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Marine Le Pen, candidate à l'élection présidentielle, tenait aujourd'hui lundi 13 février un point presse devant le Conseil Economique, Social et Environnemental sur le thème "Pour une République rigoureuse et exemplaire !".
Vous voudrez bien trouver ci-dessous le texte de son intervention.
Le discours de Marine Le Pen :
« Pour une République rigoureuse et exemplaire », c’est le sens du message que je porte aujourd’hui devant vous.
Comme moi, vous avez pu constater en effet la montée d’un sentiment d’injustice parmi les Français, qui considèrent, à juste titre il faut le dire, qu’on demande sans cesse des efforts aux mêmes alors que les autres, tout en haut, les puissants sont épargnés.
Pire, tout en haut, on continue de bien vivre, de vivre de mieux en mieux, de profiter d’un système qui reste doux avec ceux qui le dirigent, mais qui se montre de plus en plus impitoyable avec les plus misérables, avec les classes moyennes, avec les jeunes comme les retraités.
Il est donc temps que des décisions soient prises pour montrer que chacun, y compris et surtout au plus haut niveau, participe à l’effort national.
Il est temps de prendre des mesures fortes pour combler le fossé entre des élites épargnées et un peuple affligé.
Il est temps que les grands notables de la République et les institutions participent à l’effort. Bref, que la République redevienne ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : rigoureuse, et exemplaire.
Je propose donc aujourd’hui 7 mesures pour mettre la République sur le chemin de la rigueur et de l’exemplarité. 7 mesures dont une première qui justifie notre présence ici.
Par l’action que je mène aujourd’hui, la très grande majorité des Français apprendra l’existence de cette institution : le Conseil économique, social et environnemental. Pourtant, la Constitution de la République lui consacre trois articles. Pourtant, il existe depuis plus de quatre-vingts ans, depuis une décision de Edouard Herriot en 1925. Pourtant, son existence a été confirmée en 1946 et en 1958, et en 2008 à « économique et social » a été ajouté « environnemental », probablement « pour faire bien ».
Mais à quoi sert le Conseil économique, social et environnemental ? Officiellement à donner à sa demande des avis au gouvernement. En somme, cette institution est une grande machine à pondre des rapports. Mais il faut poser la question : Qui les lit ? Qui en tient compte ? Que deviennent ces rapports en dehors d’être entassés dans des placards pour y dormir tranquillement ?
Bien sûr, il est utile de faire rencontrer et dialoguer entre eux les acteurs de la vie économique, les acteurs de la vie sociale, les acteurs de la vie associative. Mais, au Conseil économique, social et environnemental, la rencontre est purement formelle, le dialogue est impossible.
En réalité, et je révèle ici un secret de polichinelle de la République, la véritable fonction du Conseil économique, social et environnemental est à la fois de placer ses amis et d’élargir son cercle amical.
Quelques nominations récentes illustrent bien cette dérive. Ainsi, Raymond Soubie quitte l’Elysée pour devenir actionnaire majoritaire de l’agence d’information AEF, et reçoit en complément un siège dans cet organisme. Et comment ne pas évoquer le sort heureux de Pierre Charron ? Certes, il fut écarté de la présidence. Mais, avant de se faire élire sénateur dissident de Paris, il fut dans ce Conseil comme dans une salle d’attente. Notons aussi la présence de l'ancien maire socialiste de Pau, Yves Uriéta, qui avait rallié l'UMP pour mieux assurer la défaite de François Bayrou aux dernières élections municipales dans cette ville. Au gré des nominations, je relève les noms de quelques syndicalistes officiels retraités : Gérard Aschieri pour la FSU, Alain Obadia pour la CGT ou Pierre Khalfa de l'Union syndicale Solidaires. Je pourrais continuer à énumérer longuement cette litanie des privilégiés du système, de la nomenklatura dorée. Enfin, j’ai voulu réserver pour la fin, pour la bonne bouche, Hervé Marseille, maire de Meudon, qui fut nommé au Conseil économique, social et environnemental après avoir démissionné de l’EPAD, où il fut remplacé par Jean Sarkozy… Vous connaissez la suite.
Les personnalités qualifiées comme on dit sont trop souvent et depuis longtemps, il est vrai, choisies arbitrairement, en fonction des services rendus ou à rendre. Je pourrais aussi m’interroger sur les critères qui ont conduit à sélectionner telle ou telle association ou tel ou tel syndicat. Pourquoi, donc, par exemple, le président de l’UNEF ou celui de la FAGE émargent dans cette assemblée ? Croyez-vous que ces organisation soient vraiment représentatives des étudiants de France ? Toutefois, le critère du choix est parfois évident. Ainsi, France-Nature-Environnement a droit à six représentants. Quand cette association invite les candidats à la présidence de la République pour dialoguer, elle oublie soigneusement Marine Le Pen. Le système sait être reconnaissant. Enfin, comment ne pas s’indigner que l’une de ces associations, Surfrider foundation Europe, n’ait même pas un nom français ?
