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Conférence de presse de Marine Le Pen sur le thème de la Recherche

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13 mars 2012

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En déplacement sur le site du leader mondial Airbus pour visiter la chaine de montage de l’A380 à Toulouse-Blagnac, Marine Le Pen, candidate pour la défense de la France et de tous les Français à l’élection présidentielle de 2012, a tenue une conférence de presse sur le thème de la Recherche :

A. Etat actuel de la recherche en France.

Généralités.

Pour assurer sa prospérité et sa réindustrialisation, la France a absolument besoin d'une recherche fondamentale performante, suivie d'applications technologiques fructueuses, dans tous les domaines scientifiques et techniques. Et ce d'autant plus qu'il faudra soutenir une concurrence commerciale et scientifique avec de grandes puissances émergentes comme la Chine et l'Inde.

La France consacre environ 2,15% de son PIB à la recherche alors que l'Allemagne, la Grande Bretagne, la Suède, les Etats Unis et Israël (pour ne citer qu'eux) fournissent un investissement bien supérieur. Environ 46% du financement de la recherche française est assuré par l'état et 54% par le privé. Notre objectif est de parvenir en 2017 à consacrer 3% du PIB à la recherche.

Je désapprouve fermement les propos désobligeants tenus par Nicolas Sarkozy contre la communauté scientifique dans son discours du 22 Janvier 2009. La France possède une longue et brillante tradition scientifique s'appuyant sur de grands organismes de recherche publique (CNRS, CEA, Inserm, Inra, Institut Pasteur...etc), ses Universités et ses grandes Ecoles. Notre Ecole mathématique est l'une des toutes meilleures au Monde. Nos industries de haute technologie et nos laboratoires pharmaceutiques sont de réputation universelle. Dans un passé récent, nous avons été moteurs de projets magnifiques comme Ariane et Airbus qui ne doivent rien à la supertechnocratie européenne.

Cela dit, nous avons toutes les raisons d'être inquiets pour l'avenir. Plusieurs réformes structurelles (loi LRU, nouveaux modes de financements) de l'université et de la recherche ont été engagées sans réflexion de fond préalable suffisante et ont désorganisé l'enseignement supérieur et la recherche.
Les crédits de la recherche publique non finalisée ont été diminués (de 10 à 30 pour cent suivant les cas) au profit de la recherche sur projets à court terme (gérée en grande partie par l'ANR) et des investissements dits d'avenir: Labex, Idex (initiative d'excellence). Ce système conduit à dépenser beaucoup d'argent, d'énergie et de temps pour au total faire moins de recherche. Les chercheurs sont donc obligés de gaspiller un temps considérable pour remplir des dossiers de demande de financement au détriment de leur mission fondamentale de recherche. Un dossier de l'agence nationale de recherche (ANR) demande environ 3 semaines de travail. Pour un appel à projet Labex (laboratoire d'excellence) le dossier demande plusieurs mois d'efforts. Les évaluations sont de qualité douteuse et la sélection est faite dans une totale opacité. Très souvent les lettres de refus montrent que le dossier n'a pas été lu. Dans un tel dossier, les chercheurs doivent annoncer à l'avance ce qu'ils trouveront.

Or, les découvertes scientifiques ne résultent jamais de la mise en œuvre technique de procédés déjà connus. Elles sont au contraire la conséquence d'un événement totalement inattendu et surprenant, se produisant souvent lors de l'exploration d'un domaine jugé à priori secondaire par ses pairs. On ne trouve pas ce qu'on cherche au départ et, très souvent une découverte génère de manière imprévisible des profits considérables dans d'autres domaines. Ce système de financement va donc tarir la source des découvertes scientifiques majeures. Les grands organismes de recherche publique (CNRS, Inserm, Inra) ne peuvent plus mener de politique de recherche réfléchie à long terme, en outre ils sont affaiblis par la RGPP et transformés en coquilles vides.
Aucune autre structure ne prend le relais.

