Le calvaire sans fin des Afghanes sous le joug taliban.

Dominique Bilde

Communiqué

21 août 2023

Communiqué de Dominique Bilde 

 

Il y a des anniversaires que l’on aurait préféré oublier. Celui du retour des talibans au pouvoir, par exemple.

C’est en août 2021 que ces derniers sont redevenus maîtres du pays. Un épilogue largement prévisible à deux décennies de présence militaire occidentale, en particulier américaine.

Le chapelet de brimades à l’encontre des femmes a pu, toutefois, prendre de court certains observateurs par sa fulgurance et sa brutalité - en particulier pour quelques gogos crédules qui se raccrochaient à l’espoir d’un gouvernement « modéré ». Citons, en vrac, l’exclusion de l’enseignement supérieur, le bannissement des parcs de la capitale ou encore des restrictions portant sur l’octroi du permis de conduire.

Et si les Occidentaux se fendent occasionnellement de protestations solennelles, ils peinent toujours à joindre le geste à la parole.

La coopération au développement de l’Union européenne aurait, certes, été suspendue, mais l’aide humanitaire abonde toujours - en 2021, la Commission avait même proposé de « presque » la quadrupler. Et peu importe que les talibans aient prohibé le travail des femmes au sein des ONG - ce qui entrave l’accès des Afghanes et de leurs enfants aux programmes disponibles.

Un flou artistique plane d’ailleurs sur le devenir de ce soutien. J’avais souligné l’aveu sidérant de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan aux États-Unis, en avril dernier. Il n’excluait alors pas que l’aide humanitaire américaine puisse finir entre les mains des talibans, notamment via l’imposition de droits pour opérer dans le pays.[1]

Sur le premier point, on peut se demander si la poursuite d’une telle aide humanitaire sans conditions fermes tenant au statut des femmes ne revient pas à cautionner de tels abus.

Or, à l’heure où les propositions, même les moins pertinentes, fleurissent - comme celle d’une action auprès de la Cour pénale internationale, lancée par l’ancien Premier ministre britannique Gordon Brown - ce dilemme semble largement occulté.

Dommage pour le contribuable européen. Dommage, surtout, pour les intéressées, dont l’inexorable descente aux enfers ne semble plus guère susciter que des condamnations de pure forme, dénuées de conséquences tangibles.

[1] “Inspector General Says U.S. Aid May Be Flowing to the Taliban”, New York Times, 19 avril 2023

Dominique Bilde

Communiqué

21 août 2023

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