L’opération Wuambushu d’expulsion de migrants depuis Mayotte aura donc fait pschitt.
La faute, d’abord, à une justice française, qui aura pris un malin plaisir à faire capoter l’évacuation d’un bidonville.
La faute, surtout, à des autorités comoriennes renâclant à accueillir leurs enfants prodigues au bercail.
Ce n’était pas assez pour l’ambassadeur du pays en France de se hausser du col, en affirmant que les Comoriens concernés par les manœuvres étaient « chez eux » à Mayotte - pour rappel, les Comores ne reconnaissent pas la souveraineté française sur cette île. Le petit État insulaire s’est également payé le luxe de fermer son port de Mutsamudu, au motif de « travaux », dans une pirouette cousue de fil blanc.
Du reste, l’accueil éventuel de migrants expulsés impliquait la présentation par ces derniers des papiers d’identité idoines - que beaucoup n’ont naturellement pas en leur possession.
Bref, à avoir voulu bomber le torse, Gérald Darmanin aura finalement couvert la France de ridicule et ouvert un boulevard à un pays étranger trop content de faire publiquement étalage de son aigreur à notre encontre.
Pas de quoi pavoiser ! Mais au-delà du fiasco diplomatique, ce énième coup d’épée dans l’eau illustre le véritable parcours du combattant auquel s'apparentent les rapatriements de migrants vers des pays d’origine trop souvent récalcitrants.
Ce n’est pourtant pas comme si la France et l’Union européenne manquaient d’arguments. En l’occurrence, les Comores bénéficient non seulement de notre coopération au développement, mais aussi de généreuses préférences commerciales, au titre du régime européen le plus favorable : « tout sauf les armes ».
Ces largesses ne pourraient-elles pas être conditionnées à un juste retour des choses ? C’est d’autant plus vrai qu’un accord de 2019 avec la France lierait explicitement l’aide à une coopération migratoire...
Quant à Mayotte, on ne fera pas l’impasse sur une indispensable réforme des règles d’obtention de la nationalité française, ce que Marine Le Pen avance de longue date.