Quand E. Dupond-Moretti complique les retours forcés des « mineurs isolés » marocains…

Jean-Paul Garraud

Communiqué

09 décembre 2020

Communiqué de presse de Jean-Paul GARRAUD, Député français au Parlement européen, Président de l’Association Professionnelle des Magistrats

Le Ministre de la justice, E.Dupond-Moretti, se félicite d’avoir signé hier un accord avec son homologue Marocain, Mohamed Ben Abdelkader, visant à faciliter le retour de mineurs étrangers entrés illégalement en France. Cette présentation, de pur affichage politique, cache une autre réalité.

Tout d’abord, ce n’est pas un « accord » mais une déclaration d’intention. La nuance a son importance…

Ensuite, curieusement, le texte signé par les deux États n’a pas été rendu public. On peut donc douter des effets que cette simple déclaration entraînera véritablement sur le phénomène migratoire des mineurs étrangers, dont le coût est estimé à 2 milliards d’euros par an pour la France, sans compter l’impact économique et social des très nombreux actes de délinquance commis par cette population.

Alors qu’environ 40.000 de ces individus se trouveraient sur notre sol, et dont une majorité d’entre eux serait… majeur, la déclaration fait état de la possibilité pour les juges français d’ordonner des retours concernant le Maroc sur la base de décisions de placement de ces mineurs, prononcées par des juges marocains !

Ainsi donc, la justice française devra se plier à une décision préalable de placement du mineur prise par la Justice marocaine pour décider d’un retour forcé.

Autrement dit, ces mineurs étrangers ne sont pas prêts de revoir rapidement leur terre natale, c’est une évidence. Quant aux faux « mineurs isolés », qui sont majoritaires, aucune perspective en vue.

Dans ce marché de dupes, soit le Ministre de la justice ne s’est pas rendu compte qu’il complexifiait une situation déjà ingérable, soit il en était conscient et seul comptait l’affichage médiatique. Dans les deux cas, c’est totalement irresponsable, une fois encore.

Jean-Paul Garraud

Communiqué

09 décembre 2020

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