« L’urgence pour les Outre-mer » est bien mal partie. À Matignon siège, en effet, celui qui fut, de l’avis unanime des responsables ultramarins, le plus mauvais ministre des Outremers de ces vingt dernières années. Quant au ministère de la rue Oudinot, il a été rétrogradé au 13ème rang de la liste protocolaire du Gouvernement et confié à une figurante sans compétences particulières sur ce sujet sensible.
Sébastien Lecornu peut, certes, évoquer son expérience du dossier. Mais il serait plus approprié de parler de bilan : émeutes de mai 2024 en Calédonie, dont il porte la responsabilité pour s’être opposé au report du troisième referendum et avoir promu Sonia Backès au Gouvernement ; Loi programme pour Mayotte toujours promise et jamais présentée ; service minimum face aux émeutes de Guadeloupe en 2021 et à l’insécurité en Martinique ; accompagnement passif de la dérive migratoire et criminelle guyanaise ; incapacité avérée à combattre la vie chère. Le bilan de Sébastien Lecornu est, en effet, éloquent.
À défaut de chercher à améliorer le sort de nos compatriotes ultramarins, le « Premier ministre le plus faible de la Vème République », comme il se définit lui-même, aura trouvé assez de force pour réduire la défiscalisation au profit des entreprises ultramarines de 750 millions d’euros dans son projet de budget 2026.
La France du Grand large n’a rien à attendre d’un Premier ministre qui, lui aussi, voit l’Outre-mer comme « la seule région de France pour laquelle on demande combien ça coûte et si ça rapporte » pour reprendre le mot cruel de Daniel Maximin. Elle n’attend rien d’un chef de gouvernement à bail précaire qui répond à ses besoins par le mantra de « l’autonomie ». Ce tour de passe-passe qui permet d’esquiver les vraies questions et de préparer les indépendances non désirées.
La France des Outre-mer a besoin d’une Loi programme qui prenne à bras le corps les sujets de fond de l’insécurité et de la criminalité. Une Loi programme qui crée un électrochoc économique de confiance par la défiscalisation, le crédit d’impôts et la reconfiguration de l’octroi de mer. Elle a besoin d’un ministre d’État animé par une vision généreuse et prospective et conscient de l’apport exceptionnel des Outre-mer au patrimoine national. Elle a besoin, finalement, d’une majorité de rupture incarnée par Marine Le Pen et Jordan Bardella.