Au-delà de sa fonction de placement des amis, le Conseil économique, social et environnemental coûte cher aux contribuables français : près de 40 millions d’euros par an. Chacun des 233 membres de cette institution perçoit un total mensuel brut de 4 000 €. A cela il faut ajouter un régime de retraite tellement avantageux que la Cour des comptes a demandé son retrait. On nous promet une vague réforme d’ici juin. Mais le scandale perdure.
Plus grave encore, ce conseil est répliqué dans les vingt-six régions de métropole et d’outre-mer, sans compter les territoires d’outre-mer. Des collectivités territoriales ont aussi leurs propres structures de ce type. Dans les départements et dans les grandes agglomérations, il existe des codev, comités de développement, parfois agrémentés de l’adjectif « économique », complété dans certains cas par « durable ».
Quand on additionne les frais de fonctionnement de ces structures et les émoluments de leurs membres, on dépasse les 500 millions d’euros annuels. Voilà une économie immédiate pour les finances publiques. Voilà des niches de la République à supprimer sans tarder.
Ma première proposition aujourd’hui est donc la suppression dès 2013 du Conseil Economique, Social et Environnemental et de ses démembrements régionaux. Ce sera un signal très fort de rapprochement des élites et du peuple, une bonne claque donnée à cette maladie française du copinage, et une économie budgétaire immédiate importante.
La deuxième proposition tient à la participation du parlement à l’effort national et à la réduction du nombre de parlementaires. Celui-ci est étonnamment élevé dans notre pays : il faudra le réduire dès les élections législatives qui suivront celles de 2012.
Il y a cinquante ans, en 1962, il y avait, en France, 482 députés contre 577 aujourd’hui, et 274 sénateurs contre 348 aujourd’hui. Je veux revenir à ces proportions. Nous passerions ainsi de 925 parlementaires à 750, soit une économie de 175 parlementaires et de l’ensemble des coûts afférents. Nous serions alors au niveau de l’Allemagne avec ses 739 parlementaires nationaux. Allemagne qui compte pourtant 20 millions d’habitants de plus que la France.
J’ajoute, et ce sera ma troisième proposition, que le Sénat devra rendre à l’Etat la moitié de sa cagnotte, dont le montant s’élève à 1 milliard 310 millions d’euros. Il n’est pas admissible qu’alors que le pays est confronté à la crise de la dette, une assemblée dorme sur un magot d’une telle ampleur.
Ma quatrième proposition concerne le plafonnement des retraites des parlementaires, qui ne pourront plus excéder 5000 euros bruts par mois, quel que soit le nombre de mandats effectués. Aujourd’hui plusieurs dizaines de sénateurs perçoivent jusqu’à 10 000 euros par mois de retraite.
Les assemblées régionales doivent montrer l’exemple elles-aussi et c’est là ma cinquième proposition : dans tous les conseils régionaux où le Front national est présent, ses élus ont demandé, lors du vote des budgets 2012, une diminution de 50% des indemnités des conseillers. La grande coalition, UMP-PS-verts-communistes-centristes, unanime, a rejeté cette proposition. Comme toujours, ils parlent, mais ils ne font rien. Nous appliquerons cette décision quand nous serons majoritaires dans les assemblées locales.
Ma sixième proposition tient aux salaires du président de la République, du Premier ministre, et de tous les autres membres du gouvernement qui doivent être alignés sur ceux des parlementaires. Les Français en ont assez des responsables politiques jouisseurs, inspirés par l’exemple du premier d’entre eux qui a eu cette excellente idée de s’auto-augmenter de 172% dès qu’il a franchi le perron de l’Elysée...
La politique est un service pour les citoyens, et non une source d’enrichissement pour ses responsables. La République doit être exemplaire. Montesquieu ne disait-il pas que la vertu était le principe du régime républicain ?
Ma septième proposition est en rapport avec la transparence et le contrôle des dépenses des élus et hauts fonctionnaires nationaux et locaux : je mettrai en place la publication sur Internet des notes de frais des élus, des ministres, et de l’ensemble des chefs de l’administration de l’Etat et des collectivités territoriales.
Mesdames et messieurs,
Ensemble, informons les Français de l’existence de tous ces privilèges surannés, de ces endroits discrets où se cachent les rentes indues. Informons les Français, et abolissons-les.
Chacun doit participer à l’effort national, et celui-ci doit être mieux réparti. Les grands notables et les institutions de la République ne sont pas en dehors du peuple français, ils doivent cesser de vivre au-dessus de lui, parfois même contre lui.
Voilà l’engagement que je prends pour une République réellement transparente, une République rigoureuse et exemplaire, en rupture avec l’affaissement de la morale publique de ces dernières années.