Nominations au Conseil constitutionnel : un conseil constitutionnel très politique...

Jean-Paul Garraud

Communiqué

14 février 2019

Tribune de Jean-Paul Garraud, candidat sur la liste RN aux élections européennes

Les derniers projets de nomination au Conseil constitutionnel soulèvent, une fois de plus et plus que jamais, de graves questions institutionnelles. On constate, en effet, qu’elles persistent d’évidence à faire prévaloir des logiques purement politiques, au mépris de ce qu’est devenu l’essentiel du rôle et de l’activité concrète du Conseil –soit, une sorte de cour suprême surplombant les plus hautes juridictions françaises, judiciaires et administratives, faisant fonction, dans les faits, d’une espèce de quatrième degré de juridiction, à côté de l’appel et de la cassation…

Cette transformation institutionnelle majeure, ouverte par la création de la « question prioritaire de constitutionnalité » aurait dû, pour respecter les principes fondamentaux qui doivent, dans un Etat de droit, s’appliquer à d’authentiques juridictions, s’accompagner, d’une pratique saine des nominations.

Il est, à cet égard, inconcevable que l’on puisse ainsi y désigner quelqu’un qui a un casier judiciaire : ce qui serait impossible pour n’importe quel magistrat, ou même, simplement, juré populaire, l’est donc pour ceux qui, au-dessus de ces derniers, ont le pouvoir de juger les juges et leur dicter le droit !

Il est choquant, de même, que le Conseil, si l’on peut admettre qu’il ne soit pas uniquement composé de juristes confirmés, issus de la Magistrature du Barreau ou de l’Université (comme c’est pourtant le cas, à la satisfaction générale, dans d’autres pays pour des organismes analogues), puisse compter autant de personnalités venues de la carrière politique -et qui, parfois, n’ont même pratiquement jamais exercé d’autre fonction !

Il y va, en effet, du crédit moral et technique du juge constitutionnel : il est ravageur, à cet égard, qu’il puisse, de ce fait -et à plus forte raison, dans un contexte de mise en cause générale des institutions et de suspicion à l’égard du milieu politique- apparaître aux yeux de nombre de nos concitoyens, comme une ultime, durable et lucrative, prébende de fin de carrière pour élus en perte de vitesse dont on veut récompenser les services… L’autorité d’une juridiction repose sur l’image d’impartialité de ceux qui la composent, et les garanties de compétence technique qu’ils peuvent présenter : le moins que l’on puisse dire, aujourd’hui, c’est que les conditions en sont moins que jamais réunies. Il ne faut, dès lors, pas s’étonner qu’une décision aussi singulière que celle qui prétend faire profiter d’une immunité pénale la personne qui aide un étranger à se trouver en situation irrégulière sur le sol français, ait pu être rendue en se fondant sur… la seule devise de la République! Le dévoiement dans les nominations au Conseil est donc un mauvais coup pour le respect de l’Etat de droit en France. Jean-Paul Garraud Président de la nouvelle association des magistrats ( extraits du communiqué paru sur http://www.nouvelleapm.fr/)

Jean-Paul Garraud

Communiqué

14 février 2019

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