Les Labex ont une durée de vie inférieure à 10 ans, avec un financement incertain à moyen terme et une gestion difficile. Les projets ANR sont conçus pour 3 ans. La politique de Nicolas Sarkozy désarticule notre recherche et la fait tournoyer et zigzaguer au gré de la conjoncture politique immédiate.

Ainsi, par exemple, la France ne pourra jamais mener un programme à long terme de recherche sur l'Hydrogène bien que certains brillants chercheurs aient des idées prometteuses pour démarrer (étude de la production d'Hydrogène naturel près des rides médio-océaniques, utilisation de la vapeur d'eau des centrales nucléaires pour faire une électrolyse à moindre coût...etc). Un tel programme aurait également besoin d'ingrédients nouveaux issus de la recherche publique non finalisée.

Il faut savoir que l'ANR n'a pas de comité scientifique. Fin Novembre 2011 elle a annulé le programme de financement sur les contaminants de l'environnement et leurs effets, lancé un an plus tôt. C'est d'autant plus regrettable que le nombre de cancers liés à l'environnement est en forte augmentation. La raison officielle de cette annulation n'est pas connue, il est très possible que des lobbies de l'industrie chimique soient intervenus parce qu'ils n'aiment que l'on examine de trop près les risques liés à leurs produits.

Par ailleurs, la qualité des évaluations, faites notamment par l'agence AERES, est en baisse.

De plus notre recherche connait une carence inquiétante à savoir le manque d'innovation (technologique) et de brevets industriels. Ceci constitue un frein terrible à la croissance par ailleurs déjà mise à mal par un Euro trop fort et l'absence de protectionnisme intelligent aux frontières.

Le niveau scientifique de nos lycéens est trop faible et cela nous empêchera de former tous les scientifiques dont nous aurons besoin dans les prochaines décennies. La grande majorité des élites
Françaises (formées dans les grandes écoles) ne reçoit pas de formation par la recherche, à la différence de l'Allemagne ou des pays anglo-saxons. Nos ingénieurs ne sont donc pas suffisamment formés pour faire preuve d'innovation. Parallèlement à cela, la plupart de nos dirigeants d'entreprises n'ont pas la culture de la recherche, ils préfèrent s'intéresser au profit immédiat et investir en bourse plutôt que d'investir dans la recherche. C'est ainsi qu'en France il s'est développé un capitalisme boursier alors que les allemands ont opté pour un capitalisme d'investissement.

Très souvent, l'argent du crédit impôt-recherche est utilisé abusivement (par des grands groupes français) à d'autres fins que la recherche. Notre croissance est en berne alors que le crédit impôt-recherche coûte plus de quatre milliards d'Euros par an à l'Etat....

En France, le doctorat n'existe ni dans les conventions collectives du privé ni dans la définition des corps de fonctionnaires. Il ne forme quasiment qu'aux carrières universitaires et de recherche, ce qui n'est absolument pas le cas dans les autres pays développés. Ainsi, un étudiant ne se destinant pas à une carrière académique de chercheur n'a pas intérêt à consacrer 3 ans de sa vie à la préparation d'une thèse.

L'organisation de l'aide à la valorisation en France est mal faite, elle consiste en un enchevêtrement complexe de nombreux dispositifs au sein duquel les chercheurs ont beaucoup de mal à s'orienter. De plus, nos industriels, qui pour la plupart n'ont pas eu de formation par la recherche, sont souvent réservés à l'idée d'une interaction avec le monde de la recherche.

B. Propositions pour l'avenir

Généralités.

Nous investirons 32 milliards d'Euros (c'est indiqué dans le ProjetMarine2012) dans la recherche.

Le crédit impôt-recherche sera réformé de sorte qu'il profitera davantage aux PME et TPE innovantes. En outre il sera conditionné au maintien des centres de recherches en France et son usage sera davantage contrôlé.

