairement affectées au système de retraite, notamment aux petites retraites.

C’est en agissant ainsi, en fixant de vraies priorités – les petites et moyennes retraites – qu’on pourra réellement améliorer la situation de nos personnes âgées, trahies par les gouvernements successifs et aujourd’hui très largement abandonnées.

Le pouvoir d’achat c’est enfin une question de méthode. Aujourd’hui, il n’est pas possible de connaître précisément l’évolution du pouvoir d’achat des Français, au global et surtout dans le détail, ce qui permet de déceler le creusement des injustices les plus choquantes.

Le pouvoir d’achat, ce sont 2 choses : d’un côté des revenus, de l’autre des prix.

Côté prix, nous savons depuis le grand mensonge du passage à l’euro qu’on ne peut plus faire confiance à l’INSEE. Même Nicolas Sarkozy l’avait reconnu il y a quelques années : la hausse des prix en 2002 a été terriblement minimisée, niée et les Français depuis ne font plus confiance aux indices officiels des prix, avec justesse me semble-t-il.

Nous allons donc faire œuvre de transparence : je vous annonce le lancement sur le site Internet du Front National, et dès la fin juin, de l’Observatoire du Pouvoir d’Achat.

Cet Observatoire publiera régulièrement à partir de cette date des données réelles sur l’évolution du pouvoir d’achat, côté revenus et côté prix, de quelques catégories de Français parmi les plus touchés. Nous suivrons ainsi mois après mois le pouvoir d’achat de 3 profils de Français : un jeune qui démarre dans la vie, un couple avec enfants issu de la classe moyenne et une retraitée qui tente de s’en sortir. Ces situations, des millions de Français les vivent. Nous mettrons en regard l’évolution du revenu de ces profils et l’évolution de leurs dépenses, selon l’évolution des prix d’un panier moyen. La méthodologie sera explicitée en son temps sur le site de l’Observatoire du Pouvoir d’Achat.

Nous y travaillons déjà avec l’aide de techniciens, et en consultant un maximum de Français pouvant correspondre à ces profils.

Vous serez bien sûr tenus informés des activités et des conclusions de l’Observatoire. Là où aujourd’hui il n’y a qu’opacité et mensonge nous prônons la transparence et la vérité.

Je conclurai sur une question d’actualité : la sortie de Laurent Wauquiez sur le RSA, orchestrée à l’Elysée il y a plusieurs semaines a-t-on appris de vos confrères. D’abord, personne n’aura été dupe : une nouvelle fois il s’agissait d’enfumer, de tenter de manipuler les Français en évoquant, de façon très caricaturale et stupide d’ailleurs, un thème du Front National, l’assistanat.

Voilà pour la stratégie électoraliste que ce gouvernement nous sert tellement souvent qu’elle ne trompe plus personne.

Sur le fond, je trouve absurde la sortie de Laurent Wauquiez : on ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac, aurais-je envie de dire un peu trivialement.

D’un côté, il y a des millions d’honnêtes bénéficiaires du RSA, femmes seules qui élèvent leurs enfants par exemple, personnes âgées, etc. Ces gens-là ne sont pas un « cancer » pour notre pays : ils sont des Français en souffrance, qui souvent restent dignes, qu’il faut soutenir dans leur recherche d’emploi, et qui n’ont aucune raison de voir leur pouvoir d’achat déjà modeste diminuer !

Mais de l’autre côté, il y a d’énormes abus, que Nicolas Sarkozy avait promis de combattre en 2007 et contre lesquels il ne fait strictement rien. Je pense aux trafiquants de drogue qui dans certains quartiers roulent en grosse berline (ou en porsche ?…) et perçoivent pourtant le RSA.

Je pense à l’immigration économique attirée par le système de protection sociale le plus généreux du monde. Je pense au scandale des familles polygames, qui touchent parfois jusque 9000 euros par mois d’aides sociales comme certaines enquêtes journalistiques l’ont montré. Sur ces sujets, rien. La situation empire. Nous demandons nous un contrôle musclé des trains de vie suspects, une lutte déterminée contre la polygamie avec renvoi systématique à la frontière dès qu’il s’agit d’un étranger, ainsi qu’un plan national de guerre contre la fraude sociale. L’Etat devra renforcer ses contrôles fiscaux, sécuriser les agents fiscaux mobilisés, traquer les abus et cesser de fermer les yeux sur la polygamie. Voilà ce qu’il faut faire, au lieu de tout mélanger sciemment pour masquer ses échecs !

Marie-Christine Arnautu, Vice-Présidente du Front National en charge des affaires sociales, travaille actuellement avec différents spécialistes internes et externes, à nos propositions en matière de politique sociale.

Ces éléments feront l’objet d’une communication, dans la suite logique de nos présentations successives depuis le mois de Mars.

Je demanderai tout particulièrement à Marie-Christine de travailler à des propositions qui permettront une nette revalorisation du pouvoir d’achat de populations aujourd’hui en grande détresse, par exemple les femmes seules qui élèvent des enfants, des jeunes couples avec enfants, dans le cadre d’une politique familiale plus ambitieuse, les familles qui élèvent des enfants handicapés et également les séniors jetés du marché du travail prématurément.

Le Front National et moi-même porterons ainsi pendant la campagne présidentielle un projet d’espérance cohérent, qui s’attaque aux vrais problèmes et qui propose de vraies solutions. Le message que je voudrais faire passer aux Français à travers vous aujourd’hui est qu’il ne faut pas baisser les bras, bien au contraire. Nous sommes là pour eux, et avec eux !

Je vous remercie.

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davidJ

13 mai 2011

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