La vie chère et la crise de l’assurabilité sont révélatrices de la crise économique et sociale des outremer. Pourtant, aucun de ces maux n’est traité comme il le devrait.
Le projet de loi « Vie chère » du Gouvernement contourne le problème majeur de l'octroi de mer. Une taxe anachronique remontant à Colbert et conçue initialement pour assurer l'autofinancement des communes ultramarines au moyen d'une taxe sur les importations.
Ce dispositif d'un autre âge asphyxie le consommateur ultramarin, pourtant déjà contribuable. Il est urgent de reconfigurer cette « cagnotte des maires » en finançant pour l'essentiel les collectivités ultramarines par la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF), comme partout en France. Et si les maires ne veulent pas l’entendre, alors il faudra en changer.
Ce projet de loi « vie chère » est aussi partial. Il pointe la responsabilité des entreprises d'outremer en les désignant comme responsables des écarts de prix avec l'hexagone. Manœuvre particulièrement injuste car 90% d’entre elles sont des PME-TPE victimes comme les ménages de l'octroi de mer.
Si le Rassemblement national juge bienvenues quelques mesures, comme la possibilité pour les préfets de réguler les prix en cas de crise ou de catastrophe naturelle, ce texte s'apparente plus, hélas, à un embryon de réponse qu'à une véritable solution.
La crise de l’assurabilité constitue une autre menace majeure pour les outremer. Les assureurs y augmentent très fortement leurs primes, quand ils n’abandonnent pas purement et simplement ces territoires qui paient au prix fort les inconséquences de l’État : impréparation des infrastructures aux catastrophes naturelles, vie chère à l’origine des émeutes aux Antilles, laxisme dans la répression de la délinquance et désastre calédonien de 2024 qui aurait pu être évité si le Gouvernement avait écouté les mises en garde de Marine Le Pen.
Ce cumul a finalement rompu le dernier filet de sécurité économique des collectivités, des entreprises et des ménages ultramarins.
L’État ne peut pas forcer la main des assureurs mais doit s’attaquer aux causes du problème car en l’absence d’assurances, c’est la machine économique ultramarine, notamment l’accès aux prêts, qui va se gripper rapidement, condamnant toute possibilité de reprise.