Les universités seront recentrées sur leurs vraies missions: l'enseignement supérieur et la recherche. La gestion de leur masse salariale et la propriété (et construction) des bâtiments universitaires seront rétrocédées à l'Etat. Leurs crédits de fonctionnement seront remis à un bon niveau.

Revaloriser le doctorat et acquérir une culture de la recherche et de l'innovation.

Le niveau scientifique des lycéens sera progressivement relevé et ces derniers seront sensibilisés à l'importance de la recherche et de l'innovation. Le doctorat sera revalorisé et les élèves des grandes écoles seront encouragés à suivre une formation par la recherche après (ou parfois pendant) leurs scolarités. Une réflexion de fond réunissant directeurs de grandes écoles, directeurs d'instituts et présidents d'universités sera engagée (pilotée avec doigté par des représentants de l'état) pour déterminer et mettre en œuvre les réformes structurelles permettant un rapprochement entre grandes écoles et universités ou autres centres de recherche. On incitera nos dirigeants politiques et chefs d'entreprises à acquérir une culture de l'innovation et de la recherche.

Renforcer la Recherche publique et l'évaluation quinquennale, développer la valorisation.

La composition de l'agence d'évaluation AERES sera revue pour accueillir un contingent de chercheurs élus par leurs pairs et sa mission d'évaluation se conformera exclusivement à des critères scientifiques, indépendamment de toute influence politique.

Une concertation élargie à tout le monde de la recherche, via l’organisation d’états-généraux en début de quinquennat, permettra de déterminer les grands domaines prioritaires de recherche sur lesquels les investissements les plus massifs devront être portés. La Planification Stratégique de la Réindustralisation fixera dans le cadre de ces états-généraux ses priorités, afin que les filières industrielles puissent déterminer et cofinancer les travaux de recherche qu’elles jugent les plus utiles. La coopération entre la recherche privée et la recherche publique sera donc encouragée.
Un effort de recherche sera porté sur des secteurs-clefs pour la compétitivité de l’économie et de l’industrie française dont notamment le développement d’énergies alternatives au nucléaire (énergies renouvelables, mais aussi l’utilisation de l’hydrogène), les biotechnologies et les nanotechnologies, en particulier pour ces dernières dans leurs applications médicales. En ce qui concerne précisément le secteur médical, l’accent sera porté sur, en plus de la lutte contre le cancer et les maladies cardiovasculaires, les maladies neurodégénératives, au premier rang desquelles la maladie d’Alzheimer.
Le budget de la recherche publique non finalisée sera remis à un bon niveau. On redonnera aux grands organismes de recherche publique (CNRS, Inserm, Inra, Insu) leur autonomie scientifique et les moyens de développer une politique scientifique à long terme. Ceci impliquera la création d'un certain nombre de postes, obtenus par exemple en transformant en postes permanents certains emplois précaires fournis par l'ANR.

Les évaluations quinquennales des laboratoires de recherche publique seront rendues très rigoureuses, elles comprendront une étude approfondie des rapports d'activité et des objectifs à venir ainsi qu'une inspection sur place. Elles conditionneront le montant du renouvellement des aides, qui ne sera plus reconduit de manière automatique.

Il n'est pas raisonnable que nos chercheurs passent actuellement autant de temps à remplir des dossiers de demandes de financement et à faire de la bureaucratie. On leur donnera donc des moyens récurrents avec marge de manœuvre et possibilité de prendre des risques. On veillera à ce que les enseignants-chercheurs puissent consacrer effectivement la moitié de leur temps de travail à la recherche.

On réfléchira à l'instauration d'un système de primes et de promotions pour récompenser les chercheurs qui iront au contact du monde industriel pour valoriser les découvertes de la recherche publique non finalisée. Actuellement, la valorisation est l'une des rares activités à ne mériter aucune prime. L'organisation de la valorisation en France sera bien sûr simplifiée et rationalisée. On favorisera les coopérations internationales avec des nations très actives dans le domaine des transferts de technologies.

