Communiqué de Dominique Bilde, député français au Parlement européen
C’est une initiative incongrue que la Haute représentante de l’Union européenne Federica Mogherini a lancée vendredi dernier devant un parterre de quelque 150 représentants de la société civile, de gouvernements et d’institutions religieuses. Nommée « Échange global sur la religion dans la société », la proposition, qui a eu tôt fait d’être surnommée « Erasmus des religions », affiche un objectif d’une mièvrerie confondante : « favoriser les exemples de coexistence entre les peuples de différentes religions dans des sociétés plurielles », selon les termes de l’organe de presse New Europe. Financé par le biais de l’instrument de partenariat, le programme sera ouvert aux quatre vents, comme il est désormais de bon aloi s’agissant de la plupart des actions européennes.
L’analogie avec Erasmus + n’est d’ailleurs pas fortuite, puisque cette dernière idée farfelue rappelle la dérive de ce programme depuis la déclaration interministérielle de Paris de 2015. S’éloignant de sa vocation initiale, consistant en l’excellence académique en Europe, le programme avait mis depuis lors l’accent sur « l’inclusion », euphémisme cachant une myriade de projets fumeux au bénéfice de réfugiés, migrants ou de jeunes « issus de l’immigration », selon l’expression consacrée. Le volet « Sport » devenait par exemple le véhicule privilégié de la lutte contre la radicalisation, dont l’efficacité est déjà fortement sujette à caution à l’échelle nationale.
Cette dérive n’a d’ailleurs pas été sans répercussions budgétaires : en dépit du doublement de son enveloppe pour le prochain cadre financier pluriannuel 2021-2027, l’élargissement d’Erasmus + à des États hors Union européenne, couplé à la dispersion de ses objectifs, a sans doute contribué à la raréfaction des fonds destinés à ceux qui auraient dû en être les bénéficiaires naturels : les étudiants ressortissants d’États membres ou, tout du moins, européens. De la même manière, « l’Erasmus des religions » intervient à l’heure où les finances européennes, déstabilisées par le Brexit, entrent dans une zone de turbulence. Était-ce le moment de s’offrir une énième toquade idéologique aux frais du contribuable ? Pour Bruxelles, la réponse est manifestement affirmative.