Menaces sur notre indépendance alimentaire : la Commission veut détruire 10 % de nos surfaces agricoles

Mathilde Androuët

Communiqué

25 mai 2020

Communiqué de presse de Mathilde Androuët, députée européen et conseillère régionale d'Ile-de-France

La Commission européenne a dévoilé la semaine dernière les grandes lignes de sa stratégie en faveur de la « biodiversité » et d'une alimentation de qualité « de la ferme à la fourchette » à « l’horizon 2030 ».  Une double volonté affichée à laquelle chacun ne pourrait que souscrire si elle n'était pas de nouveau entachée par des contradictions pétries d’idéologie et de déconnexion.

Pour preuve, au nombre des mesures environnementales préconisées dans une Europe déjà globalement dépendante des importations alimentaires, la Commission affiche son souhait de réduire d’au moins 10 % les terres cultivées dans l'Union européenne, lesquelles sont priées de disparaître au profit de « paysages plus variés ». Les fortes paroles prononcées ces derniers mois par des élites bruxelloises sur la nécessité d'une moins grande dépendance de nos pays aux importations venues du bout du monde semblent déjà oubliées au profit de la poursuite des accords de libre-échange.

Ce souhait d'une diminution des surfaces agricoles est aberrant à l'heure où l’explosion démographique mondiale donne potentiellement des débouchés supplémentaires à un grand pays d'agriculture comme la France. Depuis les années 1980, nos agriculteurs éleveurs produisent ainsi chaque année plus d'aliments que n'en consomment les Français et en exportent la majeure partie.

La préconisation de la Commission est aussi profondément contradictoire avec l'importance de maintenir notre capacité à l'autosuffisance alimentaire dans un monde ou de nouveaux conflits, de nouvelles crises sanitaires et pandémies pourraient fragiliser nos filières d'approvisionnement.

La commission pareillement méconnait les préoccupations environnementales qu'elle dit défendre en souhaitant une paupérisation des terres agricoles à l'heure où, selon l’INSEE, 20% des produits importés de l'étranger que nous consommons parcourent en moyenne 3 000 km entre leur lieu de production et nos assiettes.

Or, seuls les circuits courts permettent une bonne traçabilité, une garantie de qualité des aliments que nous mangeons, limitent les émissions de gaz à effet de serre liées au transport et bénéficient à nos économies locale, régionale et nationale.

La Commission et certains syndicats agricoles l'ont rappelé, serait mieux inspirée de défendre chez nous la production de protéines végétales, notamment en rétablissant des protections douanières face au déferlement du soja américain qui contribue à la déforestation et concurrence déloyalement nos producteurs.

Les questions agricoles et environnementales ne pourront être traitées sans rejeter les idéologies qui les ont affaiblies, à savoir la maladie de la dérégulation et le refus du protectionnisme. L’écologie hors sol n’est pas écologique. Et le libre-échange absolu, en plus de constituer une menace environnementale, menace autant nos productions que l'accès aux produits vitaux et l'indépendance alimentaire des Français et des Européens. Nous devons revenir à des mesures de bon sens et revoir nos accords de libre-échanges inégaux. Nous ne vivrons dans un environnement riche et sain que si nous protégeons ce qui nous environne, ici, un patrimoine, un savoir-faire agricole et un terroir européen très diversifié.

Mathilde Androuët

Communiqué

25 mai 2020

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