On cherchera aussi améliorer le processus d'aide à la création de "start-up", en simplifiant au maximum la bureaucratie imposée aux chercheurs. La dotation du concours national d'aide à la création d'entreprises technologiques innovantes (CNACETI) sera augmentée. Actuellement son budget est de l'ordre d'une trentaine de millions d'euros alors que celui de son homologue Israélien dépasse largement les deux cent millions d'euros.

Limiter la recherche sur projets à des objectifs ciblés: simplification et transparence.

Une partie significative des crédits de la recherche sur projets sera (re)versée à la recherche publique et à l'emploi statutaire. La recherche sur projets sera limitée aux actions ciblées du type suivant:

1) faciliter une collaboration sur un sujet précis entre des laboratoires français géographiquement éloignés et encourager la création de réseaux.

2) permettre à des jeunes chercheurs de donner une impulsion à leur début de carrière.

3) aide à la valorisation.

Les agences de financement, comme l'ANR (agence nationale de recherche), seront dotées d'un comité scientifique et travailleront dans la transparence. Le format des dossiers de candidature à un financement sera considérablement simplifié de manière à ce qu'ils soient complètement expertisables en moins d'une heure trente, sinon ils ne seront pas lus sérieusement.

Le système des appels d'offre du type Equipex, Labex, Idex...etc sera remis à plat avec une période transitoire pour ne pas pénaliser les lauréats des années 2011 et 2012. Rappelons que ce système conduit à dépenser plus de temps, d'énergie et d'argent pour au final faire beaucoup moins de recherche. Par exemple la préparation du projet d'Idex de Toulouse a été conçue par un cabinet conseil et a coûté 400 000 euros à l'université.
Les intérêts de l'argent du Grand Emprunt seront réaffectés à l'aide à la valorisation et à la recherche publique.

Chercheurs, améliorer et récompenser la productivité de qualité.

On attirera les meilleurs chercheurs étrangers (et français) en leur proposant d'excellentes conditions de travail et des salaires gratifiants. On pourra par exemple développer un système attractif de chaires. On augmentera les dotations des prix de l'académie des sciences ce qui aura pour effet direct de récompenser les chercheurs les plus méritants sans provoquer de vagues...

On renforcera le système de l'Institut Universitaire de France.

Voilà, les axes de notre projet capable de relancer l’excellence française en matière de recherche. Pour terminer, j’aimerais évoquer devant vous un grand chantier qui me tient à cœur. Il faut être conscient que la plupart des grandes difficultés du monde peuvent être réglées par des découvertes nouvelles.

Je pense bien sûr non seulement aux nouvelles technologies mais aussi aux découvertes en matière d’énergie nouvelle.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’exprimer, je lancerai une grande politique stratégique concernant nos ressources maritimes. Les 11 millions de km² de patrimoine maritime français sont et seront une source de richesse inouïe pour peu que l’on développe une vraie politique stratégique :

- C’est probablement dans la mer que nous trouverons un substitut au pétrole qui, au-delà de l’épuisement des réserves prévisibles, créée une dépendance problématique de notre pays aux différentes monarchies pétrolières.

- La mer sera aussi une ressource en matière alimentaire (déjà des algues sont au point pour nourrir les animaux et remplacer les farines animales) et bien sûr une ressource d’eau douce, la France ayant une maitrise inégalée de la désalinisation, enfin de nouvelles molécules trouvées dans les fonds marins font l’objet aujourd’hui de travaux encourageants pour la recherche médicale.

Nourriture, eau, médicament, énergie, il est plus que temps de s’intéresser à ce trésor que représente l’or bleu et qui fait de la France le pays le plus riche d’Europe en la matière.

Cet or bleu qui pourrait, de surcroît, redonner à nos territoires d’Outre-mer une vraie place économique dans la dynamique française.

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13 mars 2012

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